Magazine Société

Comment je ne suis pas devenu expert chez Terra Nova

Publié le 13 mai 2008 par Edgar @edgarpoe
Il y a de cela quelque temps, je déjeune avec un ami, membre de l'un des grands corps que la planète nous envie. Petit tour d'horizon, tout va bien. Il me parle d'un futur think tank qui va enfin remplir le vide d'idées à gauche, avec un million d'euros de capital et une pléiade d'experts pour refaire le monde en grand. L'objet sera d'arroser en idées et notes toute la gauche, de la LCR au Modem. Il me propose d'en être. Par honnêteté, bravacherie, amusement, je lui indique que oui, bien sûr, ça m'intéresse. Il y a juste un petit problème, je suis devenu totalement opposé à la construction européenne. Ah... Bon, c'est dommage m'explique-t-il, ça va pas l'faire. Je retiens qu'il s'agira donc d'arroser large mais à partir d'un petit tuyau... Aujourd'hui je comprends que j'étais à deux doigts de faire partie des "experts progressistes à haut potentiel, issus du monde de l’entreprise, de la fonction publique, de la recherche ou des milieux associatifs, et spécialistes des politiques publiques"... Caramba... Le truc en question s'appelle donc Terra Nova, la fondation progressiste. Il y a un site internet, pour tous les détails. A priori, à voir les équipes, ça sent le truc qui va ronronner grave. Non pas que la fondation n'accueille pas des individualités fort respectables, mais ça sent tellement l'élite parisienne qu'on voit mal ce qui peut sortir de cela. Le premier groupe, qui réfléchira sur des primaires à la française, sera animé par un communicant, avec des vedettes comme Olivier Duhamel et Stéphane Rozès. On peut peut-être attendre plus des notes courtes, non signées, rédigées par les experts. Par exemple l'intéressante note sur les jeux d'argent. Pas du tout d'accord avec l'argument de l'innocence européenne dans l'ouverture des jeux à la concurrence qui se prépare en France (même si l'Europe n'était qu'un prétexte à la libéralisation forcenée de toute activité, il faudrait, pour cette raison seule, cesser d'y participer.), mais la note est factuelle et argumentée. Bon, beaucoup de prétention dans cette fondation qui se veut définitive (La Fondation, comme si la Forge, Copernic, Res Publica ou même le tiède Telos n'existaient pas). D'un simple point de vue technique, un peu de modestie s'impose pourtant. Ainsi, quand on cherche le site de la fondation, il est tout sauf bien référencé et l'on fait des rencontres étranges : ou encore : Par ailleurs, pour une fondation au capital de 1 million d'euros, ils auraient pu s'offrir un flux RSS dans leur site, on peut en avoir pour pas cher en ce moment... Cette maîtrise relative d'internet doit s'expliquer par le fait que le seul et unique mécène recensé pour le moment est le très progressiste groupe ... Microsoft. (à lire aussi, le billet consacré à ce navire amiral de la pensée progressiste chez MC, chez Radical Chic (qui a défendu Ségo bec et ongles pendant la présidentielle mais a dû manger du topset depuis), ou chez Intox 2007). Bon. Rien n'interdit de penser que quelque chose de bien sortira de cela, mais ça ne paraît pas très bien engagé...

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Edgar 4429 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine