Magazine Beauté

Dans la vitrine, le reflet de sa peau couleur Ivoire

Publié le 08 février 2014 par Thierry Piguet

parfum inoubliableSortant de chez elle, elle referma la porte de son appartement et jeta ses clés dans son sac encore ouvert. Elle pris l’escalier car elle ne se sentait pas d’humeur à  attendre que le vieil ascenseur asthmatique atteigne son 5 ème étage. Quelques marches plus bas elle croisa le vieux professeur de latin, dont les cheveux épars et la noire barbe abondante qui se mêlait avec son écharpe de grosse laine de la même couleur, laissait à penser qu’il avait du avoir Jules César comme élève. Il l’a regardait toujours avec un regard fixe derrière ses lunettes cerclées aux verres trop sales pour qu’il puisse réellement deviner qui il croisait sur les marches en bois craquants. 
Elle salua rapidement la concierge qui agençait les poubelles par ordre de taille dans la cour. 
Elle sorti dans la petite rue.
Arrivée sur le boulevard de sa démarche rapide, son sac jeté sur l’épaule, elle décida de s’arrêter devant les magasins des enseignes de mode pour faire un peu de lèche-vitrine en prévision des soldes. 
Son regard se porta vers un joli blouson d’agneau retourné, noir avec des poches qui se fermaient par des fermetures éclairs argentées. Mais son regard fut attiré par le reflet dans la vitrine d’un corps de femme nue située juste à coté d’elle… elle portait le même sac… sur la même épaule… avec la même coupe de cheveux… comment était ce possible… nue en pleine rue à faire du lèche-vitrine !!!
Elle se fige, tressaille. Bouge légèrement son bras. La silhouette nue écarte dans le même mouvement le bras de son corps.
Tout son corps dénudé est là et s’offre à la vue de tous. Seul de ses vêtements enfilés ce matin subsiste son sac à main, dérisoire accessoire, accroché derrière son épaule par la bandoulière, et sa paire de ballerine bi-colore à ses pieds. Tout le reste de la silhouette est visible, ses épaules carrées, ses seins aux rondeurs affirmées dont la ligne des mamelons ne forme pas une horizontale parfaite, ses hanches à l’ arrondis appelé culotte de cheval (qui ne protège même pas sa nudité en cet instant), ses jambes qui auraient tendance à affirmer qu’elle n’est pas une sportive catégorie triathlon, et ses genoux qui semblent être venus se rattacher là, à leur corps défendant.
Une petite fille qui s’appuie à la vitrine  juste à coté d’elle, lui sourit sous son bonnet à oreilles de Mickey. Sa maman qui tiens sans doute son petit frère dans ses bras s’accroche à sa poussette et discute avec une copine. Elles n’ont pas l’air de lui prêter attention. 
Pourtant nue… cela ne cours pas les rues, sauf quand les "femen" manifestent.  
Elle tend le bras, s’appuie sur la vitrine et ferme les yeux.  Que se passe t’il ?
La jeune mère lui demande d’une voix à l’intonation italienne si "tutti va bene" ? 
Elle répond d’une voix basse, et gênée. "Oui ce n’est rien, merci". "Même pas froid" à t’elle envie d’ajouter avec ce petit coté pince sans rire, dont elle se sert quand son chef lui impose des réunions trop longues juste pour la garder avec lui. 
Elle fait un demi tour sur elle même, doucement, lentement, comme si elle voulait éviter de tomber dans un cratère dont elle serait arrivé à son bord ultime.
La foule de ce samedi matin passe sur le trottoir. Les gens déambulent sur ce boulevard pour vaquer à leurs occupations sans s’arrêter
Mais elle est là …. avec ce trouble sentiment d’être toute nue.

Ivoire de Balmain

Elle avance d’un pas peu assuré.
Au passage clouté qui l’emmène dans l’arrondissement voisin, tout le monde la côtoie et discute par petit groupe. La petite grand mère pressée qui tire sa poussette encore vide, avance plus vite qu’elle. Le jeune étudiant au casque rouge sur les oreilles, oscille du chef, mais plutôt au rythme du son qu’il écoute que du spectacle d’une sirène dénudée qui traverse l’avenue. Elle s’arrange pour se tenir le plus éloigné des passants. Pas question de frotter sa peau nue sur les doudounes ou trench lors de la traversée. 
Mais rien. Aucunes remarques. Pas d’admonestations ou de plaisanteries tendancieuses. 
Une fois traversée, elle s’arrête à nouveau devant la vitrine d’un boulanger, curieuse de comprendre. Dans le reflet de la vitrine 2 jolies naturelles et rondes pâtisseries s’ajoutent aux savoureuses  et jolies meringues d’une belle couleur Ivoire protégées par une grande cloche de verre posée dans la devanture.

Le son est soudain déchiré par la sirène d’une voiture de police couvrant le bruit de l’avenue. La voiture s’arrête devant la boulangerie. Cela va être pour elle, Prise illégale de nudité sur la voie publique, exhibitionnisme, abus de bien à poil ? ces mots lui traversent l’esprit. Elle n’en sait rien, elle n’est pas juriste. Mais combien cela va t il me coûter ? Vais je avoir une amende ? Non pas la prison, ni l’hopital psy. Je ne suis pas folle !
Une fliquette serrée dans son ensemble bleu triste sort de la place arrière du véhicule et entre dans la boulangerie chercher des croissants.
Non, elle non plus n’a rien remarqué. Sa stupeur va croissant.
Elle décide de continuer son périple et passe devant le cinéma. Les vitrines perchées et obliques des affiches lui renvoient la vue de ses épaules nues et de son corps aux reliefs arrondis d’astres lointains. Cela n’a pas l’air de troubler le beau Georges (amateur de café et astronome averti) qui a perdu le sens de la gravité et voit la terre grosse comme un grain de beauté et qui ne semble pas plus surpris que les personnes de l’avenue de la voir dans cette tenue très légère. 
Mais quel est ce mystère ?
Finalement cela en devient presque un jeu. Continuant son chemin elle entre dans cette grande enseigne ou la mode n’est pas chère, et dont 2 consonnes géantes ornent la façade. Elle pourrait s’acheter pour un billet un manteau ou un trench à jeter sur ses épaules pour rentrer chez elle en cachant ses angoisses.
2 adolescentes qui regardent les bijoux fantaisies et parlent de la couleur de leurs ongles, continuent d’envoyer des sms, sans la remarquer. Un monsieur d’un certain âge la regarde avec insistance, pendant que sa femme, essaye un pull dans la cabine. Il lui sourit. Mon dieu comment me voit il avec son regard concupiscent ?
Un miroir sur pied entre 2 rayon lui renvoie son image. Intégralement nue, portant par un réflexe prude son sac devant elle. La femme sortant de la cabine, le senior comprend rapidement ou est sa priorité et détourne le regard.  
Mais quelle histoire!!  Elle plonge dans son sac pour attraper son téléphone. Elle va appeler Anne Charlotte pour lui raconter cette folle aventure et essayer de comprendre. Elle ne la croira jamais. 
En farfouillant pour attraper son vieux blackberry, elle saisit son flacon de parfum qu’elle emporte toujours avec elle. Il s’agit du nouveau parfum qu’elle porte depuis ce matin pour la première fois: Ivoire de Balmain. 
Ivoire, comme la couleur de la peau. Ivoire comme une matière précieuse qui vous habille. Ivoire qui comme les parfums et le seul vêtement qui va bien aux femmes. (non, il n’y a pas que N°5;). 

Ivoire de Pierre Balmain – Initialement créé en 1979, Ivoire de Balmain est remis à l’honneur en 2012 avec une réécriture contemporaine.
Famille olfactive : Floral – Vert

Note de Tête : Vio VIOLETTE Fleur, Mandarine, Agrumes
Note de Coeur : Jasmin, Rose, Ylang-Ylang, Galbanum
Note de Fond : Bois de Cèdre, Vetiver



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Thierry Piguet 875 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines