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Jorge Pineda expose à la Fondation Clément

Publié le 14 février 2014 par Aicasc @aica_sc
Mambrú. 2005 Instalación.  Talla en madera de cedro de la figura de niños de 8 a 12 años al tamaño real. Recubierto de laminas de plomo. Máscaras de

Mambrú. 2005
Instalación. Talla en madera de cedro de la figura de niños de 8 a 12 años al tamaño real. Recubierto de laminas de plomo. Máscaras de

Du 21 février au  30 mars  2014, Jorge Pineda expose à la Fondation  Clément à la Martinique.

Niñas Rojas, VII. 2008 Lapicero de tinta roja sobre papel arches 300gr.  56 x 76 cm. Colección Privada

Niñas Rojas, VII. 2008
Lapicero de tinta roja sobre papel arches 300gr.
56 x 76 cm.
Colección Privada

A l’occasion de cette exposition, l’Aica Caraïbe du Sud vous propose cette conversation de Jorge Pineda avec Carlos Garrido Castellano, membre de l’Aica Caraïbe du Sud

-Carlos Garrido : Que penses-tu de la Biennale de Martinique ?

Jorge Pineda : La biennale de Martinique est la cinquième aux Caraïbes. C’est un moment de réflexion intéressant. Je pense qu’il faudrait créer une sorte de fédération des biennales, afin de tous nous réunir, de gagner les espaces et l’intérêt international, ainsi que la visibilité que nous recherchons tous. Dans quel but ? Au moins pour nous connaître mieux. Pour que cette internationalisation, même si elle reste entre nous, nous aide à respecter davantage et à mieux connaître les cultures des Antilles. Celles-ci sont nombreuses et se sont structurées au fil de 500 ans d’histoire. C’est ce qui nous rend uniques, et ce sont des réalités qui ne sont plus forcément les mêmes que lorsque ce mélange a commencé. Les arts visuels permettent de créer ce discours, et peuvent servir à ça, à nous unir et à faire que nous nous appréciions davantage. Concernant la Biennale, c’est un premier projet, et il y aurait des choses à corriger, mais je sens qu’elle est organisée avec beaucoup de bonne volonté, qu’elle a du potentiel. Et au final c’est un projet culturel, dans tous les sens du terme. Je ne suis pas d’accord avec tout, mais cela n’apporte pas grand-chose. Le plus important est qu’elle ait lieu, avec l’intention de faire au mieux. Nous ressentions tous le besoin de créer quelque chose qui ait une voix propre, et maintenant il reste à entrer dans ce dialogue et à réfléchir. Avec toutes ces bonnes intentions, elle ne peut que s’avérer profitable.

Carlos Garrido : En quoi consistait ton œuvre ?

Jorge Pineda : J’ai présenté deux projets, mais je n’en ai réalisé qu’un. Une pièce nommée El otro… C’est une balançoire sur laquelle on ne peut jouer que seul, mais il faut pour cela équilibrer son poids en la lestant. La compréhension n’est possible que lorsqu’il y a égalité. La tolérance ne suffit pas, car elle implique une supériorité, et que cela suppose une vision paternaliste de l’humanité. Cela ne m’intéresse pas qu’on soit tolérant avec moi. Je veux qu’on me respecte. Même si nous sommes complètement différents… C’est de ça que parle cette œuvre.

Lección de anatomía: Cadáver Exquisito, homenaje a Joseph Beuys. 2013  Esqueleto hecho de tiza, forrado con pan de oro, 2.80m X 50Cm.

Lección de anatomía: Cadáver Exquisito, homenaje a Joseph Beuys. 2013
Esqueleto hecho de tiza, forrado con pan de oro, 2.80m X 50Cm.

C- Comment as-tu commencé à travailler sur l’exposition que tu présentes aujourd’hui en Martinique ?

J- Tout est parti d’une demande de la Fondation Clément, par le biais de Sophie Ravion-d´Ingianni, la commissaire de l’exposition. Je n’ai pas eu assez de temps, mais au départ j’avais envie de réaliser ce projet pour la fin de cette année. À cause de la programmation de la Fondation ce n’était pas possible. J’ai accepté les dates bien que cela implique une difficulté supplémentaire parce qu’il fallait créer un nouveau projet. Depuis février dernier je travaille sur une révision de mes œuvres, qui commence avec l’exposition à laquelle j’ai participé à l’IVAM de Valence. Dans ce cas, j’ai décidé de suivre cette dynamique et de réviser certaines pièces à moitié élaborées ou pensées. Je les ai terminées et j’ai lancé un dialogue sur des projets que j’ai longtemps considéré comme utopiques pour de nombreuses raisons : leur coût, le manque de temps pour les réaliser, le fait qu’ils n’entrent pas dans les expositions que j’étais en train de préparer. Tout ce processus m’a en outre permis de me lancer dans une révision qui s’intègre à un projet que je prépare pour Berlin, et sur lequel je vais travailler au deuxième semestre.

C- La façon dont tu travailles l’élément biologique dans cette exposition a attiré mon attention. Comment en arrives-tu à l’expérimentation que tu montres dans tes dessins et tes sculptures ?

J- Regroupés, ces fractionnements et ces structures qui paraissent très réfléchis sont perçus différemment. C’est quelque chose qui s’est produit de façon intermittente dans ma carrière. Je ne suis pas un artiste qui commence et termine une période. Ma carrière est fractionnée. Il y a des pièces que j’ai créées, reprises, révisées, parce que je pense que lorsque l’œuvre est proche de l’artiste, celui-ci est libre de la transformer. Il me vient à l’esprit la Chambre rouge de Matisse, qui était au départ verte. L’œuvre est un être vivant, et elle peut te demander des changements. Certains ne réagissent pas de cette façon, mais c’est ma nature. Et en tant que maître d’une œuvre, je me sens totalement libre de la modifier. Je pense par exemple à la Chapelle Sixtine. La perception de ce lieu change en fonction du moment où on le visite. Divers processus entrent en jeu, tels que l’histoire, le passé des visiteurs… C’est une des choses qui me passionne le plus. C’est problématique pour les historiens, mais au moins comme ça ils ne manquent pas de travail…

HAPPY, 2012. Dibujo de tinta de lapicero rojo sobre papel Arches de 300 gramos. 1m x 1m.  Colección Privada

HAPPY, 2012.
Dibujo de tinta de lapicero rojo sobre papel Arches de 300 gramos. 1m x 1m.
Colección Privada

C- Je remarque également le degré de spontanéité et d’expérimentation présent dans ces œuvres. Qu’en penses-tu ?

J- Certaines œuvres sont très réfléchies et d’autres très peu, et me viennent comme ça. Le processus est très différent. Chaque œuvre est une entité, avec ses propres lois, et j’essaye d’entrer en résonance avec elle, de la laisser me guider. J’ai l’impression que cette pièce est comme ce qui est arrivé à Dieu avec la création du monde. Il a tout fait, puis le serpent est arrivé et a fait ce qu’il voulait. Le libre arbitre dont sont pourvues les œuvres est un des éléments qui me fascine le plus. J’essaye de me mettre au service des œuvres, et non l’inverse. Je leur laisse toujours une certaine liberté.

C- Comment les œuvres dialoguent-elles avec l’espace de la Fondation Clément ?

J- J’ai eu la chance de pouvoir découvrir l’espace pendant la Biennale. Cela m’a donné de nombreuses possibilités lorsqu’il a fallu décider quelle œuvre choisir, et comment la présenter. J’ai aussi été constamment en contact avec Sophie. Nous avons discuté, nous nous sommes mis d’accord, nous avons tiré des conclusions. Cette capacité de transformation m’intéresse beaucoup, c’est ce qui me fascine le plus dans une œuvre. C’est une petite exposition, composé de seize œuvres, qui pour des raisons pratiques sont surtout des dessins.

Afro Charlie. 2009 Instalación. Figura de una adolescente a tamaño real, tallada en madera policromada, patineta y dibujo al carbón sobre pared.

Afro Charlie. 2009
Instalación. Figura de una adolescente a tamaño real, tallada en madera policromada, patineta y dibujo al carbón sobre pared.

C- Existe-t-il une dynamique commune à ce groupement d’œuvres ?

J- Oui. Ce sont des œuvres créées pendant une période de 4 ou 5 ans. Je les ai développées pendant cette période, et les peintures par exemple terminent une boucle commencée il y a longtemps et dont j’ai fait très peu de versions. Mon œuvre demande beaucoup de travail artisanal, et en ce sens je ne suis pas très prolifique. Les œuvres créent un dialogue intéressant. Les sculptures de la série Afro communiquent avec le fusain… La commissaire a réussi à obtenir un fil conducteur, et on peut l’observer dans l’exposition.

C- Quelles réactions espères-tu provoquer avec cette exposition ?

J- Lorsque je crée une œuvre, je ne pense pas vraiment à ce que j’attends. Je pense à ce qu’elle me donne et à ce qu’elle donne aux spectateurs. J’aimerais que les gens puissent entrer en contact avec l’œuvre, qu’ils puissent dialoguer avec elle. Mais je n’anticipe pas la tournure que prendra ce dialogue. Je n’attends pas l’approbation, mais le dialogue.

Niñas Rojas, Rafa. 2008 Lapicero de tinta roja sobre papel arches 300gr.  56 x 76 cm. Colección Privada

Niñas Rojas, Rafa. 2008
Lapicero de tinta roja sobre papel arches 300gr.
56 x 76 cm.
Colección Privada

C- Peux-tu me parler des tes projets futurs ?

J- Je ne sais pas, vraiment. Je prévois mon organisation pour l’année entière, mais je n’anticipe pas les résultats, je ne projette pas ce que j’aimerais avoir. Je me contente de faire le plan, et je laisse la vie me surprendre. Travailler en Martinique a cela de spécial que ça me met face à un public qui m’est très cher. Il y a quelques années, j’ai donné un cours à l’IRAVM, et ce fut une expérience très enrichissante. J’ai pu montrer mon travail et dialoguer avec des personnes en formation, dont la carrière est aujourd’hui lancée. C’est un luxe que j’aimerais conserver. Je vais également pouvoir poursuivre cette conversation, et cela me fait très plaisir de me retrouver avec des personnes qui me connaissent mieux que mon travail.

Lección de anatomía: Cadáver Exquisito, homenaje a Joseph Beuys. 2013  Esqueleto hecho de tiza, forrado con pan de oro, 2.80m X 50Cm.

Lección de anatomía: Cadáver Exquisito, homenaje a Joseph Beuys. 2013
Esqueleto hecho de tiza, forrado con pan de oro, 2.80m X 50Cm.


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