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2014, année chinoise ?

Publié le 22 février 2014 par Copeau @Contrepoints

Par Alex Korbel.

Chine
Bien que son essor économique ait incité certains commentateurs à déclarer que le 21ème siècle serait celui de la République populaire de Chine, ce pays doit faire face à de très nombreux problèmes structurels.

Face aux 9 crises chinoises…

Les autorités locales sont criblées de dettes à cause d’une folle course au crédit lancée pour sortir le pays de la récession en 2008. La croissance reste trop dépendante des investissements dans les infrastructures et l’immobilier par rapport à la consommation. Le résultat est que le capital dans son ensemble est massivement mal alloué.

Mais ce n’est pas tout. Technologiquement, la Chine a besoin de progresser dans la chaîne de valeur ajoutée. Les entreprises publiques ont beaucoup trop de poids. L’agriculture est à la traîne alors que la hausse des salaires augmente la demande alimentaire. Et en ce qui concerne les chiffres officiels, le premier ministre Li Keqiang a admis que les statistiques du gouvernement étaient « fabriquées ».

L’environnement a été sacrifié par un État dirigiste. Le régime ayant donné priorité à l’expansion industrielle sur la protection des droits individuels, la pollution est devenue un problème majeur. Les brouillards toxiques du nord du pays sont devenus célèbres dans le monde entier et une étude internationale a conclu que l’air vicié réduisait l’espérance de vie de 5,5 ans en moyenne dans les villes chinoises septentrionales.

Les failles du planisme et de la corruption étatique nourrissent une défiance sociale. L’évolution démographique, résultat de la baisse de la fécondité et de la politique de l’enfant unique, conduit à ce que moins de jeunes entrent sur le marché du travail alors que les gens vivent plus longtemps dans un pays qui manque de soins appropriés pour les personnes âgées. Les nombreux scandales alimentaires ont nourrit la défiance que la population entretient envers l’appareil d’État.  Le système juridique est aux ordres du régime.

… l’État a choisi la voie de la répression…

Toute idée de réforme politique a disparu de l’ordre du jour et la répression des dissidents a été renforcée, symbolisée par la peine de prison de 11 ans que le lauréat du prix Nobel de la paix Liu Xiaobo doit écoper pour avoir appelé à la démocratie.

L’explosion le 28 octobre dernier sur la place Tiananmen d’une voiture apparemment conduite par des Ouïghours du Xinjiang est un rappel de l’opposition existante entre les musulmans turcophones de cette région de l’ouest, riche en ressources énergétiques, et les Han, ethnie dominante dans l’appareil d’État.

Dans le même temps, depuis 2009, plus de 100 moines tibétains se sont immolés en protestation contre le contrôle chinois du Tibet.

En raison du morose économique occidental, nous voyons généralement la Chine à travers une lentille économique mais la clé de son avenir est politique.

Malgré le fait que la République Populaire n’organise pas d’élections ouvertes pour décider de choix collectifs, les choix politiques auxquels Xi Jinping est confronté sont aussi importants que ceux auxquels doivent faire face les autres leaders mondiaux.

Le changement récent de personnes de leadership au sein du parti communiste chinois, organe tenant les rênes du pays, ne doit pas faire croire que l’orientation politique est en train de changer. En République Populaire, la priorité absolue est que le Parti Communiste conserve le monopole du pouvoir.

… mettant en péril toute transition pacifique

Les gouvernements occidentaux et les gens d’affaires évitent de mentionner la nature communiste dictatoriale du régime et préfèrent parler de la Chine comme s’il s’agissait d’un État apolitique.

Mais les choix de Xi montrent clairement où sont ses priorités : renforcement du contrôle du sommet vers la base au sein du parti et renouveau des sessions d’autocritique. Les rarissimes libéraux chinois appelant à ce que la constitution chinoise soit simplement respectée sont traités comme subversifs.

Ce contrôle fait partie de l’ADN du régime et serait diminué par une politique de réformes correctement mise en œuvre. Libérer la propriété foncière, le système d’enregistrement des ménages, le secteur financier, le système énergétique et la tarification de l’eau, exposer les entreprises publiques à la concurrence reviendrait à affaiblir le pouvoir de l’État communiste.

Qu’ils soient dirigeants de grandes entreprises d’État ou membres du gouvernement, de puissants intérêts particuliers s’opposeront à tout changement dans un système qui leur a assuré la fortune.

Car une fois qu’un hypothétique processus de libéralisation serait enclenché, où s’arrêterait-t-il ? Que demanderait la jeune classe moyenne urbaine, habituée des téléphones mobiles et connaissant la diversité du monde via leurs voyages, leur éducation et Internet ?  Que faire si la croissance économique sur lequel le régime fonde sa prétention à régner se ralentissait ?

Comment le parti communiste chinois réagira-t-il à ce nouveau monde ? Prendront-ils le risque du changement ou s’enfermeront-ils dans un bunker autoritaire ?


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