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Possibles traces « biotiques » observées dans une météorite martienne

Publié le 06 mars 2014 par Pyxmalion @pyxmalion

Yamato000593_tunnels

Plus de 18 ans après l’annonce sensationnelle de la découverte de possibles traces d’activités biologiques enfouies dans une météorite martienne, une équipe de chercheurs relance le débat.

La vie a t’elle un jour existé sur Mars ? C’est une question que, bien sûr, tous les scientifiques des missions martiennes ont à l’esprit au cours des explorations robotisées sur le terrain ou en orbite. Les enquêtes progressent et l’on sait désormais que la planète rouge fut habitable durant certaines périodes. Aussi pour le déterminer, un des meilleurs moyens reste t’il le retour sur Terre d’échantillons de roches soigneusement prélevés sur place — une possibilité un temps envisagée avec la mission Mars Sample Return — car les laboratoires disposent de multiples techniques d’analyse pour les étudier en profondeur. Hélas (pour l’instant), ce type d’opération complexe et très chère est remis à plus tard. Peut-être pas avant le débarquement des premiers êtres humains sur Mars.

Tombée en Antarctique il y a environ 50 000 ans, la météorite martienne Yamato 000593 a été trouvée en 2000 par une expédition japonaise

Tombée en Antarctique il y a environ 50 000 ans, la météorite martienne Yamato 000593 a été trouvée en 2000 par une expédition japonaise

Météorites martiennes

La situation n’est pas bloquée pour autant. Lauren White, chercheur au Jet Propulsion Laboratory (JPL), nous rappelle en effet que « les seuls échantillons de Mars disponibles pour l’étude sur Terre sont les météorites martiennes ». Son équipe composée de Simon Clemett, David McKay, Everett Gibson et Kathie Thomas-Keprta s’est justement intéressée à l’une d’elles désignée Yamato 000593 (Y000593 pour faire court). Leurs travaux ont été récemment publiés dans le numéro de février du journal Astrobiology. Dans leurs présentations, ils suggèrent que certaines infrastructures observées seraient l’œuvre de processus biologiques. Exprimée au conditionnel, l’annonce n’est pas sans rappeler celle, ô combien sensationnelle, émise 18 ans plus tôt qui estimait que des preuves « biogéniques » furent découvertes dans la désormais célèbre météorite Allan Hills 84001 (ALH84001). Des recherches, on s’en souvient, controversées auxquelles avaient participé, d’ailleurs, les professeurs Everett Gibson et Kathie Thomas-Keprta.

Le nouveau cas Yamato 000593

Trouvé en 2000 par une expédition scientifique japonaise en Antarctique, dans la région du glacier Yamato auquel elle doit son nom, Y000593 s’y serait échouée voici 50.000 ans, après une longue errance interplanétaire. Les analyses de l’échantillon de 13,7 kg ont révélé qu’elle a été formée par des coulées de lave datant approximativement de 1,3 milliard d’années. Un violent impact l’aurait ensuite arraché de la surface de Mars voici 12 millions d’années. Le morceau de roches est classé dans le groupe dit des « Nakhlites », en référence à la météorite martienne de 10 kg tombée le 28 juin 1911 près du village de El Nakhla El Bahariya, en Égypte. Historiquement, celle-ci fut la première connue à présenter en son sein des carbonates et des minéraux hydratés.

Sphérules riches en carbone observée à l'intérieur de la météorite martienne

Sphérules riches en carbone observée à l’intérieur de la météorite martienne

Dans le cas de Yamato 000593, deux caractéristiques physico-chimiques associées à des dérivés d’argiles martiennes furent constatées. D’une part, des micros tunnel incurvés qui évoquent des « bioaltérations » découvertes dans les verres basaltiques terrestres (mis en évidence par des chercheurs qui étudient les interactions de bactéries terrestres avec ces matériaux d’origine volcanique) ; d’autres parts, de minuscules sphérules (tailles comprises entre nanomètre et micromètre) particulièrement enrichies en carbone qui sont coincées entre deux couches d’iddingsite. Une caractéristique similaire à celle observée dans la météorite de Nakhla.

Sur les traces du carbone

Les ressemblances des matériaux riches en carbone sur Terre et sur Mars présentant ces microstructures invitent toute l’équipe de chercheurs à penser qu’ils ont été formés par une éventuelle activité biologique. Toutefois, ils restent prudents et n’excluent pas des causes « abiotiques ».

« Les caractéristiques uniques affichées dans la météorite martienne Yamato 000593 sont la preuve de modifications aqueuses comme on le voit dans les minéraux argileux et la présence de la matière carbonée associée aux phases d’argile qui démontrent que Mars a été un corps très actif dans son passé » explique Everett Gibson. « La nature et la répartition du carbone martien sont un des objectifs majeurs du programme d’exploration de Mars. »
Même s’il ne s’agit pas encore de LA « preuve irréfutable », Lauren White estime que « d’autres études de ces météorites devraient se poursuivre » afin, bien sûr, de faire toute la lumière sur ces curieuses structures.


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