Comment se passe le changement en Suède, est-il plus facile
qu’en France ? Voici la question que j’ai posée à Thomas
Krän, spécialiste du management interculturel et Suédo-Américain, marié à
une Française…
Ce qui domine la Suède c’est la nécessité du consensus. Les
idées viennent de partout, beaucoup d’en bas, et sont appliquées
par tous impeccablement du fait de ce consensus. Nos
grèves, nos manifestations de rue, nos insultes, le comportement de notre
ministre du redressement productif… laissent le Suédois perplexe.
Comme en
Allemagne, les syndicats ont une influence importante dans l’entreprise. Ce qui a l’avantage, sur le modèle français, de produire une culture de responsabilité, et un large partage des réalités de l’entreprise
et de son environnement concurrentiel.
Ce modèle, cependant, n’est pas d’origine. Il a été adopté
dans les années trente, pour mettre un terme à une lutte des classes violente.
Après guerre la Suède s’est refondée sur le principe que l’homme est bon, et que l'on peut lui faire confiance. Dans les années 90,
elle a constaté que cette hypothèse était erronée, et qu’elle l’avait conduite "droit au mur". Elle a donc dû en changer. La Suède
est mieux gérée et moins généreuse pour sa population qu’elle ne l’a été.
Alors, le changement se fait-il sans heurts en Suède ?
Il tend, surtout, à ne pas se faire. Lorsqu’il s’agit de se réinventer, les
entreprises suédoises ont beaucoup de mal à se transformer. Et
c’est souvent le marché et sa destruction créatrice qui est l’agent du
changement. Faute de pouvoir évoluer, l’entreprise suédoise disparaît. Et elle est
plus souvent la cible d’une acquisition qu’elle n’acquiert.