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Chroniques de la rue : Miko la décalée des soldes [Field report]

Publié le 07 février 2014 par Chrisandflow

Miko la décalée des soldes [spéciale soldes janvier 2014]

<img class="alignnone size-full wp-image-3732" alt="Miko, la décalée des soldes" src="http://www.drague-academie.com/wp-content/uploads/2014/02/Miko-la-décalée-des-soldes.jpg" width="268" height="199" />

Ce récit c’est d’abord celui de châtelet : la Mecque des dragueurs parisiens et même d’ailleurs. Moi, j’ai toujours eu une préférence moyenne pour ce site de chasse.La concurrence entre mâles dragueurs est dans cet endroit, plus que tout autre à Paris, réelle quoique non envahissante. En ce tout début de janvier 2014, dans les galeries commerciales souterraines des Halles, fourmille une activité intense. La foule remplit tout l’espace disponible des dédales et les va-et-vient à l’entrée des magasins donnent le vertige à quelques provinciaux innocents.

C’est comme si Paris, n’avait jamais connu la gueule de bois du nouvel an. En compagnie d’un pote, nous nous postons à un endroit stratégique pour s’en aller quérir l’amour. Légèrement en marge du flot puissant des badauds, nous profitons d’un volumineux pilier de soutènement pour observer sans être observé. Très vite, une jeune femme de type asiatique parée d’une coupe au bol et mignonne comme un sorbet de glace, s’approche de nous, fait mine de lire quelques affiches d’informations insipides placardées au mur, et me lance quelques regards pareils à des cartons d’invitations à une fête.

Ni une, ni deux, me voilà déjà à sa hauteur :

- Hello. Je ne sais pas pourquoi on se regarde, mais je sens que je devais vous le dire en tout cas.

– Ah ! ben… euh non. Je fais juste les soldes en fait.

– Vous faites plus que ça on dirait : ici c’est l’entrée de la bibliothèque.

Je l’ai piégé en deux phrases seulement : elle me sourit en guise de réponse et moi j’enchaîne.
– Je pense en vous regardant que vous êtes chinoise, j’ai bon ?

– […]

– Euh… ok. Enchanté, moi c’est Tiger, et vous ?

– […]

Toujours pas de réponses de sa part, alors qu’elle me scrute profondément les yeux, dans un état mi-charmé , mi-méfiante.
Je relance :

- Je sais que je suis merveilleux à regarder, mais ce n’est pas une raison pour rester muette ! Courage, tout ce qui
vous arrive est bien réel.

Re-sourire de sa part. Visiblement, je suis toujours dans le coup mais elle décide de jouer sa mystérieuse. N’ayant pas une grande patience naturelle, je commence à fermer mon corps à tout échange, et ne la regarde plus. C’est à ce moment précis qu’elle réagit enfin :

- Est ce que vous pouvez m’aider à trouver un manteau pour moi s’il vous plaît ?

– Pourquoi pas ? Je ne suis pas spécialiste des fringues pour femmes, mais si je vous vois avec un truc moche ,   je   ne garderai pas le silence, je vous préviens !

Et nous voilà partis tous les deux, en plongée profonde dans le monde des « shopping-addicts ». Du moins c’est que je crois au départ.

Bien vite, son attitude me parait hors norme : elle jette des coups d’oeil partout autour d’elle, rentre dans un commerce puis en ressort une vingtaine de secondes plus tard. Nous rentrons à nouveau à l’intérieur d’une autre boutique, elle scrute cette fois-ci les rayons hommes et me lance à brûle pourpoint :

- J’ai besoin d’un manteau « tout-terrain » pour moi, tu penses que tu peux m’aider ?
– Yes. Mais je trouve dommage, ce besoin de cacher ton corps. On peut aller en lingerie , le rouge t’irait très bien.

J’ai à peine fini ma phrase et là voici en train de me tirer le bras direction le quartier Etienne Marcel, pour une poursuite de notre shopping movie.Nous marchons dehors parmi des échoppes haut de gamme, certaines sont tellement avant-gardistes qu’elles ne figurent volontairement dans aucun support publicitaire.

L’ultime classe du luxe : c’est de rester secret, juste entre initiés : chhhhhuuut…

Habituellement, je ne fréquente pas le milieu quasi-franc maçonnique des fringues huppés, mais ici en compagnie de cette délicate Miko la preuve sociale marche à plein régime et les commis de magasins engoncés dans leur costume trop rigide, déploie devant notre passage des trésors d’amabilités et de courbettes.

Miko est dans son élément, je la sens comme un poisson dans l’eau. Quant à moi, c’est de la simulation et rien d’autre : du darwinisme social en quelque sorte.

Pour baiser une nana, le luxe tapageur ne me dérange guère.

Alors que nous papillons, parmi tous ces univers, Miko a une envie de danse. Je la prends par le bassin et la main droite et nous voilà en train d’entamer une petite valse improvisée. <img class="alignnone size-medium wp-image-3618" alt="Miko la décalée des soldes. Mirroir" src="http://www.drague-academie.com/wp-content/uploads/2014/02/Miko-la-décalée-des-soldes.-Mirroir-300x225.jpg" width="300" height="225" />

Oui… comme ça, sans prévenir. Et surtout devant témoins, chez Antoine et Lili. Bizarrement les quelques clients ne réagissent pas, le vendeur ne s’émeut guère non plus de la scène.

Quant à Miko, ça ne s’arrange pas. Tout en manipulant une garde-robe avant gardiste de chez Lilli (l’enseigne au mouton rose) elle me lance que si elle remporte un tirage de plusieurs millions d’euros, elle ferait planter un maximum d’arbres à Paris. Je fais grimper les surenchères :

- Eh bien moi, lui dis-je, avec plusieurs millions d’euros mon fantasme serait d’acheter autant de boites de lentilles que possible, et de remplir ainsi, toutes les pièces de mon appartement jusqu’au plafond.

Ensuite au magasin d’en face, nous simulons (c’est véridique les gars) une prise de thé dans une demeure britannique de style victorienne, avec des tasses imaginaires dans un anglais presque impeccable. Nous sommes assis dans un -réel- canapé confortable qui sert de point de départ à nos fantasmagoriques élucubrations. Puis nous faisons des projets de mariage ensemble, et nous nous étreignons et nous nous embrassons , comme ça : sans préliminaires, ni mise en garde comme deux gamins qui font ce qu’ils veulent.

Les heures commencent à défiler, nous prenons ensuite le café en compagnie d’un artiste-peintre interpellé dans la rue, comme ça : Miko en avait envie. Gustavo l’artiste, commence à remarquer que notre Miko n’a pas toute ses cases en place, me lance un regard de soutien puis quitte le café, après nous avoir poliment remercié pour l’invitation.

Je commence à fatiguer de ma partenaire de soldes: de ses caprices, de son état mental dérangé (mais à quel degré ?) et de ces boutiques qui défilent devant nos yeux comme un kaléidoscope infernal.

Elle sent la fin de notre aventure proche. Elle déclare entreprendre une démarche d’amour durable avec moi, je souris en mon for intérieur et lui lance un ultimatum :  dernière boutique ( nous sommes en soirée) et nous faisons MON programme.

Elle tente elle aussi, un dernier geste : m’amadouer pour que je lui achète ce fameux manteau 4×4 qu’elle convoitait depuis le départ. Ce fut la chose la plus insensée qu’elle aie entreprise jusque là ! (ou au contraire : c’est sa plus belle preuve de lucidité)

En fait je l’ai quitté. Comme ça : sans préliminaires, ni mise en garde, comme un gamin qui fait ce qu’il veut.

Tiger


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