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" Un entrepreneur nous est conté"... D’HEC à la nutrition, Ariane Grumbach, " se lancer : un brin de folie avec les pieds sur terre".

Publié le 11 mars 2014 par Montaigu

Arianephoto

Entretien avec Ariane Grumbach qui nous déroule le fil d’un parcours la conduisant d’une école de commerce mythique  à  la diététique.

" Une bonne élève " 

J’étais bonne élève, bonne en maths et en physique. Je ne me sentais aucune vocation particulière. Je me suis laissée porter. Je n’ai pas eu envie de faire maths sup et j’ai opté pour le concours des grandes écoles de commerce, pressentant plus de variété.

J’ai été reçue à HEC. J’ai débuté à Air France. Je n’étais ni heureuse, ni malheureuse, j’ai rencontré des tas de gens intéressants mais je n’étais pas vraiment dans mon élément. C’était une boîte lourde avec une grande force d’inertie. Je ne songeais pas à réseauter, ce qui limitait peut-être mon évolution. Néanmoins j’ai occupé différents postes et c’est à cette époque que je me suis  découvert un intérêt pour le client, comment  le comprendre dans sa dimension d’individu au travers de ses motivations et ses critères de choix. 

Au bout de 11 ans, j’ai réalisé qu’il était nécessaire de doper mon employabilité. Si je ne partais pas, je finirai par être invendable sur le marché. Exit donc. Je suis alors devenue consultante. Dans une petite structure adossée à une SSII qui conseillait des start-ups, internet était alors en plein décollage. La bulle a explosé, tout s’est arrêté, je glandais pas mal. J’ai bifurqué vers une autre partie du cabinet consacré à  l’accompagnement du changement dans des gros projets informatiques. Ce n’était pas encore ça. Les collègues étaient super mais les projets étaient trop longs, je n’étais pas satisfaite. Je ressentais l’envie de m’occuper des personnes, des individus plutôt que des systèmes. Nous étions alors en 2005. 

Une de mes copines, ingénieur, venait de faire un bilan de compétences et se dirigeait vers le paysagisme. Sur ses conseils, j’ai entamé cette démarche qui m’a paru, à moi, très académique. Je me suis jetée sur le web comme une  ado de 15, 16 ans cherchant sa voie. " Diététicienne" a résonné en moi. J’ai eu une révélation.

J’aime bien manger. Dans ma famille, c’est un art de vivre. J’ai eu cette intuition que l’on pouvait promouvoir la gourmandise et réconcilier les gens avec le domaine alimentaire.

Evidemment la fille qui pilotait mon bilan de compétences a ouvert de grands yeux mais j’ai tenu bon. J’avais toujours eu envie de faire quelque chose. Je n’avais jamais su quoi et voilà que je tenais enfin une piste qui me paraissait claire. Je me sentais convaincue et n’avais plus aucun état d’âme.

 Cependant j’ai adopté une approche prudente dans la mise en œuvre de cette reconversion. 

Tout d’abord il me fallait obtenir un  BTS en deux ans. Replonger dans les maths, la physique que j’avais oubliées, y ajouter biochimie ainsi que la connaissance de diverses pathologies, donc une masse de matières à ingurgiter. Je me suis inscrite dans des cours par correspondance et je travaillais dès que mon job m’en laissait le temps : le soir, les weekends. J’ai effectué tous les stages  sur mes congés. Bref, j’ai ramé. Je n’imaginais pas obtenir mon diplôme du premier coup et bien si ! En octobre 2007, je sautais de joie !

C’était l’étape indispensable pour m’installer car je n’envisageais aucune autre solution que celle de l’indépendance.

Début 2008, toujours en poste, je donnais des consultations, obtenues par relations, à l’heure du déjeuner et le soir. J’ai poursuivi ma formation au sein du groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids pour élargir ma compréhension du comportement alimentaire.

Enfin, j’ai décidé d’utiliser la possibilité offerte par le temps partiel pour création d’entreprise. J’ai ouvert mon cabinet à mi-temps ensuite je suis passé à 60% et j’ai franchi définitivement le pas en 2010. J'ai aussi développé ma visibilité avec la création d’un blog en 2008.

Je suis devenue ainsi diététicienne-nutritionniste défendant le plaisir de manger.

  

Quels changements dans ta vie ? 

 Ce que je fais est mille fois plus passionnant que ce à quoi je m'attendais. La relation avec l’alimentaire est un champ gigantesque et très compliqué. Mon travail est très diversifié, au carrefour de l’humain et de la nourriture. Entre l’anorexie, l’envie de maigrir ou de sentir simplement beau, la matière est large. Je suis un peu coach, un peu psy. Je prône la gourmandise, le bien manger, je ne parle jamais régime.

J’ai ce bonheur de m’enrichir au contact des autres, de rencontrer des gens d’horizon très divers.

L’indépendance a son aspect financier. J’ai la chance d’être propriétaire de mon appartement. Je n’ai pas d’enfant. Quand je me suis lancée dans cette aventure, j’ai calculé ce qu’il me fallait pour vivre. Ce qui correspondait à deux fois moins que mon salaire. J’ai atteint ce niveau en 2013, soit trois ans après avoir démarré.

Progressivement avec les formules à temps partiel, 50 puis 40% , je me suis habituée à moins consommer, à réduire mes besoins. Je n’ai pas la sensation de faire des sacrifices. J’ai acquis une forme de  sobriété heureuse.

Les bonnes et mauvaises nouvelles 

Mes parents n’ont pas sauté de joie quand j’ai annoncé mon projet. Je suis d’une famille de classe moyenne. Mon père a fait une grande école d’ingénieur. Obtenir HEC était une belle perspective : c’était le ticket gagnant. Ma mère était inquiète que je lâche bon métier et bon revenu. Maintenant je les sens rassurés et même contents pour moi.

Il m’a fallu apprendre à valoriser mon travail et cela est apparu beaucoup plus facile que ce que j’imaginais. Par exemple je n’ai ressenti aucun problème à réseauter, à me mettre en avant. Car je parle d’un sujet qui me passionne.

Cependant il me faut être vigilante et ne pas me laisser déborder par cette passion. L’indépendance exige d’être toujours à la pointe, il faut se réserver des plages pour élargir les sujets, progresser.

Le mot de la fin : " suivre ce que dit sa petite voix intérieure ".


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