Depuis le temps que j’avais commencé à les étudier je n’en étais pas à ma première surprise, mais celle-ci était de taille, ainsi ces monstres savaient faire autre chose que baratiner des salades du matin au soir ? Je crue bien en tomber parterre. Je le regardais comme médusé, en fait, je n’avais pas cru ce que « le drôle » m’avait dit, il en raconte tellement…
-« Mais pousse-toi de là ! » me dit-il.
–« que… quoi ? » balbutiais-je.
-« Ben pousse-toi, ne vois-tu pas que je suis occupé ? et, tu me bouches la vue ? » dit-il en râlant.
Ca alors ! Je n’en croyais pas mes oreilles, non seulement il sifflait, mais en plus il était entrain de m’engueuler. Comme si j’étais moi aussi un vulgaire monstre parmi les autres. Mais je ne tiens pas à devenir comme eux ! Je dois l’avouer, de temps à autre je dois me pincer pour être sûr que je ne suis pas dans un rêve, ou plutôt, dans un cauchemar.
Habituellement il me fallait rester un long moment, me fondre dans le paysage assis, ne rien dire, ne rien faire, juste laisser glisser le temps, comme on ne sait le faire que lorsque l'on est encore qu’un enfant et que l’insouciance submerge nos pensées. Il en a fallu du temps, avant que les monstres ne me parlent et encore, ils ne me parlent pas tous, ça non... !
Mais celui là ? Celui là fait comme si j’existais à peine. Je dérange Môssieur. Je le regardais incrédule,
-« Mais dis-moi, c’est bien toi que l’on appelle le curieux ? » lui dis-je !
-« Rhoooo mais pousse-toi donc, tu vas me faire tout rater ! »
-« mais rater quoi ? »
-« viens approche et regarde, chuut ne fais pas trop de bruit. Elle ne se montre pas souvent et elle craint la présence des hommes »
-« mais, de qui parles-tu ? »
-« regarde, là, c'est elle. Elle s’appelle Anaalah, c’est la fille du grand Cououdah, regarde comme elle est belle, c’est pour attirer son attention que je siffle cette douce mélopée ». Et il se remit à siffler en douceur. On aurait dis que, le vent nous transportait en son sein…