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Publié le 16 février 2014 par Frontere

Nouvel article(Jean-Paul Boré a fait un tabac lors de la présentation de sa liste à l'Holiday Inn, créera-t-il la surprise le soir du 1er tour?)

L'élection municipale à Nîmes ne semble guère passionner les foules. Les militants politiques - à l'exception des jeunes du Front national très présents - on ne les voit guère. Les candidats? "Je n'en ai vu aucun" me disait hier mon boulanger du centre ville.

Les programmes se ressemblent, ils comportent beaucoup de généralités, du style : "Il faut dynamiser le centre ville", y'a du taff!, "combattre l'insécurité", "construire des logements sociaux" (le Front de gauche veut en créer 1 500 en 6 ans!), "se préoccuper des personnes âgées", de la bouillie pour chat!

Il est vrai que l'équipe sortante U.m.p. - U.d.i., avec le redoutable triumvirat Jean-Paul Fournier (sénateur-maire) - Yvan Lachaud (ancien député "Nouveau" centre, mais qui dans l'esprit me paraît proche du C.n.i.p.) - Franck Proust (député européen), n'a pas vraiment de souci à se faire. Depuis la conquête de la ville la droite a toujours su jouer groupée. Son potentiel électoral de 1er tour est de l'ordre - a minima - de 40%. Certes, elle est flanquée sur sa droite par le F.n. mais la tête de liste de ce parti - Yoann Gilet - est quasiment inconnue à Nîmes où son score devrait tourner autour de 15% ; l'ancien leader local, Julien Sanchez, a préféré se présenter à Beaucaire où il pourrait l'emporter (dans cette ville il a obtenu aux élections législatives 36% des voix).

À gauche pas moins de 4 listes : la liste de Françoise Dumas, député P.s. (Gard, I), la liste Front de gauche de la conseillère municipale, Sylvette Fayet (P.c.), la liste du conseiller régional Jean-Paul Boré (ex. P.c.), la liste d'Éric Firoud (ex. MoDem) Les écologistes, divisés en deux blocs à peu près égaux, se partagent entre la liste Dumas, choix de mon ami Alain Fabre-Pujol et la liste Fayet.

L'ensemble peut espérer grosso modo 42% des voix au 1er tour : autour de 20% pour Françoise Dumas, 11% pour Sylvette Fayet, 7% pour Jean-Paul Boré, 4% pour Eric Firoud.

Il faut savoir que les deux principaux partis de gauche P.s. et P.c. n'ont eu depuis 1965 qu'une obsession : plumer leur allié, gagner la mairie n'était qu'un objectif secondaire. Mais le P.c. est désormais très affaibli, depuis 2008 il a perdu successivement le conseiller général¹ Christophe Cavard, devenu député ( Gard, VI) Europe-Écologie Les Verts, Jean-Paul Boré qui a créé une association citoyenne, puis récemment Catherine Bernié-Boissard, toujours encartée au P.c. mais qui vient de rejoindre la liste de Françoise Dumas.

Le P.s. a réussi son pari : affaiblir le P.c. (ancien député-maire de Nîmes de 1995 à 2001, l'excellent Alain Clary obtenait encore 21,78% en 2008) mais à quel prix! Quand au lendemain du 1er tour les amis de Sylvette Fayet, après une nuit de négociation, appelleront à voter pour la liste Dumas après avoir obtenu - et c'est logique - de nombreuses places sur sa liste (de 12 à 15), qui pourra croire à la sincérité de ces retrouvailles? Et j'évalue à 15% environ le nombre d'électeurs du Front de gauche du 1er tour qui votera blanc ou nul. L'électorat centriste, lui, effrayé par le retour des communistes à la mairie, votera massivement pour Jean-Paul Fournier.

Bref, un véritable gâchis. C'est pour cette raison que j'aurais souhaité un accord MoDem - P.s. - liste Boré dès le 1er tour, des pourparlers s'étaient engagés et semblaient sur le point d'aboutir, une dizaine de places étaient promises au MoDem... Mais l'arrivée de Catherine Bernié-Boissard, conseillère municipale communiste, qui ne représente qu'elle même selon Pietro Truddaiu, directeur de campagne de Sylvette Fayet, a tout fait capoter. Il est vrai que, comme Françoise Dumas, Catherine Bernié-Boissard est à la fois protestante et aficionada...

Philippe Berta, président du MoDem 30, brillant universitaire, a le tort de n'être ni l'un ni l'autre. Pourtant, à la tête d'une liste en 2008, il avait obtenu 8,72%, soit près de 4 000 voix ce qui est loin d'être négligeable.

Vous l'avez compris : l'alliance du temple et de l'arène a été fatale à un accord P.s. - MoDem. Car, à Nîmes, toutes les têtes de liste (il y en a 8²) doivent comparaître devant la coordination des clubs taurins, je crois que c'est un exemple unique en France. Quant à la société protestante - j'ai du mal ici à l'appeler "haute"! - qui avait réussi à imputer aux communistes l'échec de l'installation d'I.B.M. à Nîmes³ au milieu des années soixante, alors qu'en réalité les patrons protestants avaient peur du mauvais exemple que donnerait cette entreprise américaine en matière de salaires... très bas ici, elle a préempté le résultat de l'élection municipale, le vainqueur quel qu'il soit sera protestant.

Dans ses Mémoires d'outre-tombe Chateaubriand évoque ainsi son passage à Nîmes :

« Je revins par le Languedoc et la Gascogne. À Nîmes, les Arènes et la Maison-Carrée n'étaient pas encore dégagées ; cette année 1838, je les ai vues dans leur exhumation » (Mémoires d'outre-tombe, tome II, livre quatorzième, chapitre 2)

Mais cruel, il écrit aussi : « Le protestantisme n'est en religion qu'une hérésie illogique ; en politique, qu'une révolution avortée » (id., tome III, livre vingt-sixième, chapitre 1).

M. Fr.

Notes

¹ En accord avec ses principes Christophe Cavard vient de démissionner du Conseil général du Gard
² Deux autres listes, sans étiquette, seront présentes : celle de Élizabeth Pascal (ancienne conseillère régionale M.n.r.) et celle de Jean-Louis Wolbert, un pharmacien qui ne se revendique d'aucun parti
³ I.B.M. choisira finalement la ville de Montpellier


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