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La bétaillère du soir

Publié le 05 février 2014 par Triton95

On dit qu’en France, demain, un homme pourra épouser son cheval, et que ce sera une grande victoire du progressisme. En attendant, on constate qu’il devient de plus en plus difficile de rentrer chez soi le soir. Chaque soir, un incident différent bloque la circulation à Saint-Lazare, accident de voyageur, grève de toute la soirée pour protester contre une agression, chaque soir c’est une nouvelle histoire, dont on peut admirer la créativité. On monte dans un train, on nous annonce qu’il ne partira pas, on va s’entasser dans un autre. Un voyageur de cette bétaillère fait un malaise, et tout s’arrête, tout le monde descend pour fumer, on tousse dans la fumée, on voit rarement autant de fumeurs que lors de ces incidents, on se croirait revenu trente ans en arrière. Les pompiers évacuent le voyageur, et l’on repart.

Il est incroyable que l’on puisse ainsi mépriser le peuple laborieux des faubourgs, celui qui se lève tôt, qui rentre tard, et qui vit au jour le jour le fameux slogan "métro, boulot, dodo". Il est incroyable qu’il n’y ait aucun mouvement social pour revendiquer, quand tant de sujets marginaux et extraordinaires occupent tout l’espace disponible.

Je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas davantage de mouvements de protestation, car les gens souffrent terriblement en ce moment, à moins qu’on ne les ai convaincus que la cause n’était pas noble, méprisable, tout juste digne de banlieusards et de provinciaux. Il faut au contraire se battre pour des choses concrètes, c’est bien plus subversif que pour des organisations familiales improbables. Pourquoi acceptons-nous de verser des centaines de milliards aux banques en tant que contribuables, et personne ne peut trouver l’argent bien plus modeste nécessaire à l’entretien de nos lignes de train ?



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