Magazine Afrique

Scions, scions du bois ! (au Ghana)

Publié le 14 mars 2014 par Busuainn_ezilebay @BusuaInn_Ezile
Ou le parkinson de la perceuse ?
Je délaisse un petit moment ma petite ponceuse, troueuse (et plein d'autres trucs encore), pour écrire de billet, toujours du fin fond du sud Ghana, d'Ezile Bay (like usual!).

Scions, scions du bois ! (au Ghana)

Ezile bay est... l'inspiration vient ! Je vous invites à essayer...


J'ai les mains et même les bras encore complètement imprégnés (Ah ! Grande est la mémoire du geste...) et envahis de tressautement et tremblements, après 3 heures de séances de trou-trous-ponçage.

Le petit engin multifonction me fut offert l'an dernier, ainsi qu'un étau (Un vrai ! Un costaud ! Je ne remercierai jamais assez le généreux donateur – Sébastien, grâce à qui j'ai encore mes 10 doigts).
J'ai été ravie de recevoir de tels présents car sur la voie de l'autarcie mon amie, je savais qu'ils me seraient d'une aide précieuse.
Pas très féminin me direz vous ? Et bien, détrompez vous ! Les résultats obtenus sont délicats et fins à partir d'élément trouvés ici (coquillages, bois et graines) et là (bambous, d'autres bois, d'autres graines...) et d'autres achetés comme les perles  et le fil.
Scions, scions du bois ! (au Ghana)

Les lectrices et lecteurs assidus de ce blog auront déjà suivis les périgrinations engendrées par la fabrication ( au long cours) d'un rideau.
Pour mémo, le rideau = 47 fils (c'est une grande largeur) d'1,70 m. Ce qui donne un total de 79,90 m (Ô la feignante, huhuouuuh elle est même pas allée jusqu'à 80 m !) de perles, graines diverses, bambous et coquillages... Et le double en fil pour ce faire j'ai utilisé le même fil de nylon qu'emploie les pêcheurs d'Akwidaa.


Scions, scions du bois ! (au Ghana)


Ce fut une première (et très longue-pédagogique) étape, j'ai ainsi eu le temps et l'opportunité d'apprendre en faisant.
Step 2 (Heing? Ellle reparle encore de son escalier ?
Etape N°2 (si vous préférez)
les portes clefs.
Scions, scions du bois ! (au Ghana)

Mélange et résultats de tressage, glanage, noeuds de pêcheur, plage et promenades en brousse. Voici quelques exemples. Quasiment tous les composants sont du Ghana certains d'Ezile bay même, sauf le fil (probablement chinois), l'accroche porte clef (origine inconnue) et certaines perles en os de chameau venant d'Afrique de l'Est (vous remarquerez qu'on reste quand même sur cet -immense- continent.


Puis mon petit bolide du bricolage vint à me manquer...
Scions, scions du bois ! (au Ghana)
Alors, je suis retournée à l'atelier (open air quand même !), sur mon établi. C'est en fait une table de récup qui part en morceaux et justement tous les trous de cette table me servent à travailler (le grand trou est particulièrement adapté pour la scie circulaire renversée et solidement arrimée), sous le cocotier (par temps de pluie, j'improvise, je trouve toujours une solution !), avec les Doko-Doko (canards en Fanti) qui me regarde de leur yeux clairs et paisibles (des canards aux yeux bleus, c'est la 1ère fois que je vois cela !). Et les bruits que je produits à l'aide de mes engins (car j'ai aussi une grosse perceuse de compet') les laissent insensibles et someillant au mieux, totalement indifférents au pire...

En fait, je me demande si le canard ne serait pas un brin sourd ?


Scions, scions du bois ! (au Ghana)
J'ai donc repris mes activités habituelles de perçage. Les caniques (vous savez ces graines avec lesquelles se joue l'awalé sont de vraies gourmandises à percer et tendres. Quand même les graines l'Eglise (récoltées au pied de l'arbre, sur la terasse du Busua Inn, c'est pas du gâteau, de par leur dureté, taille minuscule et peau rouge si belle et si glissante.
Scions, scions du bois ! (au Ghana)
Tout ceci n'est rien à côté du ponçage-percage de la graine de palmier raphia, si étonnante et si bien cachée sous une épaisse peau bien-bien dure. Et le perçage de cette graine... Une grande aventure qui m'a coûté une mèche à bois de la grosse perceuse. Maintenant, j'utilise des mèches à béton alors que dans la graine, des trous témoins de la présence de petites bestioles affâmées prouvent que pour d'aucun, il est facile de percer...



Le vers plus fort que ma black et decker !
Puis, la scie circulaire étant enfin revenue (elle fit une escapade pendant quelques temps, surement quelques envies de voyage...), j'ai commencé à couper différents types de bois trouvés sur le terrain, pour voir ce qui pouvait bien se passer à l'intérieur de tout ça.
Et je n'ai pas été décue...
Ce qui est étonnant avec le bois c'est, outre le fait que ce soit une matière si agréable à travailler dans sa (plus ou moins grande) plasticité (faut savoir être patient, observer et prendre le temps...), qu'il soit dur ou tendre, blanc ou coloré, c'est que les bois ont vraiment des odeurs différentes !
J'ai par exemple découvert que les branches aériennes des badamierspouvaient sentir ..l'aïl...
...Aulx !
...Aulx !
Les racines de cet arbre n'ont pas d'odeur particulière. Elles demandent un long temps de séchage au soleil car elles sont gorgées d'eau, avec de si jolies couleurs.
Petit (heu... malgré toute vot' respect grand badamier !) petit farceur va ! Et cachottier avec ça !
Et que le très joli bois flotté ramassé dans la rivière allait se révéler exceptionnel d'un point de vue chromatique et tout aussi surprenant en matières thermique et aromatique... Et encore +++ estomaquant du point de vue de sa dureté et résistance (ça me plait plutôt bien). Tiens, tiens, si j'essayais de faire des perles et pendentifs ?
Mèche à bois (la petite mais quand même !) et écran de fumée, tisons brûlants...Démarrage en douceur puis accélérations progressives...Senteurs de rose...
Après moultes grondements, brulis et résistances (faut pas hésiter à être opiniâtre parfois), ce bois a révélé toute sa splendeur, dans sa crativité toute naturelle (après des ponçages successifs et lustrages) que je vous laisse découvrir.
Scions, scions du bois ! (au Ghana)

Que la nature sait être belle et se donne à voir à celles et ceux qui prennent le temps (et décident de retrousser leur manche aussi !).
Scions, scions du bois ! (au Ghana)

Je ne vous “parle” donc pas d'une contemplation romantique (quoi que de temps en temps, Ezile bays'y prête si bien...) et languissante à la Emma Bovary. Je veux parler d'une contemplation aussi péripatéticienne (dans le sens premier et socratique, apprendre en marchant) qu'active.
Par exemple quand j'écris “... Décide de s'arrêter...”, j'entends par là, d'arrêter des flux superflus (superflux ?)... ou de savoir les mettre sur pause un moment.
Savoir prendre le et les temps de vitesse ( voir à ce sujet le point de vue d'un philosophe africain sur le temps). Il ne s'agit donc pas dans mon esprit de faire la raie manta échouée sur la plage à longueur (elles doivent aussi longues que les chaises) de journée...
Ceci était un petit message pour celles et ceux qui me disent encore régulièrement que ma vie n'est que longues vacances et que je me prélasse au soleil à volonté … Comme si j'étais assez folle pour cela, je tiens à ma peau !
C'est d'ailleurs étonnant, dès qu'on vit et habite dans des zones ensoleillées, on est quasi obligatoirement en vacances pour les personnes vivant dans des pays et régions où le soleil est plus économe de sa présence (les mêmes remarques m'étaient faites lorsque j'habitais sur la Côte d'Azur où mes interlocuteurs téléphoniques hors région avaient quasi toujours l'air et l'heure de penser que je venais travailler en maillot de bain) !
Allez ! Pour la suite, je vous laisse aux “manettes” du (des) temps :
De contempler (et/mais pas que...)
Avoir le temps...
Donner du temps au temps, de temps en temps...
Suspendre et surprendre le(s) temps...
Avoir le temps d'avoir le temps...
Portez vous bien et à tantôt !
(Quant à moi, je retourne jouer des perceuses et de l'étau....)

On se revoit ?

Scions, scions du bois ! (au Ghana)

Ezile Bay, a taste a paradise

Visitez notre petit hôtel au Ghana sur la plage de Busua : Busua Inn (fr)Visitez notre écolodge tropical en bord de mer dans la baie d'Ezile : Ezile bay (fr)Visit our guesthouse in Ghana on the Busua Beach : Busua Inn (en)Visit our tropical ecolodge on the lovely Bay of Ezile : Ezile bay (en)

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Busuainn_ezilebay 3753 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines