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Flamby sans sa belle (au boa dormant) s’est rendu à Tunis, sans tennis mais avec de beaux souliers vernis, autant que lui tant qu’un vent heureux se mêle ! Il tenait à féliciter la Tunisie pour sa nouvelle constitution qu’on lui avait envoyée par Sfax avec accusé de réception.
Un bien beau texte tout juste mis sur quai, rouant les vieux rouages de l’ère Ben Ali et instaurant un Etat libre, indépendant et souverain dont l’islam est la religion, l’arabe la langue et la République son régime. Par ces mollahs, heu mots là, il faut entendre une république non islamiste où l’âme ose quêter, hors la mosquée, temps…Temps de prière n’accorant pas Coran car l’article 6 reconnaît la liberté de croyance !
Aussi, l’apostat (celui qui renonce à la religion officielle) ne devrait pas craindre la charia (la loi islamique) qui, il n’y pas si longtemps, vouait à l’apostat-gale, haine !
Comme dans une république sans carte agit noise, les Tunisiens encartent constitutionnellement les prérogatives des uns et des autres ! Le pouvoir exécutif est exercé par le Président de la République élu pour cinq ans au suffrage universel direct et sans corruption ! Gare si tunes hissent ! Le pouvoir législatif s’exerce par le peuple à travers l’Assemblée des représentants du Peuple (élus pour 5 ans aussi) ou par voie de référendum.
Montesquieu, l’être perçant, aura une fois de plus piqué de son dard l’épiderme constitutionnelle d’un pays, en distillant le délicieux venin de la séparation des pouvoirs !
Et surtout le socle institutionnel de la Tunisie enterre les vieux démons de la dictature ! L’article 23 trucide la torture, l’article 27 stipule la présomption d’innocence et nourrit le procès équitable à la chair d’avocat ! L’article 35 exhale le doux parfum de la création libre de syndicats, d’associations et de partis politiques à la polie éthique !
La femme s’y retrouve aussi et voit les…progrès ! L’article 46 dit que «L’Etat garantit l’égalité des chances entre la femme et l’homme pour assumer les différentes responsabilités et dans tous les domaines. L'Etat œuvre à réaliser la parité entre la femme et l'homme dans les conseils élus. L’Etat prend les mesures nécessaires afin d’éradiquer la violence contre la femme. » Alors messieurs préparez-vous à préparer loukoum, tajine et autre makrouna sans coups, secousses… Sans baignes au lit ! Les hommes au mas, aux mets !
Notre cher président a donc salué, sur place, cette nouvelle Constitution fruit du jasmin révolutionnaire ! Il a estimé que cette grande avancée pouvait "servir d'exemple à d'autres pays" et souligna qu'elle prouvait que "l'islam est compatible avec la démocratie". Il est même compossible : tout las des maux gracie, lisse l’âme !
Hélas, cette cérémonie de vendredi intervenait aussi au lendemain des commémorations du premier anniversaire de l’assassinat de l'opposant Chokri Belaïd (http://fabienjanssens.blogspot.fr/2013/02/ils-ont-tue-chokri.html) - Chokri choukrane, lançait une femme (Chokri merci !), merci pour ton martyr qui a indigné le pays et permis de chasser les islamistes du parti Ennahda ! Oui, sans doute le sang du martyr a écrit en lettres rouges quelques belles phrases de cette Constitution. Un texte empli de consensus qui consacre un exécutif bicéphale et laisse à l’islam une petite aire de respiration tout en signant la parité hommes-femmes dans les assemblées élues.
La Tunisie avance à grand pas vers une démocratie solide ! On aimerait en dire autant de ses voisins libyens et égyptiens et de la lointaine Syrie…