En ce dimanche ensoleillé, ils étaient nombreux à battre le pavé, se balader, discuter, faire entendre leur voix. En riant. Sans heurt, sans incident, sans violence. 80.000, 100.000, 200.000 ou 500.000, peu importe. La Manifpourtous fut encore une fois un succès. Un an après, elle est toujours vivante, mobilisatrice comme aucun autre collectif dans l'histoire politique. Le ministère nous annonçait 20.000 personnes, la préfecture en avoue elle-même 4 fois plus en fourchette basse et les socialistes se mettent à considérer qu'il y a quand-même eu pas mal de français qui avaient le droit de s'exprimer. Cela me rappelle cette phrase magistrale d'Arnaud Lagardère à propos de l'affaire EADS: "J'ai le choix entre passer pour quelqu'un de malhonnête ou d'incompétent, qui ne sait pas ce qui s'est passé dans ses usines. J'assume cette deuxième version".
Des ministres de la République, Manuel Valls ou Michèle Delaunay avaient traité cette manifestation de violente, d'extrêmiste, de dangereuse et de honteuse avant même qu'elle ait lieu. Des députés PS, des porte-paroles, un vice-président d'Assemblée (Denis Baupin) ont accusé par anticipation les participants de "fachos" et autres joyeusetés. Mais on est où? Nous rendons-nous bien compte que des personnes élues comme représentantes de la population française insultent publiquement des centaines de milliers de français qui ont marché dans la rue pour la majorité silencieuse qui sondage après sondage se révèle au grand jour?
Il n'y a eu aucun trouble, aucun écart, juste une foule immense et bien élevée agitant des drapeaux colorés. Comme à chaque promenade depuis 18 mois avec cette France bien élevée qui se fait traiter de tous les noms par ceux qui oublient qu'ils étaient en première ligne pendant les manifestations ultra-violentes anti-CPE.
Dans un tweet, Ségolène Royal le dit pourtant très justement: "le débat sur les genres pose une question profonde, celle de la place des familles par rapport à l'école." Oui, il y a un débat sur les genres. Un débat sur la théorie queer du genre, l'idéologie de genre, le genre, quel que soit le nom qu'on lui colle. Le truc dont parle Vincent Peillon dans son livre mais qui n'existe pas; le truc dont parlait Najat Vallaud-Belkacem publiquement autrefois mais qui n'existe pas; le truc qu'a défendu le parti socialiste sur son propre site Internet mais qui n'existe pas.
Il y a un débat sur la place de l'Etat dans l'éducation. Je crois que la vision révolutionnaire, marxiste et peilloniste de l'éducation des foules est dangereuse et lui préfère le principe de subsidiarité: l'entité supérieure (l'État) ne doit pas retirer à l'entité inférieure (la famille) les fonctions et attributions (l'éducation, le respect mutuel, etc.) qu'elle est en mesure de remplir elle-même. Ce n'est pas à l'Etat d'éduquer nos enfants. Encore moins de leur imposer un ordre social improbable qui a déjà été expérimenté et fut un échec patent. La subsidiarité est une juste autonomie, une liberté responsable. La clef qui permet à chacun d'être acteur de la vie sociale en vue du bien commun.
Ligne Azur, ABCD de l'égalité, diffusion de films, le genre est déjà omniprésent. Les pressions au Parlement européen ne sont pas un mirage. PMA, GPA, les techniques sont dans les starting-blocks et les amendements ont été très officiellement proposés. Indifférenciation sexuelle, marchandisation du corps, confusion entre individu et personne humaine, le rouleau-compresseur est en marche. Il est destructeur. Disant cela je ne nie pas que d'autres peuvent avoir une vision philosophique, sociale et morale différente de la mienne; je pense simplement qu'ils ont tort. Mais surtout, nous conservons tous le droit de nous exprimer sans se faire caricaturer, encore plus lorsque la caricature est issue de ceux qui sont censés représenter l'ensemble du peuple qu'ils servent. Un dirigeant politique n'est pas un petit chef normal, c'est un leader serviteur.
A l'ère d'internet, la manifpourtous a réussi quelque chose d'invisiblement génial: elle a conduit les uns et les autres à la transparence volontaire ou involontaire. Nous savons aujourd'hui qui pense quoi et pouvons voter en conscience. Cela aura forcément des répercussions. A court, moyen ou long terme, cela a finalement peu d'importance. Il ne faut viser qu'une seule chose: le bien commun.
Ne pas se battre pour soi mais pour le bien commun. Ne pas être en colère, sentiment négatif et péché capital. Ne pas se fermer sur la souffrance de l'autre. Ne pas se prendre pour superman mais voir nos faiblesses pour accueillir celles que l'on refuse.
Patiemment remettre la personne humaine au coeur de notre monde. Sans rien lâcher et avec l'assurante espérance que c'est déjà gagné.
" Je suis convaincu qu'à partir d'une ouverture à la transcendance pourrait naître une nouvelle entalité politique et économique" (pape François, Homme de l'Année 2013)