Paroles de Créa : L’interview de phil2012

Pour ce nouveau Paroles de Créa, nous vous présentons un créatif spontané et sympathique que certains connaissent déjà : phil2012.
Peu avare de détails, il joue le jeu de l’interview à fond : voyage au cœur de l’Espagne

@phil2012,
Membre de Creads depuis août 2012

- Bonjour phil2012, peux-tu te présenter ?

Bonjour à tous. Je m’appelle Philippe, comme l’indique mon pseudo peu original que j’ai créé sans trop y penser, il faut dire.
Je suis né à Paris. J’ai vécu toute mon enfance à Reims (Champagne). Ensuite j’ai commencé mes études aux Beaux-Arts de Perpignan, où je ne suis resté que deux ans, vu que je suis parti à Paris où j’ai étudié quatre ans à L’ENSAD (École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, soient « Les Arts Déco »). Je me suis spécialisé en communication visuelle (graphisme et publicité). Une fois mes études achevées, pour une raison sentimentale, je suis parti pour l’Espagne où je suis resté jusqu’à aujourd’hui et où j’ai commencé ma vie professionnelle en travaillant dans différentes agences de publicité et de marketing direct.

En ce qui concerne mon style et ma personnalité, je dirais que je suis plutôt de la vieille école et suis donc plus familiarisé avec le Flat Design, même si les modes font que l’on doive s’adapter aux nouvelles tendances. Question couleur, j’adore le bleu (en espagnol on dirait de manière humoristique que j’ai l’azulitis : maladie du bleu). Je suis gaucher, même si j’utilise la souris avec la main droite, dû au fait que j’ai appris à utiliser l’ordinateur dans une agence ou il n’y avait qu’un seul ordinateur pour plusieurs directeurs artistiques. Donc comme la plupart des gauchers, je me suis habitué au monde des droitiers. Pour l’anecdote, cela me permet d’utiliser le stylet de la tablette graphique pratiquement en même temps que la souris : une main dessine, l’autre choisit les outils. Mais je ne fais pas ça souvent.

- Tu es comme plusieurs créatifs domicilié en Espagne. (voir l’interview de ORD par exemple). Même question : Comment s’y déroule ta vie de graphiste là-bas ?

Le monde des graphistes en Espagne a pas mal souffert avec la crise; en réalité, le monde de la publicité souffre depuis 1991, même si peu de monde le sait. Les temps en Espagne sont assez durs : les agences de publicité et studios de graphisme disparaissent régulièrement, sans parler des imprimeurs qui mettent la clé sous la porte. Moi-même je peux dire que je me suis retrouvé à la rue deux fois de suite, lorsque chaque agence a dû fermer ses portes. Je dirais même que mes trois dernières agences ont coulé. Ce qui a provoqué que je me mette à mon compte plus ou moins forcé. Mais les temps sont difficiles, les prix bas, les clients exigeants. Ils marchandent sans aucun scrupules, et donc depuis trois ans j’ai décidé de donner des cours de français en parallèle. Comme quoi, je ne peux pas dire que j’ai trouvé la stabilité. Ce qui m’a poussé à chercher des concours de graphisme et a fait que je suis tombé sur Creads dont me parla une amie résidente en France.

Pour parler de Creads, j’aime beaucoup voir les idées des autres, surtout quand moi-même je n’ai pas participé ou que mon inspiration n’était pas dans un de ses meilleurs jours. Il me suffit de voir une bonne idée, une belle réalisation, ou quelque chose complètement différent de ce que je pouvais imaginer pour y trouver une certaine satisfaction.

- Tu résides à Torrelodones, il y a des lieux où tu aimes passer du temps / quel endroit conseillerais tu de visiter ?

J’habite Torrelodones, une petite ville proche de Madrid (à 30 km – pour nous c’est proche vu que la plupart des gens travailler à Madrid) et à mi-chemin sur la route qui va de Madrid à Saint-Laurent de l’Escurial, célèbre pour son monastère. C’est l’idéal : on se sent à la campagne, proche de la nature et en même temps pas tellement loin de la capitale et de son activité économique et commerciale. C’est bien moins stressant. Pas besoin de partir à la campagne le week-end comme le fond beaucoup de Madrilènes en quête d’évasion.

Sinon, en Espagne j’aime plus particulièrement les régions comme la Costa Brava (Catalogne) pour ses plages et ses criques, ainsi que Minorque, île des Baléares qui est la moins envahie par les touristes et qui a pu garder son cadre naturel intact.

À part ça, je recommande la visite des villes comme Séville, pour sa culture méridionale, sa lumière et sa culture pleine de vie, Valence pour son caractère méditerranéen, sa paella, ses « Fallas » (fête typique du mois de mars) et son architecture futuriste, Barcelone pour son mélange culturel et le monde de Gaudi, Tolède pour son caractère historique, Grenade pour son Alhambra et enfin Madrid où la zone des musées et les quartiers du centre ville sont faits pour se promener et où on peut prendre un pot avec les amis dans les multiples cafés pour déguster le jambon Jabugo (delicatessen) ou fromage typiques, sans parler de la vie nocturne tant enviée par l’Europe entière, durant laquelle il est possible de ne jamais se coucher et de faire la fête jusqu’au petit matin, heure ou les gens enchaînent avec un chocolat et des churros avant de rentrer chez soi pour aller dormir.
Ici les gens ne se couchent pas avec les poules, c’est le moins que l’on puisse dire. Quand on a vécu un peu en Espagne, on trouve que, dans les autres pays, tout s’arrête trop tôt. Ici certains magasins ouvrent jusqu’à 22 h, ainsi que le dimanche.
En dehors de ça, en Espagne, le tutoiement est relativement facile, ce qui m’a d’ailleurs mis dans des situations parfois délicates en revenant en France où je me suis surpris à tutoyer des gens sans m’en rendre compte, contrairement à ce qu’exigent les règles d’éducation en France.

- Quelles sont les trois qualités qu’un graphiste doit avoir selon toi ?

Je pense, bien que tout soit relatif, qu’il est nécessaire avoir une certaine curiosité d’esprit, essayer d’aller toujours de l’avant en quête de nouvelles voix et idées, et absorber avec tous ses sens ce que l’on perçoit autour soi.
Je crois que le graphiste devrait être généreux, et avoir ce potentiel d’échanger ses idées, à la manière où certains groupes d’écrivains se retrouvaient autrefois dans un café pour parler de tout et de rien.
La troisième qualité serait peut-être son pouvoir d’adaptation aux temps qui n’arrêtent pas de changer et donc d’évoluer.

- Un livre, un film qui t’as marqué récemment ?

Je suis un inconditionnel d’Haruki Murakami (par exemple : La trilogie de 1Q84), et de Daniel Pennac (la saga de la famille Malaussène, par exemple : Au bonheur des ogres, La Fée carabine, La petite marchande de prose), pour citer deux auteurs de styles différents. Pour citer deux auteurs espagnols, j’aime bien Miguel Delibes pour son regard sur la vie rurale, mais aussi Carlos Ruiz Zafón pour ses histoires fantastiques. Question films, je suis plutôt attiré par les films fantastiques ou de science fiction où l’imagination et la créativité sont mot d’ordre. On ne se corrige pas.

- Tu as des projets en cours, veux-tu nous parler de ton travail ?

Actuellement, je travaille sur un projet d’identité visuelle d’un vin espagnol qui se veut haut de gamme.

- Un jeu de BD humoristique, nommé Comic Strip Contest a lieu actuellement sur Creads.
La BD te plaît et pourrais-tu y participer ?

J’aime beaucoup le monde de la BD. Astérix et Tintin ont été les BD de mon enfance. Ça marque. Aujourd’hui, je privilégie parfois plus le côté DESSIN à celui de l’histoire. Je suis un inconditionnel de Druillet et de Bilal qui ont marqué mes années d’adolescent et d’étudiant par leur manière différente d’avoir abordé le monde de la BD. Il y a deux ans j’ai même fait un saut au salon d’Angoulême, qui a été une expérience très enrichissante. Je le recommande absolument.
Même si j’ai toujours dessiné, je ne suis pas trop bon en ce qui concerne les personnages, mais le projet me tente et je le vois comme un défit de plus. Donc je vais essayer.

- Peux-tu nous partager une photo de ton lieu de travail ?