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La Pnij, les grandes oreilles d'interceptions à la française

Publié le 12 mars 2014 par Raymond_matabosch

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Pensée sous la mandature de Nicolas Sarkozy et opérationnelle sous celle de François Hollande, la Pnij, les grandes oreilles d'interceptions à la française
Géolocalisation, écoute, facture détaillée et j'en passe: la France est solidement dotée en matière d'interceptions des communications. Un système qu'elle tente d'ailleurs de moderniser et d'améliorer en le centralisant au sein de la Pnij. C'est le petit nom de la Plateforme nationale des interceptions judiciaires, les grandes oreilles de l’État.
Ce site centralise, en un lieu unique, toutes les interceptions judiciaires. En clair, dès qu'un officier de police judiciaire, un gendarme ou un douanier obtient l'autorisation d'un juge, dans le cadre d'une enquête, d'intercepter des communications téléphoniques ou électroniques, tout ses faits et gestes se font en ces lieux. C'est au sein de cette plate-forme que l'agent demande par exemple les informations qui l'intéressent à l'opérateur de la personne surveillée, - Orange, Free, SFR... -. Mieux qu'un bouquet satellite: il pioche dans un catalogue de prestations offertes par l'opérateur, et ce dernier renvoie ces informations dans cette plate-forme, qui peuvent alors être écoutées, disséquées et commentées.
Un peu à la manière de PRISM, les grandes oreilles étasuniennes, signe de la volonté de la NSA d'automatiser sa relation avec les acteurs du Net pourvoyeurs de données personnelles, la Pnij a été justifiée par une recherche d'économie de coûts et de moyens. Mais à l'image des Google, Microsoft, Facebook et Apple dans l'affaire américaine, Orange, Free, SFR et Bouygues, - contrairement au cas de figure américain, les opérateurs de télécommunications, qui fournissent abonnements téléphoniques et à Internet, sont les seuls acteurs sollicités dans le cadre de la Pnij -, se défendent bien d'avoir mis en place un accès direct entre leurs serveurs et les surveillants. « Ce sont des équipements qui parlent entre eux, et il y a toujours une passerelle d'intermédiation. »
C'est l'épineuse question des « backdoors », ou « portes dérobées », qui donnent aux autorités un accès direct et non contrôlé aux serveurs des différents acteurs sur lesquels nous nous appuyons pour accéder à Internet. Et qui donne aujourd'hui tant de fil à retordre aux géants du Net américains, qui se défendent, en plein scandale PRISM, de fournir un tel blanc-seing aux espions américains.
« Attention à ne pas faire d'amalgame », la Pnij ne peut être comparé en tout point à l'outil de surveillance massive américain. C'est un système, théoriquement bien encadré, qui nécessite, en principe, mais est-ce vraiment le cas, l'accord d'un magistrat du siège dès qu'il s'agit de fouiller le contenu de nos communications. Ceci dit, il traîne tout de même son lot d'inquiétudes...
En particulier, le fait de concentrer entre les mains d'un unique prestataire, qui plus est privé, - puisque c'est Thalès qui a été désigné pour s'occuper du bébé -, des informations sensibles concernant
potentiellement tous les Français pose de graves problèmes de sécurité...


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