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Rake (2014) : l’anti-héro puissance dix

Publié le 15 février 2014 par Jfcd @enseriestv

Rake est une nouvelle série diffusée depuis la fin janvier sur les ondes de FOX aux États-Unis et Global au Canada. Au cours des épisodes, on suit Keegan Deane (Greg Kinnear), un avocat de Los Angeles qui passe presque autant de temps au casino ou dans les bars qu’au travail. Ce quarantenaire adolescent se voit toujours confier des causes désespérées qui sont d’ailleurs à son image, alors qu’il tente mollement de prendre ses responsabilités. Remake d’une série australienne du même nom, Rake est une dramédie sympathique, mais qui ne va pas pour le moment au bout de son potentiel. C’est qu’après trois épisodes, on reste ambivalent quant au personnage principal, sur lequel repose l’entièreté de la série. De plus, on se demande si celle-ci pourra durer à plus long terme en raison des cotes d’écoute moyennes.

Rake (2014) : l’anti-héro puissance dix

Looser ou génie?

La première chose qui déconcerte le téléspectateur en regardant Rake est l’incapacité de Keegan à gérer comme un adulte ses relations avec les femmes qui l’entourent. Divorcé depuis quatre mois, il continue de fréquenter son ex, Maddy (Miranda Otto) pour séances de thérapie puisqu’elle est psychiatre, tout en se montrant jaloux de son nouveau conjoint Bruce (Jeffrey Nordling). Il entretient en même temps une relation avec Mikki (Bojana Novakovic), une prostituée envers qui il a des sentiments, mais qu’il continue de payer. Enfin, il peut toujours compter sur Leanne (Tara Summers) son assistante qui ne cesse de veiller sur lui, mais à qui il doit plusieurs mois de salaire. Les autres femmes qu’il rencontre ne sont que des aventures de passage qu’il oublie aussi vite que ses dettes. C’est qu’en plus de devoir 59 000$ à un prêteur, il s’est fait barrer du casino où il perdait des sommes importantes, mais continue tout de même à participer à des soirées de poker privées, sans pour autant se renflouer.

C’est dans son travail qu’il parvient à nous inspirer quelque sympathie, puisque comme il le dit, on lui confie toujours des causes jugées perdues d’avance, et celles-ci affluent : tueur en série qui se proclame innocent, un amish qui agresse son beau père ou encore une mère de famille qui a prétendu que son jeune fils était cancéreux afin de pouvoir jouer dans les casinos l’argent remis par la compagnie d’assurance. On se rend vite compte que c’est un peu lui qu’il défend à travers ces causes : dépendances en tout genre et surtout ses problèmes de cœur qui ne sont pas près de se résorber, etc. Il faut tout de même lui donner crédit : il livre des plaidoyers qui tiennent la route et réussit surtout à faire flancher le jury. Mais ces succès reflètent-ils ses convictions ou alors quelques ambitions personnelles?

Rake (2014) : l’anti-héro puissance dix

Un équilibre précaire

Dans son article, Brian Lowry résume fort bien l’enjeu principal qui déterminera l’avenir de la série : « it’s [Rake] one of those concepts that should be viewed with a degree of skepticism, since the balance of the protagonist’s shambles of a personal life and his seat-of-the-pants courtroom heroics are so delicate ».  En effet, Keegan gagne la plupart de ses causes et reste quand même très apprécié de ses proches. Criblé de dettes, il se rend à la soirée de charité organisée à l’école de son fils avec 15 000 $ en poche grâce à un gain au casino. Au lieu de rembourser des prêteurs de plus en plus impatients ou de payer son loyer, il décide de tout mettre sur une œuvre banale placée aux enchères… mais seulement parce que Bruce voulait aussi l’acheter pour Maddy. Dans la même veine, il confie à son assistante à propos d’une cliente :« I don’t need them (le jury) to find her innocent, I need them to find her not guilty… and she can’t be guilty if she’s innocent ». C’est ce genre de phrases qui résume assez bien Rake et l’unicité du  personnage principal : Keegan est à la fois responsable de ses actes, mais victime de plusieurs malchances. Il fait plaisir aux autres, en libère même quelques-uns d’une justice excessive, mais rien dans ce qu’il fait n’est désintéressé.

Le principal problème avec Rake, c’est que depuis trois épisodes, on exploite un peu trop son côté comédie et il serait temps d’y insérer des moments plus poignants question d’apporter plus de profondeur à la série. C’est qu’au fil des émissions, Keegan s’enfonce de plus en plus dans les problèmes, mais ne semble jamais payer pour ses erreurs. Non qu’il doive nécessairement s’assagir, mais peu à peu, les mises en situation commencent à prendre des proportions un peu trop clownesques pour être crédibles. Et la série ne se veut pas une parodie.

Lors de sa première, Rake a attiré presque 7 millions de téléspectateurs, mais en perd un million par semaine, si bien que les producteurs doivent avoir hâte que la série se stabilise avant de prendre une décision quant à son avenir. Pourtant, la version australienne sur ABC1 fonctionne très bien et a déjà cumulé trois saisons.  Le fait que la version américaine soit diffusée sur une chaîne généraliste ne lui sert pas non plus puisque comparé au câble, on a toujours l’impression que celle-ci s’autocensure; qu’elle cherche trop à rester dans le conventionnel. En regardant la bande-annonce australienne, on est presque désolé de ne pas avoir eu d’abord accès à la version originale.



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