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Edito : Le piège informationnel se referme sur la théorie du genre

Publié le 31 janvier 2014 par Infoguerre

theorie-du-genre​L’affaire de la théorie du genre médiatisé par le retrait par des parents protestataires de leurs enfants de l’école, à la suite d’une campagne initiée par Farida Belgouhl, est un cas d’école en matière de guerre de l’information. De la fin 2012 à juin 2013, les animateurs de la Manif pour tous ont organisé plusieurs manifestations qui ont réuni à chaque fois des centaines de milliers de personnes sans réussir à faire reculer le gouvernement sur le mariage gay et encore moins à freiner le gouvernement sur sa volonté d’introduire un programme de sensibilisation sur la sexualité dans l’enseignement scolaire.

Les effets d’une frappe informationnelle
Il a fallu une seule opération réussie de retrait d’enfants des écoles pour déstabiliser le pouvoir en place. L’opération retrait des écoles a mis en lumière le refus d’assumer les idées sur le genre (gender) par les membres du gouvernement qui ont pris la parole sur le sujet. Les idées sur la théorie du genre sont véhiculées depuis des années par des membres du gouvernement ainsi qu’un certain nombre de cercles de réflexion au sein du Parti Socialiste. Pour preuve, citons l’interview que Najat Vallaud-Belkacem a donné le 31 août 2011 au quotidien 20 minutes dans lequel elle légitimait clairement la théorie du genre. A la question « En quoi la «théorie du genre» peut-elle aider à changer la société ? », Najat Vallaud-Belkacem a répondu : « La théorie du genre, qui explique l'identité sexuelle des individus autant par le contexte socioculturel que par la biologie, a pour vertu d'aborder la question des inadmissibles inégalités persistantes entre les hommes et les femmes ou encore de l'homosexualité, et de faire œuvre de pédagogie sur ces sujets ».

Dans le même ordre d’idées, lorsque Vincent Peillon déclare que la théorie du genre n’existe pas, il commet l’erreur de se laisser entraîner sur un terrain très glissant. Comment expliquer dans ce cas l’existence au sein du CNRS d’un Institut du Genre qui ne se contente pas de faire des recherches sur le genre mais qui fait au contraire la promotion de cette forme de pensée. Dans sa lettre d’information trimestrielle, l’Institut du Genre précise son parti pris dans les termes suivants : « Enfin, bonne nouvelle pour les enseignant-e-s chercheur-e-s de notre  champ: le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche va bien inclure les études de genre dans la nouvelle nomenclature  répertoriant les formations et les diplômes reconnus nationalement. Il reste à s’assurer que le ministère consacre bien la transversalité  scientifique de ces études en ne les restreignant pas aux seules  sciences humaines et sociales ». Cette déclaration relève plus du langage militant que du style académique qui prévaut au sein de la communauté des chercheurs. En niant l’évidence, ces deux membres du gouvernement risquent d’être accusés de double langage sur un sujet qui risque de devenir très polémique.

Une légitimation rampante des opposants à la théorie du genre
Comment ne pas donner un minimum de crédit à ceux qui abordent une attitude très critique à l’égard de la politique de généralisation de l’éducation sexuelle à l’école pour tous les élèves à partir de 6 ans ? L’Education Nationale n’a pas pour vocation à devenir un terrain militant où s’affrontent les idées politiques et religieuses. A ce titre, la circulaire adressée par Vincent Peillon le 4 janvier 2014 à l’ensemble des recteurs du territoire met en avant une association intitulée  « Ligne Azur » qui affirme sur ses supports pédagogiques : « que l’identité de genre c’est le sentiment d’être un homme ou une femme. Pour certains, le sexe biologique coïncide avec ce ressenti ».Ce type de dérive rhétorique est particulièrement grave. Il est anormal qu’un Ministre de la République en cautionne le principe. Là se referme le piège

Les questions de la sexualité dans l’univers éducatif ont déjà donné lieu dans le passé à des dérapages particulièrement graves comme ce fut le cas par exemple chez les verts allemands lors des années 1970/80. Si les médias français n’ont quasiment pas relaté l’évènement à l’exception du site slate.fr qui en parle le 16 septembre 2013, en revanche, la télévision russe est rentrée dans la faille de manière très incisive. Le parti écologiste est sur la sellette depuis plusieurs années en Allemagne pour avoir soutenu des actions visant à promouvoir l’égalité des conditions sexuelles, y compris les plus extrêmes.

La France n’a pas encore atteint ce stade de démagogie mais l’acharnement et l’arrogance de certains membres de la majorité présidentielle à vouloir passer en force sur un sujet aussi controversé risque d’être à terme une erreur politique majeure.

Christian Harbulot


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