Magazine Amérique du nord

"Développeur, sacré meilleur métier outre-Atlantique" et en France, on en pense quoi des Devs?

Par Sylvainkalache

Hier, Le JDN a publié un article avec un titre qui ne m'a pas étonné, mais qui m'a fait réagir: "Développeur, sacré meilleur métier outre-Atlantique".

Malheureusement l'article ne fait aucune comparaison avec la France, je vais donc le faire.

Aux US et encore plus en Californie, les développeurs sont rois et pour cause. San Francisco a l'un des taux de chômage les plus bas du pays, l'économie est florissante, des transactions de $16 milliards se font entre entreprises technologiques et toute cette activité est dûe à l'industrie tech.

Rappelons que les géants de la vallée ont été créés et sont dirigés par des ingénieurs:

  • Google avec Larry Page et Sergey Brin;
  • Twitter et Square avec Jack Dorsey;
  • Facebook avec Mark Zuckerberg.

Dans cette émulsion, il y a beaucoup de Français qui réuissisent:

Au pays du camembert que j'affectionne tant, les développeurs sont considérés comme des "ressources", des salariés qui sont là pour exécuter.

Plus précisément, un développeur français aura des tâches à exécuter suivant un cahier des charges auquel il n'aura pas contribué. Par comparaison, aux USA, les employés sont souvent amenés à résoudre des problèmes ou ont un objectif donné, mais la façon d'exécuter la tâche est à leur discrétion. Un ingénieur français m'a même expliqué que la direction l'avait rappellé à l'ordre pour trop exprimer ses bonnes idées, ce qui perturbait ses supérieurs... Affolant.

On peut aussi parler des "hackdays internes" qui sont absents en France. Ces journées dédiées à l'innovation, ont par exemple permis à Google de sortir le produit Gmail, le service d'email le plus utilisé au monde. Les boites US ont bien compris que les ingénieurs avaient de supers idées et pouvaient de plus les réaliser "pour le fun".

Le fait que le travail ne soit pas très stimulant n'est pas le seul problème. Les salaires ne sont pas non plus mirobolants. Si on prend les chiffres de l'EPITA, sur la sortie d'école, la moyenne des salaires est à €37k quand elle est à $100k aux États-Unis. A cela s'ajoute le fait que la plupart des entreprises tech US vous donnent des parts dans la société. Cela peut être sous la forme de stock options ou d'actions en bourse, un argument de plus pour motiver les ingénieurs à faire du bon boulot.

Ne soyons donc pas étonnés que de plus en plus de talents français construisent leur avenir à l'étranger.

Dernièrement le gouvernement Français a lancé une bonne initiative, La French Tech qui pourrait inverser la tendance. Malheureusement, malgré la philosophie affichée de La French Tech: "s'appuyer sur vos initiatives, mettre en valeur ce qui existe déjà [...]", while42 n'a pas été contacté. Serait-ce le début d'une autre initiative sans les ingénieurs? Comme le dit Julien Barbier: "La French Tech sans les french techs, c'est dommage".

Autre lueur d'espoir: la visite de notre président à San Francisco, qui est venu s'inspirer de la Silicon Valley et pour transmettre un message positif envers les entrepreneurs, souvent sous-estimés en France. Sur un panel de 19 entrepreneurs invités à rencontrer le président, 4 étaient de while42: Jérôme Louvel, Guillaume Decugis, Nicolas Dessaige et Julien Barbier. Ce dernier était présent pour représenter les ingénieurs français via while42. Malheureusement, le président est arrivé avec du retard, il n'y a donc eu quasiment aucune communication.

Bien entendu c'est un but qui ne pourra être atteint qu'avec un travail collectif et beaucoup de collaboration. L'un des objectifs de while42, créé en novembre 2012 à San Francisco, est de changer la donne en promouvant les profils tech français, en France, mais aussi partout dans le monde.

Le réseau while42, qui comptait 12 personnes à sa création, s'est développé avec des ingénieurs demandant volontairement à ouvrir et gérer un chapitre dans leur ville. Le réseau compte aujourd'hui plus de 30 villes avec plus de 1000 membres. À la vue de cet engouement, il est clair qu'il y a quelque chose à faire!

Le réseau, en plus de connecter les ingénieurs en informatique, crée énormément d'opportunités:

  • Recrutement: Ana a trouvé un emploi à LinkedIn (SlideShare);
  • Business: Plusieurs sociétés ont signé des contrats de +100K €
  • Education: while42 et ses membres organisent des conférences dans les écoles;
  • Et plus encore: Laetitia a réalisé son rêve en visitant la Silicon Valley;
  • ...

Nous espérons que ces réussites créeront des électrochocs en France pour réveiller les intéressés. La révolution de l'informatique est en marche depuis longtemps, la France forme des ingénieurs à la hauteur de ce défi, sachons s'en rendre compte et les mettre un peu plus en valeur!

--

Réponses à cet article par Omar Alaouf et Kwame Yamgnane.


Retour à La Une de Logo Paperblog