Posted By Antoine on Mar 10, 2014 | 0 comments
Le décor est planté. Les Chiefs peuvent réaliser ce qui serait un troisième titre consécutif en Super Rugby, ce qui n’a été réalisé qu’une seule par fois par les Crusaders en 1998-2000. De quoi entrer dans la cour des (très) grands. Alors, sont-ils capables de résister à la pression et aux outsiders toujours plus nombreux pour réaliser le three peat ? Eléments de réponse.
Liam Messam et les Chiefs sur les traces d’un troisième titre d’affilée…
Leur saison 2013
Si l’on passe la question de savoir si les Chiefs ont réussi leur saison ou pas – chose facile à répondre – on peut pointer quelques limites dans leur jeu. Ian Anderson (chroniqueur à Stuff) nous met la puce à l’oreille dans un article récent. Il s’interroge sur la durabilité du succès des Chiefs. Pour lui, les Chiefs ont parfois été davantage une vraie machine à gagner qu’une équipe de rugby très performante et complète à l’image des Brumbies l’an passé. Il explique notamment par un système de calculs intéressant donnant le nombre de victoires uniquement à partir des points marqués et encaissés que les Chiefs ne sont pas si bons que l’on ne le croit. Ainsi si l’on prend en compte ce classement, les Chiefs ne pointent qu’à la 4ème place derrière les Brumbies, les Crusaders et les Bulls alors qu’ils occupaient évidemment la première à partir des points gagnés. Anderson met en avant le fait que les Chiefs gagnent grâce à leur « mana » à et leur confiance un nombre important de matchs en fin de rencontres ou sans vraiment dominer tout leur sujet.
On ne trouve pas meilleurs exemples qu’en ce début de saison. Contre les Crusaders, les Chiefs ont davantage construit leur victoire sur la débâcle au pied et les fautes de mains monstres de leurs adversaires (victoire 18-10). Puis contre les Highlanders, les Chiefs sont passés tout près d’une défaite à domicile et ont dû chercher la victoire dans leurs derniers retranchements en seconde mi-temps (victoire 21-19). Les Chiefs ne sont pas imbattables. Ils sont très durs à battre certes mais peuvent céder devant une équipe qui propose énormément de volume de jeu et qui les battent « à la loyale ». Mais une chose est sûre : les Chiefs sont de sacrés compétiteurs et au fond c’est ça qui compte le plus. Des matchs malmenés, étriqués, gagnés sur le fil, il y en a toujours dans une saison. Il faut les gagner et c’est généralement à ça que l’on reconnaît les grandes équipes. Les Chiefs n’échappent pas à la règle. On se souvient notamment l’an dernier d’une victoire très délicate à domicile contre la Western Force 22-21…
Quoi qu’il en soit – ne me faites pas dire ce que je ne voulais pas – les Chiefs ont réalisé une saison exceptionnelle sur tous les plans. Simplement, ils ont pu apparaître parfois comme expéditifs et poussifs dans leurs victoires, gagnant quelques fois sur le fil. Ils ont parfois développé peu de volume de jeu sur quelques matchs et commis pas mal d’approximations. Mais encore une fois, ça reste des cas isolés. Les Chiefs ne sont pas non plus doubles champions en titre pour rien…
Le staff
Dave Rennie, entraîneur à succès des Chiefs.
Statuo quo à Hamilton. On ne change pas un staff champion en titre et les Chiefs n’échappent pas à la règle. Le staff complet date de 2012, année du premier sacre de la franchise d’Hamilton. Autant vous dire que la dynamique de travail et de confiance sur lesquelles s’installent les Chiefs sont rêvées. Dave Rennie reste le head coach. Auréolé de ses deux titres coup sur coup, Rennie commence à avoir une sacrée réputation au pays du long nuage blanc. A ses côtés, Wayne Smith fait figure d’adjoint de marque. Il est en charge des arrières. Tom Coventry – passé par Hawke’s Bay et les Samoa – sera lui en charge des avants. Spécialiste des skills, Andrew Strawbridge complète le quatuor.
Les transferts
Tom Marshall, une des belles pioches à l’intersaison
Beaucoup de changements à l’intersaison pour les Chiefs bien qu’il semble difficile d’affirmer si l’effectif s’est amoindri ou pas. Des joueurs emblématiques comme le co-capitaine Craig Clarke (Connacht), Richard Kahui (Toshiba Brave Lupus), Lelia Masaga (Honda Heat) ou Brendon Leonard ont quitté le navire. D’autres pertes sont à noter : le pilier Toby Smith (Rebels), l’ailier Pat Osborne (Highlanders) ou les numéros 8 Fritz Lee (Clermont) et Matt Van Leven. Ces quatre derniers joueurs étaient régulièrement titulaires l’an passé. Les autres départs restent quasi anecdotiques.
Pour les remplacer, la franchise d’Hamilton a opté pour un savant mélange de bons joueurs de Super Rugby (Robbie Fruean, Tom Marshall, Jamie MacKintosh), de prometteurs joueurs d’ITM Cup (Ihaia West, Liam Squire, James Lowe, Brad Weber pour ne citer qu’eux) et de revenants (Mills Muliaina, Kane Thompson). Un recrutement de poids donc, notamment au niveau des jeunes. De quoi étoffer encore un peu plus la profondeur de banc de l’effectif.
Retrouvez ici le détail des transferts.
L’équipe poste par poste
Mahonri Schwalger, vétéran des Chiefs à bientôt 36 ans.
Le poste de talonneur sera plus délicat à gérer que ces dernières années. La faute à la blessure d’Hika Elliot, All Black et habituel titulaire au poste. Celui-ci manquera à priori toute la saison du Super Rugby. Ce sera donc au vétéran Mahnonri Schwalger (36 ans cette année) et à l’espoir Rhys Marshall (21 ans) de le suppléer. Si Hika Elliot a longtemps offert de belles prestations, il est resté relativement décevant l’an passé. Et après tout, Schwalger n’était pas moins titulaire qu’Elliot ces dernières années, il a grandement participé aux deux derniers titres. Quant à Marshall, après avoir obtenu un peu de temps de jeu l’an passé, il pourra désormais être titularisé à plusieurs reprises. Et finalement, le staff des Chiefs devrait plutôt bien amortir la blessure d’Elliot. Schwalger et Marshall se partageront la place de titulaire. Nathan Harris quant à lui – autre espoir de 22 ans – sera amené à prendre place sur le banc voire à être titularisé.
Jamie Mackintosh se relance aux Chiefs après plusieurs saisons aux Highlanders
Les Chiefs nous ont ces dernières années gratifiées de beaux piliers, sur certains matchs vus comme les leaders du pack. Il sera de même cette année. La profondeur de banc est grande à ce poste et le staff des Chiefs devrait beaucoup faire tourner son effectif et varier les titulaires (ce sera souvent de même pour les autres postes). A gauche Jamie Mackintosh semble le meilleur. Arrivé des Highlanders pour relancer sa carrière, le pilier du Southland apportera ses talents de scrumager et son activité dans les rucks (il mesure 1m93). Sans doute moins massif et plus mobile que McKintosh, Pauliasi Manu offre une autre alternative très crédible. Il a marqué les esprits l’an passé, notamment par son abattage en défense. Membre du wider training group et venu du Southland, Nick Barrett pourra dépanner en cas de blessures. A droite l’imposant Ben Tameifuna (1m84, 137kg) entraine tout sur son passage depuis trois saisons désormais. C’est un des hommes forts de Dave Rennie et ses apports balle en main sont non négligeables. Dans un style assez semblable à celui de Manu, Ben Afeaki secondera Tameifuna avec brio et entamera certaines rencontres. Josh Honeck – pilier performant avec Hawke’s Bay en ITM Cup – offre une autre alternative, à priori seulement sur blessures. Nick Barrett peut aussi jouer à droite.
Brodie Retallick a franchi un sacré cap l’an dernier.
En seconde ligne petite révolution, les Chiefs devront faire sans leur emblématique co-capitaine Craig Clarke, parti au Connacht. Une perte colossale à tel point que certains observateurs kiwis doutent de la capacité des Chiefs à gagner de nouveau le titre sans Clarke. C’est dire. En touche notamment les Chiefs auront fort à faire sans lui. Mais c’est aussi dans le vestiaire que Clarke pesait. Messam et Cruden (tous deux co-capitaines, les Chiefs voulant rester dans un système de co-capitaines) devront assumer. Pour ce qui est du jeu courant, Brodie Retallick devrait avoir les épaules assez larges pour remplacer Clarke. Que l’on se le dise, Brodie Retallick a franchi une marche telle la saison dernière qu’il est devenu sans doute le troisième meilleur second rower du monde derrière Sam Whitelock et Eben Etzebeth. Rien que ça. Rennie compte énormément sur lui et il est avec Messam le meilleur élément du pack. A ses côtés Mike Fitzgerald devrait être titulaire, il avait déjà remplacé Clarke à quelques reprises l’an passé, plutôt avec succès. Matt Symons – Anglais qui évoluait avec Canterbury mais peu souvent titulaire – offre une autre possibilité. Il plaît beaucoup au staff et s’est visiblement bien intégré. L’expérimenté Ross Filipo pourra lui-aussi faire souffler Retallick et Fitzgerald. Kane Thompson ainsi que Nick Crosswell peuvent éventuellement jouer secondes lignes.
Sam Cane, le futur McCaw doit encore gagner en leadership
Dans le back row, les Chiefs ont perdu leurs deux n°8 de l’an passé à savoir Fritz Lee et Matt Van Leven. C’est Kane Thompson qui sera leur remplaçant tout désigné. Très performant du côté des Canon Eagles au Japon ces trois dernières années, Thompson apportera ses skills et son jump en touche. Liam Messam et à moindre mesure Nick Croswell pourront être amenés à jouer n°8. Carl Axtens en tant que spécialiste du poste amène une option supplémentaire. Openside, c’est Sam Cane qui sera titulaire. Le futur McCaw tout désigné a plutôt séduit avec les Blacks dans ses nombreuses apparitions. Avec les Chiefs, Cane s’efforcera d’être encore plus un leader, chose qui peut lui être reprochée. En effet, Rennie n’a pas hésité à plusieurs reprises de mettre Cane sur le banc, au profit de Tanerau Latimer, autre flanker performant. Alors pas de quoi remettre les qualités de Cane en doute, simplement que Rennie fait cela dans un souci de ménager sa jeune vedette (22 ans seulement…). Et Latimer offre à chaque fois de sérieuses garanties. Il sera donc son back-up. On a pu voir Huia Tevita Kolomatangi à l’œuvre contre les Crusaders lors de la seconde journée. Il sera présent s’il y a trop de blessures. Sur le côté fermé l’indéboulonnable Liam Messam tiendra sa place. Il a encore franchi un cap la saison passée et ne fait désormais plus de doutes en tant que titulaire chez les Blacks. Il est le leader de jeu des Chiefs. Nick Crosswell bien que peu impressionnant semble plaire à Rennie et prendra souvent place sur le banc. « Outstanding » avec Tasman en ITM Cup, Liam Squire apportera de la fraîcheur et de l’explosivité en fin de match du haut de ses 23 ans. Il tentera de grappiller du temps de jeu. La troisième ligne des Chiefs est donc performante même si elle semble peut-être moins bonne que celle des Crusaders ou des Blues. A voir.
Aaron Cruden, patron du jeu et nouveau co-capitaine des Chiefs
A la mêlée, Tawera Kerr-Barlow s’est quelque peu discipliné avec les Blacks et semble avoir franchi un cap. Il n’en reste pas moins un grand organisateur et un fantastique attaquant. Il pèse énormément sur le jeu des Chiefs. Augustine Pulu (24 ans) s’est révélé l’an passé et sera la doublure parfaite de TKB. Enfin Brad Weber recrue de chez Waikato pourra être amené à jouer en cas de blessures. A l’ouverture, Aaron Cruden sera le grand maître à jouer des Chiefs. Véritable gourou du jeu d’attaque des Chiefs, Cruden a un poids tel sur le jeu des Chiefs qu’il serait compliqué pour la franchise d’aligner les titres sans lui. Dans son style perfectionniste, Cruden ne laisse rien passé, est souvent décisif dans ses prises d’intervalles et demeure un défenseur redoutable (10.5 plaquages lors des deux premiers matchs des Chiefs cette année). Gareth Anscombe représente une doublure de choix si Cruden vient à avoir des pépins physiques. Mais il était largement préféré à l’arrière l’an dernier, poste qu’il occupait avec brio. Phénoménal en ITM Cup avec Hawke’s Bay, Ihaia West a été finalement intégré au squad des Chiefs avec la blessure d’Anscombe en début d’année. Andrew Horrell peut éventuellement jouer five eight. Mais de toute façon, Cruden a pris l’habitude de jouer toutes les minutes de tous les matchs et les roulements d’effectif à ce poste seront envisageables seulement en cas de blessure de « Crude ».
Robbie Fruean aux Chiefs pour enfin représenter les All Blacks?
Dans les 3/4, les Chiefs ne comptent pas moins de cinq utility backs (j’ai ici compté comme utility back les joueurs pouvant jouer à trois postes différents). De quoi ouvrir à une multitude de possibilités. C’est la marque de fabrique des Chiefs derrière : ne jamais avoir une ligne de 3/4 réellement fixe et adapter les compositions au gré des formes, des blessures et des choix de jeu. Le staff ne se retrouve jamais orphelin de quelconque joueur et c’est un avantage que peu de coachs en Super Rugby peuvent lui envier. C’est ce que disait Jamie Joseph à propos de la franchise d’Hamilton l’an dernier : « J’ai compris avec les Chiefs qu’une saison se gagnait non pas avec 23 joueurs mais avec 35 joueurs ». Au centre notamment, c’est là où les roulements d’effectif sont les plus nombreux. Ainsi les Chiefs ont commencé la saison dernière avec une paire Bundee Aki-Tim Nanai-Williams et l’on finit avec une autre Andrew Horell-Charlie Ngatai. Mais cette année, les choses devraient être quelque peu différentes. Et pour cause : les Chiefs ont retrouvé ce centre massif qui leur faisait défaut depuis la perte de Sony Bill Williams en la personne de Robbie Fruean. Excellent ces dernières saisons avec les Crusaders, Fruean a enfin mis ses problèmes de cœur de côté et semble paré pour une grande saison avec les Chiefs. Il a déjà séduit tout son petit monde lors des deux premières journées, au poste de second centre donc. Dave Rennie a souvent évoqué le positionnement de Mils Muliaina en second centre comme un temps avec les Blacks. Il devrait être son back up au même titre que Nanai-Williams qui avait impressionné à ce poste l’an dernier. Il s’est beaucoup renforcé musculairement à l’intersaision, notamment dans l’optique de jouer midfield back. Le rookie Anton Lienert-Brown (pas encore 19 ans) que l’on pu apercevoir en match de pré-saison pourra pourquoi pas tirer son épingle du jeu. En inside centre, Charlie Ngatai part comme titulaire. Jamais très impressionnant, Ngatai possède néanmoins de sacrés skills et une vision du jeu inouïe. De quoi seconder Cruden dans la gestion du jeu, notamment par son jeu au pied performant (on a pu l’observer cet été au poste d’arrière avec Wellington). Bundee Aki offre une autre alternative, en premier centre essentiellement. Il était régulièrement titulaire l’an dernier et avait plutôt séduit. Andrew Horrell peut également jouer centre. Il plait beaucoup au staff et possède un niveau de skills excellent. On a pu apercevoir Tom Marshall en inside centre avec Tasman en ITM Cup. Il devrait cependant avec les Chiefs davantage être fixé au poste d’ailier ou d’arrière.
Dernière saison pour Asaeli Tikoirotuma avant de rejoindre les Harlequins
Aux ailes, les Chiefs devront faire sans Lelia Masaga, leur tryscorer attitré ces dernières années. Pas facile. Mais les Chiefs ont justement recruté Tom Marshall, utility back excellent en provenance des Crusaders (8 courses par match, 75.3 mètres parcourus et 0.9 off-loads l’année dernière). Son jeu colle à la perfection avec celui des Chiefs. Aussi bien arrière, il devrait davantage jouer ailier grand côté, de façon à remplacer Masaga. Pour l’instant Marshall est blessé, c’est Tim Nanai-Williams qui le remplace. Vieux de la vielle chez les Chiefs, Nanai-Williams sera un redoutable atout offensif, aussi bien à l’aile, au centre voire à l’arrière. Sur l’aile gauche, Asaeli Tikoirotuma – lui-aussi cadre des Chiefs – semble titulaire indiscutable. Il quittera la Nouvelle-Zélande en fin de saison pour rejoindre les Harlequins. Derrière lui, le rookie James Lowe pourrait tirer son épingle du jeu. Il était impressionnant avec Tasman en ITM Cup et ses entrées depuis le début de saison en fin de match l’ont confirmé. Anton Lienert-Brown est ailier de formation, il devra assumer la concurrence à ce poste s’il veut jouer.
Arrière de formation, Andrew Horrell pourrait briller à ce poste
A l’arrière, les Chiefs ont l’an passé fait glissé Gareth Anscombe de son poste d’ouvreur à l’arrière. Le tout avec brio. Anscombe pèse énormément sur le jeu : il s’intercale souvent dans la ligne, joue au pied et alterne parfois avec Cruden en five eight. S’il est actuellement blessé, la perspective de le voir titulaire à son retour semble inévitable. Il devra néanmoins prendre son meilleur sur Mils Muliaina, l’actuel titulaire au poste. De retour au bercail, Muliaina devrait apporter son expérience de vétéran ex-All Black (33 ans, 100 sélections, 34 essais) sur et en-dehors du terrain. Attention également à ne pas oublier Robbie Robinson qu’il y a pas moins de deux ans était le titulaire indiscutable au poste chez les Chiefs – et quel titulaire ! Barré par Anscombe l’an passé, Robinson a profité de sa blessure l’an passé pour de nouveau jouer en fin de saison. Il devrait être de même cette année, tant Anscombe semble faire l’unanimité. A voir. Enfin, on oublierait presque avec son statut d’utility back qu’Andrew Horell est un arrière de formation. Il pourra donc y dépanner sans problème.
Retrouvez ici le détail du squad des Chiefs en images.
Notre pronostic
Verdict ? Bien malin qui donnerait les Chiefs perdants à la fin de ce Super Rugby. A dire vrai, on ne voit pas trop ce qui pourrait empêcher la franchise d’Hamilton du three peat. Serait-ce les nouveaux outsiders, Sharks et Waratahs en tête ? Possible, mais les Chiefs ont montré par le passé qu’ils pouvaient battre n’importe qui. Les confrontations contre de grosses écuries ne sont pas un problème pour eux – bien au contraire. Qui plus est, les Chiefs demeurent redoutables en phases finales et gagnent souvent au bout de matchs épiques (c.f le Chiefs-Crusaders de l’an passé en demi-finale). Serait-ce les nombreux départs de cadres ? Il est vrai que Lelia Masaga, Richard Kahui et surtout Craig Clarke sont partis. De grosses pertes, qu’il faudra assumer, particulièrement pour Clarke. Mais les Chiefs possèdent une profondeur de banc exemplaire, c’est peut-être leur gros point fort, notamment derrière. En plus de ça, les Chiefs ont recruté gros et ces arrivés semblent faire oublier les départs (Fruean, Marshall, McKintosh, Muliaina, Squire, Lowe, etc). Mais après tout, le plus grand adversaire des Chiefs ne serait-ce pas les Chiefs eux-mêmes ? Entamer une deuxième saison d’affilée après avoir été coup sur coup le champion en titre, ce n’est jamais chose simple. Les Chiefs sont sous-pression, ils sont plus que jamais l’équipe à battre. Seuls contre tous, les Chiefs ne sont pas à l’abri d’une défaillance quelconque. Ils ont d’ailleurs montré quelques failles en ce début de Super Rugby. Autre paramètre qu’il ne faut pas oublier, le système des Chiefs repose sur des leaders de jeu, capables de magnifier leurs coéquipiers. Une longue blessure de Messam, de Rettalick ou surtout de Cruden mettrait illico sous condition la capacité des Chiefs à réaliser ce three peat.
Mais les Chiefs – on le sait – ont plus d’un tour dans leur sac. Chose à ne pas négliger et qui a participé au succès des Chiefs, c’est leur capacité à s’adapter. Orphelin de Sony Bill Williams l’an passé, les Chiefs ont su trouver des solutions multiples au centre du terrain. De la même façon, ils ont géré l’hécatombe de blessures chez les 3/4 en fin de saison passée. Et puis n’oublions pas une chose : les Chiefs sont sur une dynamique sans précédent. Les joueurs évoluent dans un système avec un « mana » à son apogée, une détermination sans faille et une confiance au beau fixe (on connaît le rôle essentiel de la confiance dans le rugby kiwi). Le staff – lui – initié en 2012 connaît à la perfection ses plans de jeu qu’ils ont eux-mêmes construits. Ils connaissent la marge de progression de leurs joueurs et de leur système ainsi que ses limites. N’oublions pas non plus qu’avant 2012 et l’intronisation de ce staff, les Chiefs n’étaient qu’une vulgaire équipe médiocre dans le ventre mou du Super Rugby. En cette année 2014, les choses ont bien changé. L’osmose collective derrière semble atteindre son apogée avec les nouveaux apports de Fruean et de Marshall, entre autres. Devant, les Chiefs n’ont pas grand-chose à se reprocher. Et Cruden est, là-haut, perché sur son nuage où il touche du doigt la perfection. Les Chiefs – forts de leur expérience de champions en titre, de leur système rodé et de leurs joueurs d’exception – semblent tout simplement irrésistibles. Et oui, ils sont en route pour un troisième titre d’affilée, chose réalisée qu’une seule fois par les Crusaders de la grande époque, en 2000. Pour le meilleur et pour le pire, les Chiefs marchent sur leurs traces. Ces Chiefs aiment les défis, en voilà un beau.
L’équipe probable
1. Jamie McKintosh – 2. Mahonri Schwalger – 3. Ben Tameifuna – 4. Brodie Rettalick – 5. Mike Fitzgerald – 6. Liam Messam – 7. Sam Cane – 8. Kane Thompson – 9. Tawera Kerr-Barlow – 10. Aaron Cruden – 11. Asaeli Tikoirotuma – 12. Charlie Ngatai – 13. Robbie Fruean – 14. Tom Marshall – 15. Gareth Anscombe
Retrouvez la fiche officielle des Chiefs sur le site des All Blacks ici avec toutes les informations à savoir sur l’effectif et notamment un commentaire du staff de chaque joueur ainsi que leurs statistiques.