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[Critique] Dallas Buyers Club

Par Wolvy128 @Wolvy128

4-étoiles

Affiche fr dallas buyers club
1986, Dallas, Texas. Ron Woodroof a 35 ans, des bottes, un Stetson, c’est un cow-boy, un vrai. Sa vie : sexe, drogue et rodéo. Tout bascule quand, diagnostiqué séropositif, il ne lui reste désormais plus que 30 jours à vivre. Révolté par l’impuissance du corps médical, il recourt à des traitements alternatifs non officiels. Au fil du temps, il rassemble d’autres malades en quête de guérison : le Dallas Buyers Club est né. Mais son succès gêne, Ron doit s’engager dans une bataille contre les laboratoires et les autorités fédérales. C’est son combat pour une nouvelle cause… et pour sa propre vie. Tel est le pitch de Dallas Buyers Club, un drame inspiré de faits réels de Jean-Marc Vallée, réunissant notamment à l’écran Matthew McConaughey, Jared Leto et Jennifer Garner.

Ce film constituait une de mes grandes attentes de 2014 et je dois dire qu’il ne m’a vraiment pas déçu. Avec le recul, je ne lui trouve même aucun défaut majeur si ce n’est peut-être son léger manque de clarté dans la narration. En effet, les transitions entre les scènes sont parfois abruptes et nous laissent ainsi dans le flou sur certains événements passés. Mais à part ça, le film est vraiment bon, voire même très bon d’ailleurs. Les deux heures passent sans problème et le traitement du sujet est extrêmement intelligent. D’abord parce que, par le biais de ses personnages atypiques, le réalisateur insuffle au récit une dose d’humour salvatrice pour désamorcer les situations les plus dramatiques de l’histoire. Mais aussi car malgré la gravité du sujet, le film évite judicieusement de tomber dans un pathos qui aurait certainement alourdi son propos. Et cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’émotion, bien au contraire, il y en a énormément. Mais elle est distillée de façon naturelle sans avoir besoin de grossir le trait ou de s’apitoyer sur le sort des personnages. Des personnages qui constituent d’ailleurs selon moi la principale force du film. Non seulement car ils sont attachants, mais également car leur évolution est excessivement touchante, et en dit long sur le contexte de l’époque par rapport au virus du sida.

Photo dallas buyers club
Effectivement, dans les années 80, le sida fait déjà des ravages et toutes les zones d’ombre qui entourent les moyens de le contracter, donnent lieu à toutes sortes de préjugés sur les malades. Ainsi, le virus est directement associé à l’homosexualité, et Ron, qui est pourtant hétérosexuel et homophobe notoire, se voit totalement rejeté par son environnement dès l’instant où il est diagnostiqué séropositif. Exclu de sa communauté, il n’a donc d’autre choix que de se tourner vers les autres malades. Et au contact de Rayon, un transsexuel magnifiquement interprété par Jared Leto, il s’humanise indéniablement et prend conscience de l’importance de faire évoluer les mentalités. A ce titre, la scène dans le supermarché au milieu du film est peut-être l’une des plus belles, et l’une des plus révélatrices de ce changement de mentalité. Ensuite, au-delà de la dimension humaine du combat de Ron, le long-métrage met aussi en lumière les dérives inquiétantes du lobby pharmaceutique, caractérisées par la mise sur le marché d’un produit pourtant reconnu nocif par plusieurs études sérieuses. Et se dire qu’il y a pour les autorités et les groupes pharmaceutiques des intérêts plus importants que la santé des citoyens est totalement révoltant. Certes, il n’a pas fallu attendre ce film pour s’en rendre compte mais le découvrir par l’intermédiaire de ce parcours à la fois tragique et héroïque est particulièrement touchant.

Photo bis dallas buyers club
Mais si le film est finalement aussi fort, c’est assurément à cause de son magnifique casting. Matthew McConaughey, tout d’abord, confirme encore un peu plus son changement de statut en livrant une prestation absolument remarquable. Amaigri physiquement pour les besoins du rôle, l’acteur parvient à rendre attachant un personnage qui avait tout du type détestable sur le papier. Bien aidé par des dialogues plutôt bien écrits, il apporte des touches de légèreté bienvenues à des séquences qui auraient rapidement pu devenir très lourdes d’un point de vue émotionnel. Bref, son interprétation est éblouissante et ne laisse vraiment pas indifférent. Jared Leto, ensuite, prouve qu’il ne faut pas nécessairement tourner plusieurs films chaque année pour être un grand acteur. Avec beaucoup de sensibilité, le comédien parvient en effet à donner vie à ce personnage de transsexuel, qui va progressivement nouer avec Ron une amitié aussi drôle qu’émouvante. Au même titre que McConaughey, son implication physique dans le rôle est phénoménale et devrait certainement lui permettre de décrocher un Oscar dans quelques semaines. Enfin, même Jennifer Garner, qui n’a pas forcément toujours brillé dans le passé, s’intègre plutôt bien dans le trio et alimente toute la réflexion autour du système des soins de santé.

Pour conclure, Dallas Buyers Club est donc un film drôle, émouvant, parfois dur, mais toujours juste. Si le combat de cet homme contre la maladie, les préjugés et le système ne vous emporte pas totalement, la performance exceptionnelle de Matthew McConaughey et Jared Leto devrait définitivement achever de vous convaincre.



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