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Valls/Goasguen: le cirque politico-médiatique

Publié le 26 février 2014 par Juan

Cela divertit. Cela amuse presque la galerie. Un ministre et un député de la République s'invectivent dans les rangs de l'Assemblée. Ailleurs, on apprend ou comprend que la jeunesse s'impatiente. On nous prédit que l'abstention politique sera massive, surtout à gauche. 

Ces figures politiques pseudo-nationales qui s'échauffent comme au théâtre Guignol ont-elles conscience de ce décalage ?


La scène était presque drôle, bientôt fameuse à en croire le buzzomètre médiatique du moment. Nous étions dans l'hémicycle, séance des questions au gouvernement, ce mardi 25 février après-midi. Tout débute avec une quetsion de l'UMP Yannick Moreau, député de Vendée, à propos des manifestations violentes du 22 février à Nantes:
"Monsieur le Premier ministre, allez-vous, oui ou non, dissoudre les groupuscules d’extrême gauche ? Allez-vous, oui ou non, cesser votre deux poids, deux mesures, qui ne fait que diviser et fractionner le peuple français ? "
Et le ministre Valls de répondre.
"Monsieur le député, face à la violence, quelle qu’elle soit et d’où qu’elle vienne, notamment vis-à-vis des forces de l’ordre, policiers et gendarmes, qui accomplissent leur mission avec courage et professionnalisme, il n’y a qu’une seule réponse : la fermeté. Tous ceux qui s’en prennent au mobilier urbain, à des commerces, aux forces de l’ordre, doivent trouver une seule réponse, celle de l’ordre républicain, de la justice et de l’État"
 Cela ne suffit pas. Claude Goasguen, autre député UMP, mais du richissime et bourgeois XVIème arrondissement de Paris, crie dans les rangs: "Montrez-le !!"
Le taurillon de ministre s'enflamme. Piqué au vif, il ne supporte pas qu'un UMPiste lui donne une leçon de sécurité. Sur le fond, il avait raison. L'UMP, même dirigée par Nicolas Sarkozy depuis Beauvau ou l'Elysée, s'était montrée bien incapable de résoudre la hausse des attaques aux personnes une décennie durant (2002-2012). Sur la forme, il perd son sang-froid, mauvais spectacle, spectacle pitoyable.
Contrairement à vous, nous, nous ne trions pas face à cette violence, nous ne sommes complaisants avec personne. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Nous ne sommes complaisants avec personne : à chaque fois qu’on s’en prend aux valeurs de la République et à l’ordre républicain, nous n’avons qu’une seule réponse, monsieur le député, celle de la fermeté !
M. Manuel Valls Vous avez été complaisants, au cours de ces derniers mois, avec ceux qui, à quelques mètres d’ici, s’en prenaient aux valeurs de la République, au rôle du Parlement, à la majorité parlementaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC, du groupe écologiste et du groupe RRDP.) Ici, il y a des députés, de votre groupe, qui ont été complaisants avec ceux qui cassaient…
M. Claude Goasguen. C’est vous !
M. Manuel Valls : ... qui s’en prenaient aux policiers et aux gendarmes. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Eh bien, ce gouvernement est ferme avec tous ceux qui s’en prennent aux valeurs de la République, qui s’en prennent aux forces de l’ordre, aux policiers et aux gendarmes. Face à l’ultra-gauche,…
M. Claude Goasguen. Vous ne faites rien !
M. Manuel Valls... face à l’ultra-droite, ou face à cette extrême droite, nous répondons. Monsieur Goasguen, vous en venez, vous, de l’extrême droite. Vous savez ce qu’il en est ! Nous, nous ne sommes complaisants avec personne ! Vous, vous êtes complaisants. Les choses sont claires, avec nous ! 

C'était donc une joute de plus, bien éloignée des préoccupations du pays. Un moment bref sur lequel les médias, d'autres médias sont immédiatement revenus puisqu'il était verbalement plus violent que la moyenne.
Nous apprenait-il quelque chose sur la différence entre la gauche et la droite au pouvoir ? Non, absolument rien.
Résonnait-il avec les sujets du moment - chômage, précarité, croissance ? Aucunement. Les plus désinvestis de l'action politique officielle, c'est-à-dire les plus pauvres et les plus jeunes, avaient-ils une chance de s'intéresser à ce type d'éclat ? Non.
Sur les affaires de prédilection d'un ministre de l'intérieur , comme la lutte contre l'insécurité, ces invectives avaient-elles quelque importance ? Toujours pas.
L'ultra-gauche et l'ultra-droite sont devenus des objets de spectacle politique. la première est objet épisodique de notre actualité. On n'est même pas sûr de savoir encore la caractériser. L'ultra-gauche, "encore plus à gauche que la gauche de la gauche" ? L'ultra-droite est mieux connue. On l'a vu plus fréquemment lors des manifestations contre le mariage gay, lors du Jour de Colère, ou avec les dérapages mortels des Troisième Voie et autre Bloc Identitaire.
Mais fallait-il se donner en spectacle, de part et d'autre, sur pareille affaire ?
Manuel Valls explique que Claude Goasguen vient... par LCP

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