Un article de l’Aleps.
Une constitution est conçue en principe soit pour organiser les pouvoirs de façon à les limiter (version française de Montesquieu), soit pour garantir les droits individuels contre les excès du pouvoir (version anglaise de Locke). La copie tunisienne n’est ni gage de limitation du pouvoir ni promesse de respect des droits individuels.
Elle instaure un régime d’assemblée, avec des élus que la souveraineté populaire, pourtant proclamée, ne peut contester. Il n’y a aucune procédure référendaire, ni aucun pouvoir local. Quant aux droits fondamentaux, on ne trouve que le principe de l’égalité hommes et femmes – c’est d’ailleurs la vraie révolution que Bourguiba avait introduite et le combat des femmes tunisiennes pour retrouver leur dignité a finalement vaincu le totalitarisme islamiste. La liberté d’expression et de religion est bien reconnue, mais la référence à l’Islam figure en bonne place dans les valeurs républicaines, qui se veulent…laïques. Il est vrai, et c’est sans doute le plus important, que le parti islamiste Ennahda a renoncé sous la pression populaire à introduire la charia (la loi du Coran) comme base du système juridique tunisien.
L’issue politique est donc incertaine, entre laïcité et islamisme, entre démocratie et oligarchie. Mais après trois ans qui ont ruiné le pays, vidé des touristes et des investissements, les Tunisiens aspirent sans doute à la paix civile. Le fanatisme religieux pourrait alors s’atténuer – si le contexte général du monde arabe le permet.
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