Magazine Environnement

La nécessité de conduire des recherches sur les cétacés en Antarctique et définition d’une nouvelle chasse à la baleine

Publié le 14 mai 2008 par Isanatori
Suite à l'opinion de Morishita Jôji, un nouvelle article a été publié dans la rubrique "geiron-tôron" du site Kujira portal. Il s'agit cette fois de l'opinion du Professeur Ohsumi Seiji, cétologue japonais et, jusqu'à l'année dernière, membre de la délégation scientifique japonaise à la Commission baleinière internationale.
Né en 1930, Ohsumi (Kitamura) Seiji a commencé à s'intéresser à la cétologie dans les années 1950 et est titulaire d'un doctorat en biologie obtenu à l'Université de Tokyo en 1958. Il a travaillé pour l'ancien institut de recherche sur les cétacés et d'autres organismes scientifiques, participant à de nombreux travaux et études sur les cétacés, notamment sur les méthodes de détermination de l'âge des cétacés.
La nécessité de conduire des recherches sur les cétacés en Antarctique et définition d’une nouvelle chasse à la baleine
Ohsumi Seiji (conseiller, Institut japonais de recherche sur les cétacés), 10 avril 2008
« Pourquoi le Japon a-t-il besoin de conduire des recherches sur les cétacés jusqu’en Antarctique ? » – C’est une question qui revient souvent, non seulement de la part des organisations opposées à la chasse à la baleine, mais aussi de gens qui s’intéressent sérieusement à ce problème. Pour y répondre, il est d’abord nécessaire de savoir que les mers autour de l’Antarctique sont la réserve mondiale en ressources baleinières.
Ce fait devient évident lorsqu’on additionne les chiffres des statistiques baleinières internationales quant aux nombres de cétacés capturés dans les océans du monde à l’aide de techniques modernes entre 1933 et 1978, époque d’or de la chasse à la baleine malgré la trêve qu’a offert la Seconde Guerre Mondiale.
En tout 1.909.000 baleines ont été capturées, parmi lesquelles 57% dans l’océan du Sud, 19% depuis des stations installées sur les côtes de l’hémisphère sud, c’est-à-dire les mêmes ressources que dans l’océan du Sud, 22% dans le Pacifique nord et 2% dans l’Atlantique nord. Il est alors clair que les captures effectuées dans l’hémisphère sud représentaient 76% des prises mondiales. Les cétacés de l’hémisphère sud étant plus grands que ceux de l’hémisphère nord, la proportion est d’autant plus importante si on considère la biomasse des baleines capturées.
(Note : biomasse = quantité indiquant en poids ou en énergie la quantité globale des matières organiques existant dans un espace arbitraire)
Au fur et à mesure que les épaisses glaces recouvrant le continent antarctique se déplacent vers la mer, une profusion de sels nutritifs transportés dans l’eau lorsque les glaciers effritent les rochers, et la vive lumière qu’émet le soleil lorsqu’il commence à apparaître au printemps, permettent au phytoplancton de se propager rapidement et au zooplancton tel que le krill qui s’en nourrit de proliférer, rougissant l’océan. A cette saison, les cétacés devenus maigres après avoir élevé leurs petits sans se nourrir dans les mers chaudes migrent en grand nombre vers l’océan du Sud en quête d’importante quantité de nourriture. Ils grossissent alors en avalant de grands volumes de nourriture et se préparent à la période de reproduction hivernale.
Ainsi, les mers entourant l’Antarctique qui sont les plus productives en vie marine parmi les océans du monde, étaient autrefois et sont encore de nos jours où les principales ressources baleinières ont recouvré leurs niveaux, la réserve mondiale en cétacés.
On craint de nos jours que les ressources pétrolières ne s’épuisent au cours de ce siècle. Contrairement aux ressources minérales qui, comme le pétrole, diminuent au fur et à mesure qu’on les utilise, les ressources vivantes comme les cétacés sont renouvelables, et si exploitées dans la limite de leur reproductivité, peuvent être utilisées à long terme sans les épuiser. En outre, les ressources minérales peuvent être préservées si on ne les utilisent pas, mais négliger les ressources vivantes en ne les utilisant pas revient à ne pas exploiter le potentiel de renouvellement de la nature et donc à du gâchis.
Les baleines qui sont gigantesques et fournissent de la viande et de la graisse de bonne qualité font partie des ressources vivantes marines. Le moratoire sur la chasse à la baleine que la CBI maintient depuis une vingtaine d’année est une mesure extrêmement illogique et inacceptable d’un point de vue de l’utilisation du potentiel de la nature.
En 1948, la Commission baleinière internationale (CBI) a été établie en tant qu’organe exécutif de la Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine (CIRCB). A ses débuts, le comité scientifique (CS) dont les travaux de recherche sur les ressources baleinières étaient encore à un stade préliminaire, était dans l’incapacité de fournir des recommandations claires quant aux mesures de gestion des populations de baleines. Pour cette raison, il est certain que la CBI a longtemps maintenu des mesures à courtes vues et que les principales ressources baleinières ont remarquablement diminué.
Cependant, avec le développement des recherches sur les populations de cétacés, le CS a été en mesure de faire des recommandations avec assurance à partir des années 1960. Malgré cela, la CBI a ignoré l’avis du CS et adopté un moratoire sur la chasse à la baleine commerciale en 1982 pour des raisons politiques. La CBI a alors invoqué « le manque de connaissances sur les populations de baleines » comme raison.
Le gouvernement japonais a lancé en 1987 un programme de recherche sur les cétacés dans l’océan du Sud pour approfondir les connaissances sur les ressources baleinières et ainsi faire lever le moratoire. Si le Japon cherchait à faire lever le moratoire en limitant ses recherches à ses propres eaux, il ne fait aucun doute que le camp anti-baleinier rétorquerait que le moratoire étant global, il ne peut être levé tant que la situation des cétacés des mers autour de l’Antarctique, réserve mondiale des ressources baleinières, n’a pas été mise au clair.
De nos jours où l’explosion démographique mondiale continue et où le réchauffement planétaire reste une source d’inquiétudes, laissant prévoir une prochaine crise alimentaire mondiale, grandes sont les attentes quant au potentiel de renouvellement des organismes vivant dans les océans qui couvrent trois quarts de la surface terrestre. La nécessité d’utiliser globalement et de façon durable les différents constituants d’un écosystème est désormais signalée.
Dans ce contexte, on ne peut accepter de ne pas utiliser et de négliger les cétacés qui se trouvent au sommet des écosystèmes marins, et la situation internationale rend inévitable de reprendre la chasse à la baleine en Antarctique, réserve en ressources baleinières, en préparation d’une crise alimentaire mondiale.
Par conséquent, le camp anti-baleinier qui essaie de prévenir ceci devrait être dénoncé au nom des peuples qui souffrent de la famine.
Les hommes ont la responsabilité de restaurer l’écosystème de l’océan du Sud qu’ils ont eux-mêmes modifié.
Seuls le Japon et l’Union soviétique ont pratiqué la chasse à la baleine en Antarctique jusqu’au bout, mais l’ancien régime soviétique s’étant effondré, le Japon qui conserve les équipements de chasse et de dépeçage ainsi que les des techniciens expérimentés nécessaires à la mise en œuvre de programmes de recherche efficace incluant la capture d’animaux, est l’unique pays capable de conduire des recherches et études pour contrôler les populations de baleines.
Heureusement, le Japon qui désire reprendre la chasse à la baleine joue un rôle important dans l’intérêt international en conduisant actuellement des recherches létales sur les cétacés. Le fait que la CBI soit en mesure de poursuivre son programme international d’observation des cétacés depuis 1978 et de donner des résultats scientifiques est aussi dû à la mise en place par le Japon d’un programme scientifique comportant la capture de spécimens. Sans cela, le Japon serait incapable de fournir d’excellents navires et équipages, et un programme de l’envergure de celui de la CBI n’aurait pas vu le jour.
Nous avons jusqu’à maintenant mûrement réfléchi aux erreurs de la chasse commerciale du passé et pris les mesures nécessaires. La chasse à la baleine qui devrait être autorisée ne sera en aucun cas un retour à la chasse commerciale d’autrefois. Cette nouvelle chasse baleinière sera conduite selon une procédure gérant de manière sûre l’ensemble de l’écosystème marin et utilisera pleinement les baleines pour l’alimentation. Elle devra être une chasse de gestion des ressources conduite en même temps que des programmes de recherche semblables à ceux décrits par l’article VIII de la CIRCB. Si cette nouvelle chasse à la baleine devait commencer, les ressources baleinières de l’océan du Sud, réserve mondiale, serait utilisées comme patrimoine commun de l’humanité, et les produits et profits de cette chasse contribueraient grandement à l’amélioration du bien-être des humains.
Voici ce que je propose concrètement concernant la manière dont devrait être conduite cette nouvelle chasse baleinière en Antarctique.
Tout d’abord, l’actuelle CIRCB serait abrogée et une organisation internationale de gestion des ressources baleinières en Antarctique (IAEMO) serait créée. L’organisme scientifique (SSO) qui en dépend calculerait les quotas de chasse pouvant être supportés par les cétacés sur la base de la théorie des écosystèmes et présenterait ses recommandations à l’IAEMO. L’IAEMO déterminerait alors les quotas de chasse par espèces et par stocks sur la base des recommandations du SSO et les mettrait aux enchères entre les pays membres. Les pays ayant obtenus les quotas auraient pour devoir de conduire la chasse à la baleine en Antarctique, et en respect des réglementations établies par l’IAEMO, auraient également pour devoir de conduire les recherches définies par le SSO tout en opérant de façon à exploiter entièrement les carcasses des baleines capturées, et ce principalement pour l’alimentation. L’IAEMO mandaterait et enverrait des inspecteurs internationaux auprès de chaque opérateur baleinier. L’IAEMO utiliserait les fonds recueillis grâce à la mise aux enchères des quotas à la fois pour l’envoi des inspecteurs internationaux et aussi pour le bien-être des hommes comme en soutenant des programmes alimentaires.(...)

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Isanatori 15 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte