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EXPO : Yoko Ono. Half-A-Wind Show. Rétrospective

Publié le 27 février 2014 par Misteremma @misteremma

Il est grand temps de prévoir un petit séjour à Bilbao : Yoko Ono s’installe au Guggenheim du 14 mars au 1er septembre 2014.

Pouvoir de l’imagination, engagement politique, sens de l’humour et de l’absurde, sensibilité face aux conflits mondiaux ou encore engagement pour la place de la femme dans la société caractérisent la démarche artistique de Yoko Ono.
À l’occasion du 80ème anniversaire de l’artiste en 2013, le Musée Guggenheim Bilbao présente Yoko Ono. Half-A-Wind Show, rétrospective la plus importante encore jamais organisée à ce jour en Europe sur l’œuvre protéiforme – touchant tout à la fois à l’art contemporain, à la musique et au cinéma expérimental – de cette légende vivante de l’avant-garde.

L’exposition, organisée avec le soutien de Seguros Bilbao, réunit près de 200 pièces illustrant l’ensemble de l’univers artistique de Yoko Ono sur presque six décennies, du milieu des années 50 à nos jours. Cette rétrospective présente aussi certaines créations récentes ainsi que de nouvelles versions d’installations et de performances dont Moving Mountains, Water Event, En-Trance, Telephone in Maze.
La démarche de Yoko Ono ayant une forte dimension participative, l’injonction “Participe” placé à côté de certaines pièces vient rappeler le désir de l’artiste pour que les visiteurs interagissent directement avec ses œuvres comme dans En-Trance (1998/2013), une de ses installations architecturales qui consiste en une porte tournante en verre et d’un rideau qui souhaite la bienvenue au public.

Premières installations
La première partie de l’exposition est consacrée à ses premières installations et interventions artistiques dont ses Instructions for Paintings, écrites en 1961 et 1962 ainsi que sa célèbre performance Cut Piece de 1964 ou la publication la même année du livre Pomelo consistant en une collection d’instructions toujours d’actualité et tout autant œuvre poétique que manuel pour la production d’œuvres d’art.
Loin des formes d’art conventionnel, les œuvres du début des années 60 – Paintings & Drawings by Yoko Ono, Painting to Be Stepped On, Waterdrop Painting, Painting for the wind, Ceiling Painting – peuvent mêler des morceaux de toile peints à l’encre japonaise, disposés sur le sol, suspendus à côté de fenêtres et sur des murs ainsi que des directives verbales sur la façon dont le spectateur doit aborder ces “peintures” avec, par exemple, la demande de les arroser de gouttes d’eau ou de faire appel à sa propre imagination.

D’autres œuvres de cette époque – Half-A-Room de 1967 ou Air Dispensers de 1971 – illustrent les thèmes au cœur d’une recherche artistique et existentielle : la division physique/psychique propre au genre humain ou la distribution de capsules vides mais remplies d’air, « la seule chose que nous partageons ».

Performances fondamentales
Cette rétrospective consacre également une section spéciale à la performance, discipline dans laquelle Ono a été pionnière et qui la rendit célèbre. L’exposition documente notamment sa performance la plus fameuse Cut Piece, exécutée à Kyoto en 1964, et dans laquelle l’artiste, agenouillée ou assisse, invitait les membres du public à monter sur scène et proposait de découper des morceaux de leurs vêtements avec des ciseaux.
En 1966, Ono participa aussi, et activement, au Destruction in the Arts Symposium (DIAS) à Londres, évènement collectif et international organisé entre autres par Gustav Metzger qui fit alors appel à de grandes figures artistiques du monde entier.
L’exposition vient également rappeler une des actions les plus frappantes conduites par Ono, le Lion Wrapping Event de 1967 à Londres qui consista à envelopper un des quatre lions de Trafalgar Square. Une action en forme de dénonciation de l’impérialisme britannique.

Cinéma expérimental
Centré sur les grands thèmes qui irriguent toute son œuvre, – le corps, les droits des femmes ou sa quête personnelle de liberté intérieure – les films d’Ono ont également joué un rôle essentiel dans l’histoire de l’art récent. Après ses premières expériences artistiques avec la musique et la performance, Ono commence à écrire des scénarios et à tourner des films conceptuels dès 1964. Jusqu’en 1972, elle produit alors et au total 19 films, dont certains en collaboration avec John Lennon.

L’exposition présente des œuvres fondamentales telles que Rape (Viol) de 1969, Fly (Mouche) de 1970 et Film N°. 1 (Match Piece) de 1966.

Installations en évolution et œuvres récentes
Cette rétrospective présente par ailleurs le travail de Yoko Ono dans la continuité de son devenir avec notamment la réactivation du fameux Water Event. En 1971, celui-ci fit appel à la contribution de plus de 120 personnes dont Andy Warhol, Jasper Johns, Willem de Kooning, John Cage, John Lennon, Bob Dylan ou encore Jack Nicholson. En 2013, ce fut au tour d’Olafur Eliasson, de Christian Marclay, de Pilar Albarracín, de Txuspo Poyo, d’Asier Mendizabal ou de Vasco Araujo de contribuer à la (re)création d’une installation faisant appel à une ressource toute à la fois vitale, universelle et symbole d’égalité entre les êtres.

L’exposition présente également dans ses évolutions Telephone in Maze (Téléphone dans un labyrinthe) de 1971/2011/2013, une installation constituée d’un labyrinthe en plexiglas dont les chemins mènent à un habitacle et qui joue avec la perception et l’orientation physique du visiteur afin de susciter chez lui une expérience inattendue.

L’impressionnante Balance Piece (Pièce d’équilibre) de 1997/2010 vient compléter ce panorama des évolutions de certaines pièces dans le travail d’Ono. Un puissant aimant électrique sur l’un des murs y provoque le déplacement brusque et soudain d’objets. Par ce biais, l’artiste cherche à illustrer des concepts clefs du bouddhisme zen : la recherche de l’équilibre mental, la tentative d’atteindre un point médian entre différentes oppositions, la quête de la conscience de soi.

Vertical Memory de 1997, une série de 21 photographies assorties de 21 textes illustre un voyage existentiel de la naissance à la mort. Comme le souligne l’artiste, cette série a été créée “en disposant ensemble des photos de mon père, de mon mari et de mon fils dans lesquelles tous regardent dans la même direction. Je les ai sélectionnées, je les ai superposées et je les ai laissé se mélanger. Chaque photo montre un homme qui s’est soucié de moi à un moment précis de ma vie où je vivais une situation importante”.

Architecture et représentation de la nature
Dans une autre salle du musée, en forme de pétale, deux installations occupent l’espace de façon hautement spectaculaire. Conçues comme des pièces indépendantes, elles sont toutefois présentées ensemble en raison de leur caractère complémentaire : Morning Beams (Rayons du matin) de 1996/2014 et Riverbed (Lit de rivière) de 1996/2014. Dans Morning Beams, une centaine de cordes blanches en nylon évoquent des rayons de lumière, percent le plafond de la galerie jusqu’au sol, et viennent s’y ancrer par le moyen de nœuds marins.

Cette œuvre partage l’espace avec une autre de nature toute différente : Blue Room Event (Évènement de la pièce bleue) de 1966, création basée sur l’emploi de textes, écrits par l’artiste sur les murs de la salle, dans le but de bouleverser la perception habituelle de l’espace. Parmi ces instructions, nous pouvons lire : “Stay until the room is blue./This window is 2000 ft. wide./This room is bright blue./This room slowly evaporates every day. /This room glows in the dark while we are asleep.

[“Reste jusqu’à ce que la pièce soit bleue./Cette fenêtre fait 2000 pieds de large./Cette pièce est bleu vif./Cette pièce s’évapore lentement chaque jour. /Cette pièce luit dans l’obscurité pendant que nous dormons.”]

Le parcours des installations de Yoko Ono se termine par Moving Mountains dans une nouvelle version spécialement créée pour cette exposition. Dans cette œuvre, le public est invité, individuellement ou collectivement, à s’introduire pour former ainsi des sculptures mobiles, le tout au rythme de la chanson de Yoko Ono Moving Mountains, tirée de l’album Between My Head And The Sky.

Cette chanson annonce un dernier espace, entièrement consacré à la production musicale de l’artiste, avec clips vidéo, enregistrements de concerts, couvertures de CD et de LP, affiches et stations sonores où l’on peut écouter la musique d’Ono, y compris ses différentes collaborations dont celles avec son fils Sean. En 1970, la sortie de Yoko Ono/Plastic Ono Band a marqué d’une pierre blanche sa trajectoire musicale, d’ailleurs ininterrompue.

Catalogue
A l’occasion de cette rétrospective, le Musée Guggenheim Bilbao publie un catalogue en espagnol, édité par Ingrid Pfeiffer et Max Hollein en collaboration avec Jon Hendricks, dans lequel divers essais sur les principales thématiques de l’œuvre de Yoko Ono écrits par Ingrid Pfeiffer, Jon Hendricks, Alexandra Munroe, Kerstin Skrobanek, Kathleen Bühler et Jörg Heiser, accompagneront un choix de textes de l’artiste et une chronologie de textes et d’images.


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