Après avoir fait ses armes auprès de grands chefs étoilés, effectué un voyage au Japon formateur et inspirant, Jacky Ribault a ouvert en 2010, à Paris, Qui Plume la Lune petit restaurant de 26 places assises à deux pas de Bastille.
De retour d’un dîner dans ces lieux, je visite le site internet dans le souvenir de ce récent et savoureux moment de gastronomie. Au travers de rubriques classiques (Qui ? Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Où et Quand ?), le site internet dévoile les indications nécessaires pour comprendre le concept du lieu incarné par son Chef. Mis en ligne récemment en ce début d’année, outre cette entrée en matière classique quant à l’architecture de l’information et sa présentation, ce qui m’a frappé est le texte. Le texte qui raconte le Chef, celui qui décrit l’équipe et les Producteurs, ou encore celui qui met en appétit et annonce l’ambiance. Derrière chaque mot, nous sentons la présence du Chef, sa personnalité, l’âme de son restaurant et ses grands principes (respect et qualité du Produit notamment). Nous devinons la présence de Jacky Ribault sur chaque page, auteur passionnée de sa cuisine, désirant nous la conter.
"En fin de marché j’avais le droit de « jouer au client ». Je faisais le tour du stand et mon père, le sourire aux lèvres et l’œil espiègle, m’autorisait à prendre tout ce que je voulais. Les bras chargés de mon trésor, je rentrais à la maison pour faire la cuisine. Je créais des recettes, souvent ratées, il faut bien le dire. Il m’est arrivé de faire des choses tellement improbables, que les manger aurait été risqué ! Mais je trempais mes doigts pour goûter, fier comme un paon, avant la cruelle déception…
A la maison, nous avions des bêtes : vaches, cochons, moutons, lapins, poules… bref une vraie ferme. A 7 ans j’avais même un élevage de faisans et mon propre potager. Petit, papa m’a appris à nourrir des pigeons ramiers à la bouche. C’était ma passion, que dis-je, notre passion ! La nuit quant une vache était prête à vêler, mon père venait vite me réveiller pour que j’assiste à la naissance, et le cas échéant, que j’aide le veau à venir. Mais l’évènement c’était le jour où on tuait le cochon. J’aidais mes parents à récupérer le sang pour faire le boudin tandis que ma mère préparait les saucisses, pâtés et autres rillons… Nous faisions aussi notre cidre et notre beurre que j’aime baratter.
Pour les vacances, quand je ne partais pas « en colo », je les passais à la maison et chez notre voisin François à faire les blés et les foins. C’était la grande fête de l’été, à se piquer les mains en ramassant les bottes. Assis dans la remorque du tracteur sur une montagne de foins, j’étais « le roi du monde » - à chacun son Titanic !!"
Si vous ne deviez découvrir qu’une seule page, lisez celle-ci : http://www.quiplumelalune.fr/qui/le-chef
Pourquoi ne pas mettre un peu plus d’âme dans nos sites internet ?
Transportez vos lecteurs et instillez de l’émotion dans vos écrits, je trouve l’exemple de ce site très inspirant du point de vue de son écriture !
"Le restaurant…Un lieu "capitale"
C’est un petit nid douillet de 26 places assises que nous avons voulu chaleureux et raffiné.
Notre but était que les gens ne se retrouvent pas dans un décor fait part un designer.
Non pas que nous avons quelque chose contre eux, bien au contraire, mais nous désirions quelque chose de plus personnel et à notre image, comme si vous étiez invités à diner chez des amis. Nous voulions également respecter une certaine authenticité quant au choix des matériaux utilisés pour s’accorder au mieux à l’éthique de notre cuisine.
C’est pourquoi ma femme a fait la décoration en se basant sur ce que nous appelons les matières nobles, à savoir brutes et naturelles : le bois, la pierre, le verre, le cuir… De beaux matériaux à l’image de beaux produits. Espérons que vous vous sentirez bien chez nous."
Avez-vous d’autres exemples à l’esprit ?