Par un beau dimanche printanier nos ami(e)s de "Changeons la Ville" ont fait le buzz dans les parages des Halles de Saint-Nazaire. au grand étonnement des zozializtes qui regardaient la joyeuse troupe derrière les vitrines de leur permanence bcbg (devine qui c'est qui paie?) mais cependant toujours pas accessible aux personnes en fauteuil roulant.
photos source: Changeons la ville
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"Les Bouches Cousues" salariés du secteur social nazairien se retrouvent (comme beaucoup d'autres) embarqués dans la "merveilleuse" histoire d'un système toujours plus mercantile où la place de l'humain est celle d'une variable d'ajustement que l'on peut déplacer ou jeter à loisir au grès des fantaisies et désidérata d'un capitalisme flamboyant, cachant ses véritables intentions (la marchandisation) derrière un discours psy et culpabilisant mis au service de l'argent roi et de ses agents politiques gauche et droite confondus dans un même: ouvrons les guillemets: "réalisme financier" qui plait tant au Medef, banquiers. et autres joyeux drilles.. (ndc: ouah! encore une phrase d'apnéïque)
Les réalités du terrain n'ont évidemment que peu d'intérêt pour des gestionnaires purs et durs pouvant vendre aujourd'hui et avec brio des prestations sociales comme demain des boites de ravioli.
Les bouches cousues nous proposent un extrait d'un livre de Marin Ledun "Les Visages écrasés"
"II le sait, je le sais.
Le problème, ce sont ces fichues règles de travail qui changent toutes les semaines. Ces projets montés en quelques jours, annoncés priorité-numéro-un, et abandonnés trois semaines plus tard sans que personne ne sache vraiment pourquoi, sur un simple coup de fil de la direction. La valse silencieuse des responsables d'équipes, toujours plus jeunes et plus inflexibles, mutés dans une autre agence ou partis par la petite porte. Cette tension permanente suscitée par l'affichage des résultats de chaque salarié, les coups d'oeil en biais, les suspicions, le doute permanent qui ronge les rapports entre collègues, les heures supplémentaires effectuées pour ne pas déstabiliser l'équipe, le planning qui s'inverse au gré des mobilités, des résultats financiers et des ordres hebdomadaires. Les tâches soudaines à effectuer dans l'heure, chaque jour plus nombreuses et plus complexes. Plus éloignées de ses propres compétences. Les consignes qui évoluent sans arrêt. Les anglicismes et les termes consensuels
l'industrie s'est toujours attachée à organiser le travail. Et donc à trier les hommes avec soin. Une sorte de sélection sociale. Une procession morbide de fidèles, de soldats et d'esclaves. Chaque dieu, maître ou théoricien, a contribué à sa façon à la grande machine, à coups de miracles, de lois divines, de règles de fonctionnement, de découpages des tâches, de coups de bâton et de pointeuses. Les Ford et les Taylor ont industrialisé le travail à la chaîne, préparant le terrain à l'organisation scientifique de la consommation qui allait voir le jour à partir des années 1950, à grand renfort de sondages d'opinion, de publicité et de services marketing.
À chaque fois, les règles du travail ont été revues, et à chaque fois, les Vincent Fournier se sont adaptés, quel qu'en fût le coût. Cancers du poumon, effondrements et coups de grisou dans les mines. Asbestoses et mésothéliomes pour les travailleurs de l'amiante. Troubles hématopoïétiques mortels et cancers thyroïdiens pour les employés du nucléaire. Stress, fatigue nerveuse, angoisses, diarrhées, vomissements, troubles du sommeil, hallucinations. Mais aussi surendettement, prêts à la consommation, accidents de travail, faillites, divorces, suicides et meurtres.
On pourrait comprendre cette liste à la Prévert comme une énumération de phénomènes secondaires, voire marginaux, mais il n'en est rien. L'ensemble de ces symptômes dresse en réalité un tableau parfaitement cohérent. Global. De tout temps, le travail industriel a été à ce prix. Encadrer les corps, canaliser les esprits et, au besoin, éliminer les inutiles. La grandeur du Progrès industriel, coûte que coûte."
un ptit dessin envoyé par Brigitte
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Autre bouquin proposé cette fois par Rémi
« On laisse tomber les références littéraires et les poses qui vont
avec. On parle fort, comme une bande de potes. On chante. On boit.
On chante encore. Faouzi et Isham transforment leurs guitares en oud,
laissant les poèmes se coudre sur le rythme, moelleux, craquant. On
échange des braises. On brûle des campements. Trois heures plus tard,
nous sommes frères pour la vie. Aucune légion ne pourrait écraser
notre tribu. J’ai le sentiment d’avoir vécu un siècle. Je vide les cendriers
comme si je buvais des étoiles. »
Gérard Lambert-Ullmann
photo source: Toile
" GÉRARD LAMBERT -ULLMAN a été libraire à Saint-Nazaire (Loire-
Atlantique) durant dix-huit années. Au fil de ce Dernier chapitre, il
revient sur les moments exaltants mais aussi sur les désillusions que
ce commerce « pas comme les autres » devait lui réserver. Incurable
lecteur doublé d’un humaniste invétéré, il a fait du partage de ses
bonheurs littéraires l’axe essentiel de sa vie. "