Denys Arcand constate. Son scenario de L’Âge de Ténèbres est peuplé des excès de la bureaucratie gouvernementale, du culte de la performance et de l’indifférence des enfants envers leurs parents (ou le contraire). Comment se tirer d’une telle bouillie? Pour Jean-Marc, le personnage principal, le rêve éveillé est la solution. En d’autres mots, la fuite du réel.
Jean-Marc a deux vies parallèles : une sur terre, l’autre, dans la lune. Dans sa vie rêvée, c’est un winner, autant à son travail qu’avec les femmes.
Quand vient le temps de redescendre sur terre, sa femme et ses filles -toujours ploguées à un appareil électronique-, lui adressent rarement la parole. Sa job l’ennui et Jean-Marc tourne en rond dans une routine plate.
Comment va-t-il se tirer d’affaire? Par-dessus le marché, la mère de ce bipolaire va bientôt mourir, dans l’oubli.
En arrière plan, c’est le récit d’une dégringolade de la civilisation, amorcée après la Seconde Guerre mondiale. Arcand écrit dans la préface du scenario de L’Âge des Ténèbres : « Nous entrons dans un nouveau Moyen Âge totalement mystérieux. »
Le scénariste-réalisateur déclare ne pas avoir peur de la mort, mais plutôt, de mourir dans un hôpital québécois. Ceux qui aiment ce type de critique sociale trouveront leur compte dans le scenario de L’Âge des Ténèbres. Les propos de Jean-Marc, « le fonctionnaire à la dérive », au sujet de l’impuissance du gouvernement à aider qui que ce soit en amuserons plus d’un.
Par contre, sans solution aux problèmes soulevés, ça devient lourd. Un indice : me dites pas qu’un retour à la terre –la fuite- est une solution valable de nos jours.