Magazine Humeur

L’univers totalitaire en littérature et au cinéma (7/7)

Publié le 01 février 2014 par Copeau @Contrepoints

Par Johan Rivalland.

La liberté est le sujet fondamental au centre des préoccupations de Contrepoints, à travers articles, analyses, réflexions, discussions. Au-delà de l’actualité, de l’Histoire, des perspectives d’avenir, qu’en est-il de ce sujet dans la littérature, en particulier lorsqu’on pense à son opposé le plus extrême : le totalitarisme, ou même plus simplement à toutes formes de dictatures ?

Septième volet, aujourd’hui, qui s’intéresse aux risques liés à la science, lorsque celle-ci se trouve détournée de ses objectifs ou entraîne des effets inattendus.

SOS Bonheur, de Griffo et Van Hamme

SOS Bonheur
SOS Bonheur est une Bande Dessinée originale constitue un reflet inquiétant et tout à fait réaliste de notre société et de ce qu’elle pourrait devenir si on n’y prend garde.

A travers un récit captivant, le lecteur est intrigué par cette vision effrayante, qui fait appel à la réflexion sur le caractère insidieux de beaucoup de mécanismes législatifs, empruntant parfois à la technologie ou à la science, destinés à réguler notre vie en société (planning familial et limitation des naissances, vacances imposées, interdiction de mal se nourrir, fichage électronique et numéro unique, etc.), qui ressemblent étonnamment à bien des éléments qui composent réellement notre vie d’aujourd’hui, sans que cela nous affecte forcément plus que cela.

Or, c’est bien ce qui interpelle, ici. Du scénario (d’anticipation, car il date de plus de 25 ans) de fiction ordinaire, dans un monde très proche de celui qui est le nôtre, résulte une société qui devient rapidement, et insidieusement, totalitaire dans son essence. Avec, là encore, son lot de rebelles (les « déregs »), qui vivent en marge de la Société (voir les « Sans faction » dans « Divergente » ; ici les « illegs »).

Et l’auteur ne s’y est absolument pas trompé. L’État-Providence serait la source de notre bonheur. Laissez-vous prendre en charge ; l’État s’occupe de tout ; vous pouvez dormir tranquille. Tel est le grand principe de base de cette Société qui engourdit les esprits (de même que dans Fahrenheit 451, cette fois) et où le bonheur devient obligatoire.

Mais gare aux réveils difficiles ! Et surtout, ne vous avisez pas de vous poser trop de questions et de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas ! Cela pourrait vous attirer des ennuis…

Les fils de l’homme de P.D. James

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Et si l’espèce humaine en venait à être frappée de stérilité ? Et s’il s’en suivait une transformation radicale de notre société, profondément perturbée par cet état de fait inédit et incompatible avec notre nature ?

Tel est le point de départ de ce roman, qui peut s’annoncer à la fois intéressant d’un point de vue philosophique, ou angoissant sur un plan scientifique, cette éventualité n’étant apparemment pas considérée comme si improbable.

La société décrite se trouve profondément bouleversée par ce nouvel état de fait. Un gouvernement mondial a pris place, dont les décisions sont parfois loin d’être reluisantes, surtout en ce qui concerne les libertés fondamentales.

Un suspense haletant, ponctué de périodes de « poses » relatives, emmène le livre (dont a été tiré un film), où l’intrigue n’en est pas moins présente et les surprises ou rebondissements susceptibles de se présenter à tout moment.

La réflexion de fond est intéressante et certaines perspectives angoissantes…

The Truman Show de Peter Weir

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Plus abouti que le remarquable « Le prix du danger » d’Yves Boisset, qui était en quelque sorte le précurseur, mais moins réaliste que le roman d’Amélie Nothomb « Acide sulfurique« , un même thème (la téléréalité) et une même volonté de dénoncer les excès et les dangers de la télévision, le tout servi dans une remarquable atmosphère cinématographique aux contours soignés.

Et, en filigrane d’abord, puis de manière évidente, le thème de la liberté, plus forte que l’asservissement que toute invention diabolique peut induire. Un remarquable chef d’oeuvre, plein d’enseignements. Du grand cinéma, avec beaucoup d’émotion, de surprise et d’angoisse (et si on vivait la même chose que le personnage ?…), sur les dangers de l’immixtion publique dans la vie privée et la tyrannie de l’impudeur.

Soleil vert de Richard Fleischer

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Je n’ai jamais revu ce film, sorti en 1973 et que j’ai dû voir une dizaine d’années après, mais en garde quelques vagues souvenirs. Suffisamment pour garder présent à l’esprit qu’il s’agit d’un grand classique du cinéma, où il est question de surpopulation, de pollution terrestre et de difficultés à nourrir tout le monde.

Je me souviens surtout de la fin, où l’on découvre avec effroi le grand secret au centre de l’intrigue. Je ne peux, bien sûr, en dire plus, mais il y est question d’une manipulation qui donne froid dans le dos et n’est pas sans rapport avec notre sujet, même si cela semble davantage relever du fantasme et des peurs écologistes qu’autre chose (mais il faudrait que je revoie le film pour en juger).

Conclusion

Fin de cette série, loin d’être exhaustive. Une simple mise en appétit pour ceux qui chercheraient quelques idées de lecture, de connaissance ou de distraction, selon les cas, tout en stimulant la réflexion.

— Griffo, Van Hamme, SOS Bonheur (Edition intégrale), Dupuis, collection Aire Libre, mai 2002, 176 pages.

— P.D James, Les fils de lhomme, Le livre de poche, septembre 1995, 311 pages.

— Peter Weir, The Truman show, Paramount Pictures, avril 2000, 99 minutes.

— Richard Fleischer, Soleil vert, Warner Bros, novembre 2003, 93 minutes.


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