Magazine Humanitaire

Le Casan, un centre qui vient en aide aux enfants de Tana

Publié le 14 février 2014 par Cmasson

Après une mission avec MSF, Gwenola a retrouvé ACF en 2012, pour s’installer à Madagascar, convaincue par le fait que « l’approche globale » de l’ONG est plus efficace pour s’attaquer aux causes profondes de la sous-nutrition. Une vie professionnelle qui correspond à ses attentes. L'ONG a été l'une des premières à intégrer un volet psychologique dans ses interventions. Elle nous fait part de son expérience de terrain auprès des familles prises en charge au CASAN (Centre d’Accompagnement Social et d’Appui Nutritionnel).

« Les interventions psychologiques dans des situations d'urgence sont très difficiles »

A Madagascar, Gwenola est confrontée à une situation complexe. Depuis plusieurs années, les habitants de la Grande Île sont otages de la crise politique qui touche le pays et des sanctions économiques qui en découlent. Plus de 50% des enfants souffrent de malnutrition chronique. Il existe de nombreux facteurs aggravants mais parfois, la malnutrition des enfants trouve son origine dans le traumatisme des parents. Gwenola a d'abord formé une équipe locale afin d'ouvrir un programme de soutien psychosocial.

L’équipe se réunit une fois par semaine au sein d'un groupe de parole pour évoquer un cas qui pose question et adapter notre réponse. « Ces réunions nous sont indispensables. C’est un travail essentiel qui rassemble l’équipe autour d’une même personne, d’une même situation et montre combien chacun a sa place pour apporter des éléments de compréhension » commente Gwenola. C’est parce que l’équipe éprouve des difficultés dans l’accompagnement d’une personne, qu’elle présente son cas au groupe. « Nous réfléchissons ensemble à un plan d’action, pour répondre au mieux aux besoins de cette personne. Il faut prendre le temps d'écouter et toujours être attentif à l'individu, même dans l'urgence » confie Gwenola.

L’histoire de Miora, une petite fille âgée de 8 mois, illustre parfaitement les avantages de l’étude de cas. Elle ne répondait pas au traitement après un mois de prise en charge (son poids stagnait). « Dès le début de sa prise en charge, l’équipe a noté des éléments faisant penser à une forte dépression chez la maman de Miora » commente Gwenola. Et pour cause : son premier enfant est décédé à l’âge de 7 mois en raison d’une maladie cardiaque. La maman se montre très inquiète dès que Miora tombe malade, ayant très peur qu’elle meurt elle aussi. Au CASAN, lors des activités proposées, la maman ne se montrait pas très active : elle initiait peu d'interactions avec Miora. « La maman était souvent perdue dans ses pensées » ajoute Gwenola. L’équipe entière lui a apporté son soutien et a défini un plan d’action.

« Reconstruire le lien social et maternel »

Ainsi, le travailleur social a réalisé des sessions de jeux au domicile de Miora pour favoriser les interactions entre la maman et la petite fille. Sa grand-mère, s’est quant à elle révélée être un appui précieux. « L’objectif du travailleur social est de gagner la confiance de la mère pour l’accompagner à faire le deuil de son premier enfant. Une relation de confiance a pu peu à peu s’instaurer, permettant à la mère d’exprimer sa tristesse, de se rendre plus disponible pour son enfant et d’être plus participative aux activités » explique Gwenola. La prise en compte de la souffrance psychologique n'est pas anodine dans le traitement de la malnutrition. Miora est finalement sortie guérie du CASAN alors qu’un risque fort de non réponse au traitement était suspecté.


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