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A quelle étude innovation se fier ?

Publié le 15 octobre 2013 par Marianne Dekeyser @IDKIPARL
Source image : fotosearch

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A quelle étude innovation se fier ? Comment savoir si mon entreprise est innovante ou pas ? Sans vouloir vous assommer avec des chiffres, remettons en perspective ce que nous disent les dernières études sur les facteurs-clés et capacité à innover des pays et des entreprises. 

Il n’y a pas une innovation mais des « innovations » ou « des » lectures de l’innovation. Regardons les chiffres pour comprendre l’esprit !

L’indice mondial de l’innovation 2013 publié par l’Université Cornell, l’INSEAD et l’Organisation mondiale de la Propriété intellectuelle (OMPI) nous annonçait début juillet son classement innovation des pays. Ce classement repose sur 84 indicateurs portant sur la qualité des principales universités, facilité de création d’entreprise, collaboration entre universités et industries…pour évaluer des capacités d’innovation et communiquer des résultats quantifiables. 

 Classement des 10 nations les plus innovantes en 2013 

  1.     Suisse (en première position en 2012)
2.      Suède (2)
3.      Royaume-Uni (5)
4.      Pays-Bas (6)
5.      États-Unis d’Amérique (10)
6.      Finlande (4)
7.      Hong Kong (Chine) (8)
8.      Singapour (3)
9.      Danemark (7)
10.    Irlande (9)
La France, quant à elle, arrive en 20 ème position.

Dans le classement annuel 2013 de Thomson Reuteurs, le «Top 100 Global Innovators» publié le 7 octobre, la France se positionne à la troisième place des pays les plus innovants au monde derrière les États-Unis (1ère place) et le Japon (2ème place).

Evidemment, les critères mesurés ne sont pas les mêmes. Thomson Reuteurs s’intéresse à la dynamique de brevets selon quatre critères :
- le taux de réussite du dépôt de brevet,
- la portée mondiale du portefeuille de brevets,
- l’influence du brevet calculée à partir du nombre de citations dans la littérature professionnelle,

- le volume de brevets.

Mes questions : le brevet, n’est-ce pas comme la créativité, la nécessité de se transformer en innovation pour être vraiment porteur de valeur ajoutée ? ou autre façon de formuler ma question « combien d’innovations sont-elles issues d’un brevet ? » ou « l’invention fait-elle l’innovation ? »
La réponse issue d’une étude de recherche détaillée dans l’article ici (via Creativité Québec) « 9 innovations sur 10 n’ont jamais été brevetées. Elles ont juste été fabriquées puis vendues, et ont changé le monde ».Enfin, le montant de certaines transactions de brevets ne sont-elles pas aussi signifiantes ? 

Il faut recouper ces chiffres avec les éléments financiers. Selon le site Thomson Reuteurs « Les 100 entreprises présentes dans l’édition 2013 de l’étude ont été plus performantes que les entreprises de l’indice S&P 500 pour la troisième année consécutive, et ce, à hauteur de 4 % en termes de croissance boursière annuelle et de 2 % en termes de croissance des recettes ; croissance pondérée en fonction de la capitalisation boursière. Les vainqueurs de cette édition ont également dépensé plus d’argent en R&D que les entreprises de l’indice S&P 500 à hauteur de 8,8 %. Ils ont investi ensemble la somme de 223 milliards de dollars dans le cadre des efforts qu’ils mènent dans la recherche et le développement. »

La R&D reste une valeur sûre et pourtant…si l’on se réfère à une autre étude innovation « The 2012 Global Innovation 1000 Study: Making Ideas Work«  

Les résultats de l’étude démontrent que c’est surtout l’intensité de la R&D qui fait la différence en matière d’innovation.

A quelle étude innovation se fier ?
Néanmoins, Booz and Co met depuis plusieurs années également en parallèle le classement des dirigeants d’entreprise (les données de « sortie ») des entreprises qu’ils jugent les plus innovantes et les résultats sont quelque peu différents.
A quelle étude innovation se fier ?
Puis le cabinet compare les performances financières des 10 entreprises les plus innovantes (classement dirigeants) et les 10 entreprises qui investissent le plus en R&D. Comme le prouve le graphe ci-dessous, les entreprises « jugées » les plus innovantes sont aussi les plus performantes !
La R&D reste un atout-clé…s’il est transformé en résultats !
A quelle étude innovation se fier ?

Pendant ce temps là, l’Union Européenne travaille sur de nouveaux indicateurs « Mesurer les résultats de l’innovation, un nouvel indicateur« , centré sur les résultats de l’innovation. Ce nouvel indicateur prend en compte notamment les ressources, les volumes d’activité et les résultats.
« Les résultats de l’innovation sont multiformes et diffèrent d’un secteur à l’autre. L’indicateur proposé repose sur quatre éléments choisis pour leur pertinence au regard des politiques menées. »

  • Innovation technologique mesurée par le nombre de brevets.
  • Emploi dans les activités à forte intensité de connaissances en pourcentage de l’emploi total.
  • Compétitivité des biens et des services à forte intensité de connaissances appréciée en fonction de la contribution de la balance commerciale des produits de haute technologie et de moyenne technologie à la balance commerciale totale et de la part des services à forte intensité de connaissances dans le total des exportations de services.
  • Emploi dans les entreprises à croissance rapide des secteurs d’activité innovants.

On progresse. Pour suivre, les étapes européennes, c’est par

Sinon, on pourrait aussi rajouter comme indicateurs innovation : les entreprises qui sont passés au collaboratif et aux outils collaboratifs, celles qui ont implanté des cellules intrapreneuriales dans leurs murs, celles qui développent des politiques RSE, celles où tout le monde a envie de développer des projets etc… Cela reste des critères « d’entrées », pas les résultats des efforts innovation.

Si l’on se concentre du côté entreprise (et en restreignant vraiment les études consultées), la dernière étude 2013 de PwC « Unleashing the Power of Innovation » révèle les 3 ingrédients-clés identifiés par les dirigeants pour innover :

  • la vision marché
  • la culture innovation
  • la volonté de remettre en question les normes organisationnelles et la prise de risque.
…et les 3 barrières mettent paradoxalement en lumière :
  • les ressources financières (classées comme très peu importantes dans les facteurs-clés de succès pour innover !)
  • la culture existantel
  • le manque de talent ! (alors que la formation à l’innovation au sens large est jugée peu essentielle dans les clés de la réussite) !
L’étude PwC reste intéressante mais l’étude sur le Management de l’innovation « les Top managers face à l’innovation » réalisée par Ecole Grenoble Management et IFOP, même sur un échantillon plus restreint, reste plus « parlante ».
Parmi les enseignements majeurs à retenir :
1/ OUI À L’INNOVATION MAIS… Les entreprises de plus de 10 salariés intègrent bien la nécessité de mener une politique active en matière d’innovation, mais l’importance accordée à cet enjeu demeure encore à optimiser. 2/ LE CLIENT, LES COÛTS ET LA TECHNOLOGIE AU CŒUR DES PRÉOCCUPATIONS Les stratégies d’innovation adoptées actuellement sont portées avant tout par le souhait de maintenir ou de renforcer la satisfaction des clients tout en optimisant les coûts. On relève aussi un impact fort des progrès technologiques et des aspects réglementaires. Pour les années à venir, l’évolution des attentes des clients et la nécessité de s’adapter aux évolutions du marché, de même que progrès techniques et technologiques liés au domaine d’activité sont perçus comme les plus déterminants 3/ CIEL MON BUDGET ! L’action des entreprises en matière d’innovation rencontre pourtant des freins forts dans environ une société sur deux, en premier lieu en raison de problèmes d’accès aux ressources budgétaires nécessaires pour financer les projets. 4/ FORMER DES MANAGERS À L’INNOVATION La présence des compétences managériales spécifiques pour porter et mener à bien ces projets se révèlerait également nécessaire dans plus d’une société sur deux, prioritairement celles concernant les dimensions scientifiques et de gestion, mais aussi dans le domaine relationnel et organisationnel. Pour les résultats, j’aime bien dire pour simplifier (parfois, c’est bien aussi !) que seul le client (interne ou externe) est juge de la valeur ajoutée de l’innovation proposée, une façon de renvoyer directement au 3ème graphe de Booz and Co ci-dessus.

En conclusion, attention au choc des chiffres, ils peuvent conduire à certains syllogismes comme Ionesco nous le rappelait  dans Rhinocéros « Tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat ». A transposer à volonté, par exemple :   »Toutes les entreprises innovantes ont une stratégie d’innovation. J’ai une stratégie d’innovation. Donc je suis innovant. »

A suivre…les nouvelles approches de développement produits !


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