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Hollande : pourquoi sa vie privée pourrit son image

Publié le 06 février 2014 par Delits

sûr officiellement, tout cela ne nous regarde pas.

Le Français l’affirment d’ailleurs de façon unanime, la vie intime de leur Président doit être respectée : dans un sondage IFOP pour le JDD, 77% des sondés estiment que la liaison entre François Hollande et Julie Gayet relève de la vie privée. Une ligne de conduite conforme à celle adoptée vis-à-vis de Nicolas Sarkozy lors de sa séparation avec Cécilia.

 Pourtant, au delà de la posture, une analyse détaillée bat en brèche cette séparation apparente entre le rôle public et le rôle privé. Oui, pour nombre de Français, la vie privée constitue un motif d’appréciation important de l’homme public.

C’est ce que révèle l’enquête IFOP à l’issue du scoop de Closer : Le Président perd 14 points sur la sincérité perçue et 7 points sur la sympathie perçue.

C’est ce que révèle également le baromètre Harris Interactive / Délits d’Opinion et l’analyse des questions ouvertes.

Interrogés sur les raisons de la défiance envers le Président, 14% des sondés objectivent leur défiance en convoquant la vie privée du Président et font explicitement référence à cette dernière. Les reproches peuvent être regroupés selon quatre grandes familles.

1. Un comportement qui nuit à l’image de la France dans le monde.

D’abord, parmi ces sondés citant l’affaire Hollande-Gayet dans le baromètre Harris Interactive / Délits d’Opinion comme justification de leur défiance, cette affaire n’est plus privée dès lors que l’image officielle de la France est mise en cause à l’étranger. Ainsi, explique un Français, « Hollande est embourbé dans sa vie sentimentale…quelle image de la France ». Pour un autre sondé, « il a une vie privée incompatible avec celle d’un chef de l’Etat, on rit de nous à l’étranger ». La forte couverture médiatique de l’affaire, le traitement ironique des médias internationaux ont marqué les esprits Français. Ils contribuent à faire tomber cette affaire privée dans le domaine publique, alors même que la fonction représentative du chef de l’Etat semble mise en cause.

2. Une critique morale

Parmi les Français se saisissant spontanément de l’affaire privée Hollande -Gayet pour justifier leur défiance envers le Président, on retrouve également des jugements moraux face à un Président « adultère ». Le fait de « tromper sa femme » et d’avoir une maitresse est condamné en soi par certains Français. Comme le dit ce sondé interrogé, « un président a le devoir de montrer le bon exemple, surtout à nos enfants ». Or, celui qui est censé les représenter adopte un comportement contraire à leurs valeurs.

Cette critique morale se nourrit également de la gestion de la crise après les révélations : « Il ne sait pas trancher dans sa vie privée. » dit ainsi un sondé. « C’est un goujat » explique un autre. Des remontées qui corroborent un récent sondage BVA, selon lequel 64% des français estiment que le Président « n’a pas su trouver le bon ton pour annoncer aux Français sa décision. »

3. Un parallèle entre vie privée et gestion publique du pouvoir

La vie privée du Président est aussi l’occasion pour certains mécontents de faire un parallèle avec une gouvernance qu’ils réprouvent. Justification d’une défiance antérieure à l’affaire Gayet ou réelle déception, cette affaire personnelle est évoquée pour dénoncer un Président qui ne « serait pas à la hauteur ». « Il se conduit à la tête du pays comme dans sa vie privée » explique ainsi un sondé. « S’il gouverne la France comme sa vie privée, je n’ai pas confiance, même si sa vie privée ne me regarde pas » explique un autre.

Le parallèle entre la vie privée et la conduite des affaires constitue un argument récurrent, les aléas de sa vie privée traduisant aux yeux de certains sondés l’inconstance plus globale de l’homme public qui « gère les Français comme ses maitresses ». Comme le résume un sondé, « les derniers évènements de la vie privée prouvent une fois de plus qu’il n’est pas digne de confiance. »

4. Une vie privée qui détourne le Président de ses vrais objectifs.

 Enfin, cette critique est également omniprésente : l’affaire Gayet démontre selon certains sondés que le président n’est pas totalement centré sur le affaires de l’Etat. «Il ferait mieux de gérer les problème de la France plutôt que de batifoler à droite et a gauche ». Comme l’indique un autre sondé, le Président « est trop préoccupé par ses affaires personnelles ». Face à la crise, face aux difficultés que rencontrent les citoyens, la distraction et « le manque de sérieux de sa vie amoureuse » nourrissent une forme de colère chez certains.

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 La classe politique est prise à son propre piège. Le culte de la transparence, le dévoilement de la privée comme ultime tentative de se rapprocher du peuple, ont définitivement aboli les frontières entre public et privé. C’est tout le paradoxe d’une société qui érige la séparation entre vie privée et sphère publique comme règle fondamentale, et qui fonde pourtant les qualités personnelles des politiques comme déterminant central de ses choix.

Face au recul des clivages idéologiques, alors même que les résultats et les programmes sont démonétisés, les politiques eux-mêmes ont ouvert la boite de Pandore, valorisant leur personnalité comme meilleur argument de différenciation. Et c’est probablement aussi pour cela que François Hollande est touché aujourd’hui, parce qu’au delà des différences programmatiques ténues, il s’est d’abord fait élire pour ses qualités personnelles aujourd’hui mises en cause.


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