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Tenir

Par Marc Traverson

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C'est un mot qui fait florès chez nombre de cadres et de salariés, même s'il se chuchote. Presque un mot d'ordre. Tenir. Parce que la situation de l'entreprise n'est pas florissante, et qu'on ne sait jamais, n'est ce pas ? Il y a des rumeurs la-haut, dans les étages. Tout le monde se regarde en chien de faïence, on en parle à la cantine, dans les bureaux. Quelle sera la réaction des actionnaires ? Où en est le carnet de commande ? Et dans ces cas-là, lorsque l'incertitude, le manque de lisibilité sont rois, il n'y a souvent d'autre option que de s'accrocher à sa place, en espérant que l'orage passe et que la météo s'améliore. C'est le réflexe le plus naturel, ou au moins le plus immédiat. Question de survie.

Voici Philippe, un haut cadre depuis plus de dix ans et une belle carrière chez un des principaux assureurs de la place. Au bureau il fait bonne figure. De fait, la mise est impeccable, chemise et costume joliment assortis, cravate de marque. Mais le visage est gris. L'homme est au bord de la panique froide. Le burn-out n'est pas loin, bien sûr. La pression de l'environnement professionnel est devenue terrible sur ses épaules. Il a perdu pied - ou le pense, ce qui revient au même. "La vérité, avoue-t-il, c'est que je ne comprend plus ce qui se passe dans la plupart des réunions auxquelles je participe. Je n'ai jamais été passionné par mon métier, et je me suis laissé dépasser par l'évolution des technologies. J'ai laissé filer les choses. Aujourd'hui, c'est trop tard, je suis noyé. Et à tout moment je dois donner le change, je suis sans arrêt sur mes gardes. J'ai peur que mes collaborateurs s'en rendent compte, que mon directeur réalise ce qui arrive. Le dimanche soir, je suis saisi de crises d'angoisse terribles à l'idée de commencer une nouvelle semaine." Mais surtout, pour lui, il s'agit de ne montrer aucun signe de faiblesse. Les requins ne tarderaient pas à sentir le sang, alors... Alors, tenir.

Mieux vaut tenir que courir, dit un proverbe prudent. Mais tenir n'a pas bonne presse. Ca n'est pas héroïque, de tenir. Ce n'est pas un proactif. Ce n'est pas positif. Tenir, ce n'est certainement pas le chemin le plus court pour atteindre le "bonheur au travail" dont parlent les magazines. Et cependant, c'est une réalité, bien plus fréquente qu'on le croit dans les entreprises, même si elle est rarement aussi dramatique que dans le cas de Philippe.

Il y a des moments dans la vie professionnelle où il importe de durer, de s'accrocher, en particulier lorsque l'on ne discerne aucune alternative, que l'on n'imagine pas de porte de sortie. Mais tenir, est-ce seulement subir ?


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