Les auteurs nomment ce phénomène « privation régionale » : Le diabète et l’obésité beaucoup plus fréquents dans les régions socialement et économiquement défavorisées, une observation qui ne surprend pas. Moindre accès aux aliments frais et à l’éducation nutritionnelle, recours plus fréquent aux fast-foods et aux plats préparés, moindre fréquence des repas préparés et pris en famille, les facteurs ne manquent pas. Cependant l’augmentation respective des risques pour le diabète et l’obésité, estimée ici à 20 et 30% pour ces populations les plus démunies, a de quoi motiver des interventions préventives dans les régions concernées.
Vivre dans une région économiquement pauvre est devenu un facteur de risque en soit, c’est-à-dire indépendant de tout autre, de diabète et d’obésité. Quel que soit le statut social individuel des résidents.
C’est la conclusion essentielle de cette étude du Centre allemand de recherche en santé environnementale (Zentrum München Helmholtz) et de l’Institut Robert Koch (RKI- Berlin). Ainsi, les facteurs locaux, tels que le revenu moyen de la population, le taux de chômage moyen ou la qualité de l’environnement vont affecter la santé de tous les habitants, quel que soit leur profil individuel, explique Werner Maier, auteur principal de l’étude.
L’étude a été menée sur les données de plus de 33.000 personnes âgées de 30 ans ou plus, interrogées en 2009-10, dans le cadre d’une grande étude allemande sur la Santé, la German Health Update (GEDA).
L’effet « privation régionale » : L’analyse montre que diabète et surpoids affectent de manière disproportionnée les habitants des zones les plus défavorisées, sur la base d’un indice « de privation multiple » basé sur les données régionales (ici en Allemagne) de revenu moyen, d’emploi, d’éducation, de recettes municipales, d’environnement et de sécurité. L’analyse des données a également pris en compte les facteurs de risque individuels tels que l’âge, le sexe, l’IMC, le tabagisme, l’activité physique, l’éducation et la situation matrimoniale.
Dans ces régions les plus défavorisées,
· la prévalence du diabète de type 2 atteint 8,6%, vs 5,8% pour des régions très modérément défavorisées,
· la prévalence de l’obésité, 16,9%, vs 13,7%.
· Après prise en compte des facteurs individuels, l’analyse conclut à un risque accru de 20% de diabète de type 2 et accru de 30% d’obésité, dans les zones les plus démunies (Cliquer sur tableau ci-contre)
· Pour les femmes, ce facteur global de « privation régionale » s’avère indépendant et particulièrement influent pour le développement du diabète et de l’obésité,
· chez les hommes, la corrélation s’avère statistiquement indépendante et significative pour l’obésité, mais pas pour le diabète.
Ces conclusions confirment l’importance et l’indépendance des facteurs régionaux sur l’incidence des maladies chroniques. Les régions identifiées comme touchées par « la privation », devraient être prioritairement ciblées par les actions de prévention, concluent les auteurs.
Source: PLoS ONE February 27, 2014 DOI: 10.1371/journal.pone.0089661 Area Level Deprivation Is an Independent Determinant of Prevalent Type 2 Diabetes and Obesity at the National Level in Germany. Results from the National Telephone Health Interview Surveys ‘German Health Update’ GEDA 2009 and 2010
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