Le mythe de l’islamisation, par Raphaël Liogier

Par Léopold Saroyan.

Raphaël Liogier, professeur à l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence a publié en octobre 2012 un ouvrage intitulé Le mythe de l’islamisation, essai sur une obsession collective. Ce livre analyse en détail les théories des nouveaux populistes européens, l’islamisation de notre continent comme projet délibéré d’asservissement par telles et telles organisations aidées de tels et tels idiots utiles. Il démontre qu’il s’agit d’un mythe sur à peu près tous les plans, en analysant en détail et sous toutes les coutures les thèses islamophobes et islamo-paranoïaques de ces gens qui pensent être des initiés capables de déceler ces signaux faibles annonçant un désastre apocalyptique, la disparition de l’Europe ou plutôt sa transformation en une Eurabia islamiste.

Avant de lire ce livre, j’ai entrepris quelques recherches sur le web sur celui-ci et suis tombé sur une recension par Riposte Laïque, association qui est bien entendu une des cibles du livre. L’auteur de la recension, Gérard Brazon, écrit notamment ceci :

Autre notation qui n’est pas anodine. L’auteur n’aime pas Bat Ye’or! L’auteur n’a pas lu Eurabia. C’est ballot tout de même ! Il ne sait même pas que c’est une femme et non un homme puisqu’il décrit Bat Ye’or de cette manière : l’influence idéologique de la thèse d’Eurabia, de 2005, élaborée par Bat Ye’or, un britannique, né en Égypte et vivant en Suisse, est considérable en France, en Italie, en Europe, aux États-Unis…

Pour le lecteur non averti, Bat Ye’or est une pamphlétaire britannique auteur de la théorie appelée Eurabia.

Lorsque l’on ouvre le livre de Raphaël Liogier à sa toute première page, Bat Ye’or est mentionnée en ces termes : « l’universitaire britannique Bat Ye’or née en Égypte ». À la page 103, nouvelle mention sous cette forme : « Bat Ye’or (Fille du Nil en hébreu) ». Il est donc bien évident que Raphaël Liogier sait que Bat Ye’or est une femme. Il est encore plus évident qu’il connait la thèse dite Eurabia, puisqu’il la développe entre autres sur une bonne dizaine de pages dans son ouvrage.

Dès lors, il n’y a pas trente-six possibilités : soit l’exemplaire qu’a lu M. Brazon pâtit de coquilles d’imprimerie, coquilles consistant à voir changés les accords de participes passés du féminin au masculin et les mots comme « fille de » en « fils de », soit M. Brazon a été victime d’un lapsus memoriae (une modification de la mémoire). Il existe une troisième possibilité qui est que M. Brazon ait purement et simplement menti, mais c’est une hypothèse que nous ne retiendrons pas car nous savons tous que sur le sujet de l’islam et des musulmans l’association Riposte Laïque est toujours d’une rectitude morale, d’une rigueur et d’une objectivité absolument certaines. Il existe encore une quatrième possibilité : un complot islamiste aurait fait les modifications sur l’exemplaire de M. Brazon afin de discréditer ce qu’il écrit dans le futur. On peut se demander ce que pense M. Brazon de cette dernière hypothèse…