Magazine Société

Certaines choses ne doivent pas être oubliées, d’autres… si.

Publié le 04 février 2014 par Arsobispo

J’ai épousé une femme dont le nom de famille va disparaitre. Son père a eu pourtant 3 enfants dont un garçon qui n’a lui-même engendré… que des filles. Son oncle eut 3 enfants également dont 2 garçons. Le premier est décédé à 18 ans dans un accident. Le second a aujourd’hui plusieurs filles. La disparition d’un nom est toujours un peu triste. Même si une descendance continue, petit à petit, s’évanouit cette ascendance. La généalogie explore moins facilement les branches féminines, suivant en cela l’inégalité sociale qu’a engendrée notre société machiste.

Au Japon, cette voie de l’oubli peut être évitée.

Je l’ai appris en lisant le premier volume du manga « Zéro pour l’éternité » de Souichi Sumoto d’après le roman de Naoki Hyakuta, inédit en France. La BD retrace la vie d’un pilote japonais pendant la seconde guerre mondiale. Tout commence lorsqu’un jeune homme désœuvré est sollicité par sa sœur dans une quête à la recherche du passé d’un grand-père qu’ils n’ont pas connu. Et pour cause, il fut un de ces nombreux kamikazes qui jetaient leur avion sur les troupes américaines.

kamikazes

L’une des premières personnes qu’ils rencontrent est un pilote qui dut quitter l’armée après avoir perdu l’un de ses bras dans un combat aérien. Invalide, il se sent déshonoré. Lorsqu’il retourne à la vie civile, son handicap et la pauvreté de sa famille le destinent à une vie misérable. Mais en 1947, le gouvernement japonais promulgue une loi autorisant le choix du nom de famille que les deux époux veulent porter. En contrepartie d’une « protection » de la belle famille, le pilote put ainsi décider de changer de nom ; de se faire adopter. Cette loi est toujours en vigueur. Dans les faits, le nom de l’époux est majoritairement  choisi aujourd’hui. Mais lorsque l’épouse est d’une famille ne comportant que des filles, alors le mari peut être « accueilli » par sa belle-famille en quittant son nom de naissance. Pour plus d'informations sur l'approche asiatique - ou plutôt confusionniste - voir cet article.

zero-pour-eternite-1-delcourt

Pour en revenir au manga « Zéro pour l’éternité », je vais poursuivre la lecture des volumes suivants. Il en comporte 5. Et ce, pour plusieurs raisons. En premier lieu pour l’appareil critique du à Emmanuel Salinesi, éditeurs chez Delcourt, qui l’accompagne. Outre celle qui donnait lieu à ce billet, le volume 1 retraçait l’historique du célèbre chasseur qui donne son titre au manga. En second lieu, j’espère comprendre mieux les raisons qui font que les japonais sont particulièrement irrités par la signification qui est donnée aujourd’hui au terme de kamikaze. En dénommant ainsi les bombes humaines, fous de Dieu ou extrémistes de tous poils qui ensanglantent l’humanité au nom de d’Allah, l’occident adresse aux japonais une image qui doit heurter des convictions profondes. Comment s’assumer lorsque ceux que l’on considérait comme des héros de guerre – en d’autres lieux, en d’autres temps, on parle de martyrs –deviennent des bourreaux suicidaires. Plus largement, notre époque, peut-elle, y compris en Occident, recouvrer ce patriotisme exacerbé et replonger dans l’horreur ? Les recueillements au sanctuaire Yasukuni, de Shinzo Abe, premier ministre japonais, suscitent un émoi légitime des chinois et des sud-coréens. Assimilé à des provocations, elles peuvent être également considérées comme une forme de révisionnisme chère à d’autres extrémistes plus proches de chez nous. Au Japon, toutefois, tout n’est pas aussi noir. Des gens sensés refusent de céder aux pressions culturelles d’un autre temps. Voir ici

Yazuhuni

Zero pour l'éternité
de SUMOTO Souichi d'après HYAKUTA Naoki
Éditions Delcourt/ Akata

Pour terminer sur une note plus humoristique, tout en restant dans le domaine du kamikaze, lisez donc les strips de K3vin et Anton ici

C’est décalé et cynique à souhait !

17-05-10-k3vin-anton-kami003


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Arsobispo 13 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine