Valérie Fourneyron, source Wikipedia
A l’occasion des 5 ans d’I love éduc pop, Valérie Fourneyron, ministre des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et de la Vie associative, a accepté de publier une tribune sur l’éducation populaire sur notre site. La voici :
Lors de la création du ministère des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et de la Vie associative, nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur la présence des termes « éducation populaire ». Certains y ont vu une rupture, une nouveauté ; il ne s’agit en fait que de la restauration d’une continuité historique. L’« Educ’ Pop’ » irrigue par ses innovations passées et son action présente nos vies quotidiennes. A côté de l’école et de la famille, l’éducation populaire est un lieu pour s’émanciper, se construire, bâtir un parcours. L’éducation populaire a toujours été à nos côtés : dans les centres de loisirs, dans les colonies de vacances, dans les Maisons des Jeunes et de la Culture, dans les écoles ou encore les universités populaires. Parfois même, nous faisons de l’éducation populaire sans le savoir. Elle est en particulier un facteur de transformation sociale et de renouvellement de la démocratie. Dans une période marquée par les doutes, les critiques, les peurs, nous devons retrouver des repères solides et ancrer efficacement le débat démocratique dans la réalité. Les initiatives de l’éducation populaire qui donnent de la valeur à la parole, qui sont fondées sur la connaissance de l’autre sont vitales pour notre démocratie.
Les mouvements d’éducation populaire donnent goût à la chose politique. Et c’est d’autant plus important que leurs actions sont pour beaucoup dirigées vers les jeunes, qui s’approprient ainsi le domaine politique, qui leur est encore trop souvent fermé.
Notre pays mérite donc aujourd’hui une politique ambitieuse d’éducation populaire. Pour ma part, ma conviction est établie depuis longtemps : je suis persuadée que c’est dans l’éducation populaire que nous trouverons quelques-unes des réponses que les institutions et les acteurs publics ne peuvent apporter.
Notre société est en effet en train de vivre des mutations majeures, auxquelles les politiques publiques doivent s’adapter. Le développement de la société de l’information et de la communication bouleverse le régime de partage des savoirs, les formes de l’engagement se renouvellent de manière forte, de nouvelles formes de lien social apparaissent. En parallèle, nous sommes engagés dans un processus de refondation des rythmes éducatifs, qui se traduit par une mobilisation sans précédent du tissu associatif. Car en matière d’éducation, le « tout à l’école » n’est plus d’actualité.
Or, l’éducation populaire est un formidable outil d’innovation. En constant renouvellement, elle est le creuset de démarches et de projets qui font émerger de nouvelles problématiques sociales.
J’ai à cœur que les mouvements et associations d’éducation populaire retrouvent leur esprit pionnier et les moyens d’agir à long terme. Pour ce faire, nous lançons cette année un appel à projets consacré au financement d’actions innovantes : 3 millions d’euros seront ainsi déployés dans 3 domaines : le numérique, les lieux innovants, les médias jeunes. Ces projets inciteront les jeunes à s’investir, à s’engager. Nous voulons laisser libre cours à la créativité de l’éducation populaire, pour qu’elle se dote elle-même de nouveaux espaces d’expression et d’animation pour la jeunesse.
A l’heure où nous mettons en place une politique ambitieuse pour notre jeunesse et où nous réformons les rythmes éducatifs, il était aussi indispensable de préparer une refonte intelligente d’un autre lieu où s’exprime la richesse de l’éducation populaire : les colonies de vacances. Hors de question bien sûr de les transformer et de leur faire perdre leur âme ! Nous ne toucherons pas à cette mission historique que les parents plébiscitent encore aujourd’hui. Ces séjours de vacances en collectivité participent de la construction de l’individu. Les colonies apprennent à vivre ensemble, à se comporter en citoyen, et à respecter les différences sociales et culturelles. Parce qu’elles répondent à un besoin éducatif spécifique des enfants, les « colos nouvelle génération » vont retrouver un projet pédagogique fort et un fonctionnement efficace fondé sur la proximité, l’accessibilité des activités et le respect de l’environnement. Les colos, c’est cet « autre » temps éducatif où interviennent, pour le plus grand bénéfice de nos enfants, les acteurs de l’éducation populaire.
Aujourd’hui, le secteur jeunesse et éducation populaire représente 430 000 associations, 6 millions de bénévoles et emploie 680 000 personnes ! Qui peut dire, dès lors, que « l’Educ’ Pop’ » n’est pas au cœur de nos vies ? Parce qu’ils seront les artisans d’un nouvel équilibre social, nous voulons construire les politiques publiques avec les mouvements d’éducation populaire. Cette volonté est inscrite au fronton du ministère, dans son intitulé même !