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Inspiration, sérendipité et curation

Publié le 18 février 2014 par Christianpoulot @lemodalogue

Comment passe-t-on de la campagne été 2014 (ci-dessus), fortement empreinte de surréalisme, de Kenzo à une série de pochettes hantées par les toiles de René Magritte, du groupe new-wave-art-rock des années 80 Talk Talk…

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… au tableaux Le siècle des Lumières (1967) et Shéhérazade (1947) de René Magritte?

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À l’aube du XXIe siècle nous sommes tous des curators…

Naviguer sur internet… Suivant les lois de la sérendipité, les images surgissent s’enchaînent, chaotiques, obéissants aux algorithmes froids. Submergés, on classe, on tag, on pin fièrement tel un bon petit ouvrier de la Matrice, commissaires d’exposition de notre propre show sur la Toile. Tous curators…

Peut-on donner du sens à notre boulimie iconographique et visuelle?

On néglige souvent de créer du sens aux agencements que l’on crée (ou alors on ne sais pas comment). Il faut un réel engagement pour que les images se rencontrent avec une signification. Cette navigation has(hard)euse peut à la fois être dérangeante ou heureuse, tout dépendant du point de vue où l’on se place. Je me souviens d’une recherche récente sur une jeune créatrice d’objets de luxe qui me renvoyait systématiquement les images des ébats d’une actrice porno… Cohabitation délicate.

Stop ou encore?

Comment sortir de cette spirale exploratrice? comment éviter de naviguer au hasard, d’image en image en espérant trouvant l’île au trésor? Apprendre à naviguer à créer une méthodologie afin d’éviter le piège grisant de trouver ce que l’on ne cherche pas et qui tout à coup revêt un caractère primordial.

Retour au réel, ma brève déroute nocturne, de Kenzo à Magritte, avec comme fil rouge le Surréalisme, porte mon regard sur le magazine surréaliste Permanent Food (photos ci-dessous), créé par l’artiste italien Maurizio Cattelan et Paola Manfrin, que j’ai reçu il y a peu de temps.

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La revue (réincarnée en Toilet Paper en 2010) compile des photos glanées dans les magazines et mises en regard sur chaque double page. Aucun crédit, aucune référence, tel un moteur de recherche manuel, les images s’entrechoquent, en apparence au hasard, de manière brutale, poétique ou ironique. Même aléatoire, d’après l’artiste, la démarche n’est pas dénuée de sens artistique et les calculs sémantiques des moteurs de recherche actuels n’en sont pas encore à ce niveau de sophistication. Chaque page tournée nous interroge, provoque notre intelligence, voire nous inquiète car on redoute la prochaine association… On peut établir un parallèle avec le travail de Raymond Depardon (ici) réalisé entre 2004 et 2010 et celui des Google Street View. L’un est intentionnel, l’autre systématique, à sujet identique résultat différent.

La sélection d’image de Permanent Food, parce qu’elle est manuelle et donc forcément engagée (car elle fait suite à un choix) est hautement plus disruptive qu’un moteur de recherche avec Safe Search désactivé…

Nos sérendipités et nos classements sur les board à succès sont malheureusement loin de provoquer de tels émois, faisant de nous des curators du néant.


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