Filières céréalière et laitière et sécurité alimentaire -Consensus autour de la réduction de notre dépendance alimentaire

Publié le 13 février 2014 par Ouadayazid1

Par : A HAMMA

Les besoins nationaux en céréales, tout particulièrement en blé dur, de même qu’en poudre de lait demeurent fortement tributaires des importations qui couvrent 70% de la consommation locale. En 2012, les importations des biens alimentaires ont atteint environ 9 milliards de dollars, dont 50% de céréales et, de lait, soit environ 4,5 milliards de dollars.
Pour sa part, le ministre de l’Agriculture, lors de la dixième réunion des ministres de l’Agriculture des Etats membres du Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes (CIRHEAM), affirme que “l’Algérie produit plus de 70% de ses besoins en produits agricoles…Il faut obligatoirement l’améliorer pour asseoir en priorité la sécurité alimentaire du pays”. Quant aux experts, réunis lors du colloque organisé par le FCE autour de la sécurité alimentaire, ils ont tiré la sonnette d’alarme. “Il y va de la sécurité nationale”, selon Omar Ramdane, président d’honneur de cette organisation patronale.

L’accent au cours de cette rencontre a été particulièrement mis sur les immenses potentialités que recèle le pays, notamment dans les hauts plateaux et le Sud, même si les ressources hydriques dans ces régions ne permettent pas l’irrigation de surfaces cultivables de plus de 2000 ha. En vérité, notre dépendance du marché extérieur des céréales pose avec force la question récurrente de la sécurité alimentaire, maintes fois affirmée par les pouvoirs publics ainsi que les experts des questions agricoles. L’intérêt accru ainsi manifesté pour cette filière est, sans doute, la conséquence directe de la flambée des cours du blé dur sur le marché mondial, qui ont atteint 800 dollars la tonne en 2007-2008. Un tel seuil de prix avait suscité beaucoup de craintes autour notamment de ce qu’il est désormais convenu de qualifier d’“arme alimentaire”. Aussi, les pouvoirs publics ont pris un certain nombre de mesures incitatives pour booster cette filière avec comme objectif l’amélioration des rendements à l’hectare et l’augmentation de la production. Bien que les résultats obtenus demeurent insuffisants, au regard notamment de la qualité de notre blé dur, ces mesures – telles que la subvention de 45 000 DA/t en faveur des producteurs locaux – ont permis un relatif accroissement des rendements à l’hectare qui sont passés de 11 q/ha en 2008 à 17 q/ha en 2011. Il faut dire que les conditions climatiques et pluviométriques favorables, en plus de l’introduction de nouvelles techniques phytosanitaires et d’ensemencement, selon le président de la chambre d’agriculture, et d’emblavement des terres cultivables ont contribué grandement à la réalisation de ces performances, ce qui fait dire à de nombreux spécialistes que des possibilités réelles d’amélioration significative de la productivité de la filière céréalière existent effectivement. D’autres professionnels des questions agricoles, de même que des céréaliculteurs sont plus critiques au regard des lacunes, telles que les pénuries et la mauvaise qualité des engrais et des semences qui altèrent à la fois les rendements et la qualité de la production en blé dur. Les activités des industries de transformation peuvent s’en ressentir de cet état de fait, tant au plan de leur approvisionnement que celui de la qualité de leurs produits. Il est évident que la transformation représente un segment de premier plan dans l’industrie agroalimentaire. Ainsi, selon Abdelkader Djernoun, chercheur au département agronomie à l’université Hassiba-Ben-Bouali de Chlef, les retombées socioéconomiques de la filière céréaliculture sont multiples. En termes d’emplois créés, la filière occupe 500 000 travailleurs permanents et saisonniers. L’industrie céréalière privée représenterait environ 253 PME qui contrôleraient plus de 80% du marché. Ces résultats ont été obtenus grâce aux mesures prises par l’Exécutif relatives à l’élargissement des surfaces labourées (3,3 millions d’hectares) et celles fertilisées (4 millions d’hectares, soit près de 207%) par rapport aux campagnes semailles précédentes.
Un effort quantitatif ?


Dans le cadre de la stratégie du renouveau agricole et rural qui vise l’amélioration des rendements du secteur céréalier, il a été décidé la reconduction des décisions relatives à l’élargissement du soutien à l’utilisation des semences certifiées, l’octroi aux céréaliculteurs de crédits fournisseurs par l’OAIC pour l’acquisition d’engrais et produits phytosanitaires, le soutien des prix des engrais à concurrence de 20%... Cette approche, théoriquement, ne devrait pas tarder à porter ses fruits, et sera, selon les responsables du secteur de l’agriculture, poursuivie durant le plan quinquennal 2010-2014. Dans ce cadre, un certain nombre d’objectifs ont été arrêtés. Il s’agit entre autres de l’intensification de la production céréalière pour répondre à la demande nationale et réduire notre dépendance de l’extérieur. Aussi, les surfaces irriguées devront s’étendre à 350 000 ha contre 300 000 ha actuellement. Comme il est prévu à l’horizon 2014, la densification de la production céréalière à raison de 53,7 millions de quintaux/an, dont 36 millions de quintaux de blé. De l’aveu même de M. Hamiani, les efforts qui ont été consentis par l’Etat sont à saluer. Ainsi, un consensus semble se dessiner entre les industriels, les agriculteurs, les éleveurs, pour ce qui est de la filière lait dont la problématique paraît plus complexe.

A. H

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