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Romainville, le 20 février 2014

Publié le 19 mars 2014 par Maurice Puault

 

Romainville, le 20 février 2014

Propos du père François

Père François

Le roman-fleuve que vous allez (peut-être) lire, je l’ai écrit il y a déjà plusieurs semaines, sous le coup de l’exaspération et de l’humiliation que j’ai ressenties en voyant Stéphane W. venir lécher la main de celle qui était pour nous le symbole de ce que ne doit pas être la politique. 1

Le temps a passé et le sentiment qui domine à présent chez moi est la mélancolie.

J’aurais eu à moitié envie de laisser tomber … et puis je me dis que ce serait trop beau et trop facile pour SW de s’en tirer à si bon compte et de parader aux côtés de sa nouvelle idole en se mettant à vous faire prendre des vessies pour des lanternes. 2

Voici donc un long « propos », qui, je l’espère, sera au moins lu par mes amis proches. 3

J’ai tenté de ne pas le rendre trop polémique, quoique l’envie de botter le cul (au figuré) de celui que j’appelais « mon meilleur ami » ne me manque pas.

« Pourquoi tant de haine ? » dit la maire Valls. 4

Pourquoi ne pas « faire la part des choses » ? Demandent mes amis, certains ajoutant que, d’accord avec moi sur le fond (c’est, pour moi, l’essentiel), ils ne comprennent pas l’indignation que j’exprime à haute et intelligible voix devant le spectacle que m’offre un homme avec qui j’ai été très lié. 5

Je vais essayer de vous expliquer comment nous en sommes arrivés là.

Je débarque à Romainville (la ville qui est aussi un village), en 1992, n’ayant jamais approché, ni de près, ni de loin la politique, m’étant contenté de voter pour les grands referendums de Gaulle (indépendance de l’Algérie, élection du Président de la République au suffrage universel, etc. ) et d’apporter quelquefois mon suffrage à Couve de Murville dont le côté BCBG me plaît beaucoup.

J’ai un fils, né cette même année (alors que j’ai 56 ans !), ce qui fait que, quelques années plus tard, étant retraité, donc désoccupé, je m’inscris, un peu par hasard, à la Fédération des Conseils de Parents d’élèves (son équivalent de droite n ‘existe pas ici).

J’ai toujours pris les parents d’élèves pour des emmerdeurs (la plupart commencent toutes leurs phrases par « moi, le mien »), mais, me dis-je, pourquoi ne pas y aller voir de plus près ?

En tout cas, ça m’occupera.

Entre temps, par les quelques personnes que je connaissais d’avance à Romainville, j’ai rencontré le maire, communiste, et quelques adjoints, tous gens simples, honnêtes, agréables à fréquenter, proches de moi, pour tout dire.

Voilà réunies les conditions de départ de notre affaire.

Aux Parents d’Élèves, je côtoie, vu mon âge, des parents qui pourraient eux-mêmes, être mes enfants.

N’étant plus jeune moi-même, j’ai cependant la chance de n’avoir point encore commencé à « vieillir » (je veux dire, dans ma tête).

Fréquenter des jeunes, je n’en fais pas mon évangile, mais je dois avouer que, me retrouver avec des gens dynamiques, cultivés, idéalistes, voire utopistes, intelligents est pour moi une véritable révélation, et, au sens premier, un véritable bain de jouvence.

Même s’ils sont bavards, s’ils ergotent à l’infini pour, parfois, ne point parvenir à des décisions concrètes (la maire Valls dira plus tard que, si elle avait su ce qu’étaient ceux qui allaient devenir des « Citoyens », jamais elle n’aurait fait alliance avec eux, ce qui est oublier qu’elle n’aurait alors pas été élue), leur enthousiasme est communicatif et je n’oublierai jamais que c’est à eux, et à leur « leader », Stéphane Weisselberg, que je dois d’avoir connu ce que je n’hésite pas à appeler « les plus belles années de ma vie » ou en tout cas de ma vieillesse, d’autant plus belles que je sais que l’âge avance (je sais, j’en parle beaucoup), que la mort approche (élément fondamental de ma « Weltanschauung ») et qu’il faut faire vite.

Dans le même temps, voilà que le maire, Robert Clément, en même temps Président du Conseil Général, renonce au premier poste et que les communistes portent à celui de maire une femme jeune, sympathique au premier abord, intelligente, bref susceptible selon nous (ou plutôt certains d’entre nous) d’apporter au PCF le « supplément d’âme », l’ouverture qui lui font parfois défaut.

Deux ans plus tard, à l’échéance normale des municipales, sans explication convaincante, le PC écarte Corinne Valls (puisqu’il faut l’appeler par son nom) de la tête de liste.

Simultanément, nous, parents d ‘élèves, à l’initiative de Stéphane Weisselberg, nous avons formé un « Comité Citoyen », mouvement politique « de gauche », qui ne se reconnaît pas dans les partis politiques traditionnels et qui se donne pour but de « faire de la politique autrement » (retenez bien ces mots).

Après de nombreux contacts avec les « forces vives romainvilloises », Valls, avec un dénommé Champion (que nous découvrirons être son concubin) joue son va-tout et crée une deuxième liste communiste.

Nous prenons fait et cause pour Valls, et menons, avec elle, une campagne qui est véritablement une fête, à l’issue de laquelle Valls est portée à la mairie..

Nous étions vraiment cons.

J’avais pourtant été mis en garde par Robert Clément, qui me disait : « tu te trompes ; elle ne veut pas nous ouvrir ; elle veut nous foutre dehors ».

Bien sûr, il avait raison, mais, naïf et crédule que j’étais (que nous étions), je n’en croyais rien.

Je vous la fais courte.

Assez rapidement, j’ai du (nous avons dû) me rendre à l’évidence ; j’ai compris le machiavélisme et le cynisme d’une femme qui avait utilisé le PC pour parvenir sur le devant de la scène et qui venait d’utiliser le CCR pour virer ses géniteurs .

Rapidement, elle écarta 17 (vous avez bien lu : 17) des citoyens qui l’avaient aidée à tuer les communistes.

Nous, au  CCR, nous étions nombreux, mais, indépendamment du conflit des ego, rapidement se fit jour une fissure, qui, peu à peu, devint une fracture.

Pour simplifier, il y avait d’un côté les philocommunistes (j’en étais) qui voulaient améliorer les cocos, et de l’autre ceux qui, comme le duo vallso-campionniste, voulaient les jeter à la poubelle de l’histoire.

Il y avait, à côté de ces deux clans, ceux qui, dès le début, affirmaient que le CCR n’était qu’un marchepied destiné à permettre à Stéphane d’accéder aux responsabilités municipales, « calife à la place du calife » comme ils disaient, et ils n’avaient malheureusement pas complètement tort.

Moi, fidèle comme un soldat breton, je suivais aveuglément Stéphane.

Etais-je dupe ? Je ne crois pas.

C’était à mes restes de jeunesse que je me raccrochais par bribes.

Je cherchais plus l’amitié qu’une ligne politique.

Les défections se multipliaient ; le CCR devenait squelettique. .

Un départ fut plus « scandaleux » que les autres : Celui de Gérald Calzettoni, qui rejoignit les rangs de l’inénarrable MGC et devint, ô coïncidence merveilleuse, maire adjoint avec les indemnités afférentes, cependant qu’il exigeait, de la part des Citoyens, des excuses pour avoir caricaturé la maire Valls en bonne sœur (ou en Sainte Nitouche), photomontage au demeurant fort réjouissant et révélateur.

Là, je me déchaînai.

J’avais commencé à écrire, dans le Cactus Rouge de Patrick Pierquet, des « propos » en réponse à une attaque du brave Karl Thil, qui m’avait traité de « Javert qui cuve ses rancœurs dans son coquet pavillon de banlieue » (formule qui fait encore mes délices aujourd’hui). 

J’ai traîné le pauvre Gerald plus bas que terre ; il l’avait, selon moi, bien mérité.

En échange, il devait me traiter plus tard de « commissaire de police complètement fracassé », qualificatif qui m’agrée autant que celui de Karl.

J’abrège toujours.

Le temps passe.

La maire Valls qui s’était donc débarrassée de 17 « citoyens » sans barguigner, fit, toujours sans barguigner, alliance avec les socialistes, qui, sans barguigner, laissèrent tomber le PC .

C’était aux cantonales 2004, et l’alliance PS-MGC (le MGC, c’est le regroupement, autour de Valls, d’une troupe de pauvres hères qui lui doivent tout et lui obéissent au doigt et à l’œil ; consécutivement, le MGC n’a aucune doctrine, constituant une simple « clientèle »), l’alliance, donc, remporta le canton.

Parvenue au Conseil général, CV s’apparenta immédiatement au PS et se mit dans la roue de Bartolone, parrainage qui devait lui rapporter gros.

Moi, pendant ce temps-là, suivant toujours Stéphane, j’avais fait alliance avec le PC, les trotskystes (ma mère était très inquiète) pour finir, aux municipales de 2008, par participer à une alliance CCR-LCR (actuelle NPA) qui frisa les 10%, cependant que le PC se retrouvait avec LO et que l’alliance Valls-PS-Verts et divers l’emportait.

Je regardais tout cela du point de vue de Sirius et je m’amusais beaucoup en continuant de vieillir.

La « part des choses », c’est vers cette époque-là que je l’ai faite, peut-être en 2007 (municipales anticipées) quand Stéphane, a accepté de voter le budget (qui disposait ainsi d’une majorité), en échange d’un poste de maire adjoint, de ses responsabilités et … de ses indemnités.

Ce poste, CV devait le vider de son contenu, et Stéphane allait le perdre en 2008, ce qui rendait vaine son humiliation.

En somme, Stéphane venait de se comporter comme Gérald, que nous avions conspué.

J’ai avalé tout ça de travers, mais j’ai avalé.

Bref, j’ai tout fait, précisant toutefois qu’il ne fallait en aucun cas franchir une « ligne rouge », celle d’un ralliement quelconque à C. Valls, que je considère comme le symbole de la malhonnêteté intellectuelle et morale, celle à cause de qui règne chez nous une perpétuelle « paix armée », les alliés d’aujourd’hui pouvant devenir les ennemis de demain.

La maire Valls, elle, forte de son alliance avec le PS, et surtout avec Bartolone, qui l’a aidée à devenir vice-présidente du Conseil Général, et qu’elle a, à son tour, aidé à virer Élisabeth Guigou de notre circonscription dans des conditions ignobles et scandaleuses, CV donc, avait adopté une tactique très simple :

On ne passe RIEN à l’opposition (le bâton), cependant qu’on laisse comprendre que si l’on se montrait compréhensif, l’attitude campionno-valsiste changerait du tout au tout (la carotte), par exemple en mettant à la disposition de ses opposants d’hier un local gratuit, avec licence de vendre des boissons alcoolisées, le tout, à ma connaissance gratuitement, c’est à dire aux frais du contribuable : je veux parler de l’Arocafé.

Stéphane n’en pouvait plus d’être ainsi réduit à une totale impuissance, lui qui a réellement le talent et le tempérament d’un animateur, et des envies irrépressibles (la suite le montrera, hélas) d’agir et de participer.

Simultanément, le PC faisait valoir à SW qu’il ne pourrait jamais participer à des négociations électorales (il s’agissait en l’espèce d’élections régionales).puisque le CCR n’était pas un parti politique.

Je ne me suis pas bien rendu compte que nous mettions ainsi le doigt dans l’engrenage, et j’ai été un des premiers à conseiller à SW d’adhérer aux verts, pour moi le moins compromettant des partis existants et le plus proche, par son idéologie du CCR.

Les choses se sont compliquées du fait que le pauvre Gerald, qui s’était constitué, dans la « vertitude » une forteresse qu’il imaginait inexpugnable s’est opposée avec la dernière violence à l’opération d’entrisme menée de main de maître par S.W.

L’opération a été un succès pour ce dernier.

Moi, j’imaginais Stéphane en véritable EE-LV, mouvement d’opposition à la maire, ou au pire indépendant, comme la plupart des écolos du 93.

J’ai donc été sidéré (le mot est faible) de le voir rallier sans condition la majorité municipale, comme Gerald l’avait fait en d’autres temps.

Depuis qu’il est vert, Stéphane ne s’est opposé à aucun projet municipal .

Son rôle consiste en fait à donner un vague air écolo à la maire afin d’aider cette dernière à ratisser des voix.

En échange, honte suprême, il s’est vu accorder la moitié des indemnités de Gerald (décision votée par le meilleur allié de Gérald, le vieux Raymond, qui fait ainsi de tristes adieux au music-hall).

Gérald n’a pas démissionné ; Stéphane a accepté les trente deniers.

Je vous laisse juges.

La suite, vous la connaissez et vous voyez tous les jours Stéphane s’abaisser, parader, affublé de grosses lunettes (lui qui se gaussait de Peillon qui adopta des bésicles d’enseignant quand il arriva à l’Éducation Nationale) lunettes choisies pour « faire sérieux » et qui réussissent seulement à le faire ressembler à Groucho Marx ou à Françoise Bettencourt-Meyers.

Mes relations avec CV, dit-il, « n’ont pas toujours été un long fleuve tranquille, et c’est un euphémisme ».

C’est « l’euphémisme » qui est un « euphémisme », car il s’agissait

de deux conceptions totalement et radicalement opposées, comme je vous le démontrerai dans huit jours, à mon retour de Bretagne.

Et quand je t’entends, Stéphane, dire qu’avec Corinne Valls, tu « vas faire de la politique autrement », ce qui était la formule du CCR, il me prend des envies de vomir, car je me demande si tu ne m’as pas emmené en bateau DEPUIS LE DEBUT.

De la part de n’importe quel comédien de notre microcosme politique, j’aurais accepté (sans, bien sûr, l’approuver) ce que tu es en train de faire.

De ta part à toi, je suis révolté et ma rage est à la mesure de l’amitié et de la profonde estime que j’avais pour toi.

Si j’avais fait, encore une fois, « la part des choses », il ne serait plus rien resté et je serais devenu le complice d’actions que je réprouve totalement, et que je ne saurais accepter sous peine que ma vie perde le peu de sens qui lui reste.

La rupture avec toi eût peut-être été plus difficile, si ta palinodie n’avait coïncidé avec une étape de ma vie qui fait que je m’intéresse moins au monde extérieur, préférant « rentrer en moi-même » et consacrer plus de temps à la lecture, la musique et la méditation, alors qu’avant, avec toi, c’était la fête, et même mieux que la fête.

Ceci fait que les distances que j’ai prises avec certains (car tu n’es pas le seul) m’ont beaucoup moins coûté qu’elles ne l’eussent fait il y a 4 ou 5 ans.

Quoi qu’il en soit, tu fais aujourd’hui une triste fin Stéphane. 6

Je pense que, d’un côté, tu vas enfin accéder aux responsabilités (et aux indemnités) auxquelles tu aspirais, mais à quel prix …

Tu es passé sous les fourches caudines, et, acceptant de devenir la marionnette de Bartolone et Valls, tu sembles promis, désormais, à un bel avenir.

Je te crois capable d’apporter des progrès à notre commune, car, à côté de ton ambition effrénée, tu possèdes les qualités nécessaires à l’accomplissement de la tâche qui t’attend. 7

Tu possèdes aussi les qualités intellectuelles, et notamment celles de sophiste 8, qui te permettront de ne pas être trop mal à l’aise avec ta conscience.

« J’assume », diras-tu, ce qui signifie simplement ce que tu fais actuellement, tu le fais en toute conscience, après y avoir mûrement réfléchi ; en aucun cas, ça ne justifie ta conduite.

« Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis » ; cela ne signifie rien et ça ne veut en tous les cas pas dire que les girouettes sont intelligentes. 9

« La fin justifie les moyens » ; vaste question qui te servira sans doute à trouver le repos de l’âme, mais ne saurait en aucun cas excuser quoi que ce soit.

La moralité de ce long pensum, c’est qu’on ne peut pas « faire de la politique autrement ».

Si l’on veut réformer la politique, il faut l’observer et la juger de l’extérieur, et ne jamais accepter de mandat électif. 10

Toi, tu as franchi le pas, Stéphane ; tu as désormais « les mains sales » 11 et il faudra que tu vives avec ça.

Il faudra d’autre part que les électeurs du Comité Citoyen ne t’accompagnent pas dans cette déchéance.

Salut à tous

François Le Cornec

– – – –

Commentaires de Maurice (avec l'approbation de François)

1) celui-là n'est pas mal non plus, cinq pages ! Après les lécheurs de babouches chères à meluch, le baise anneau comme autrefois vis-à-vis du seigneur ? !

2)Il ne parade pas à côté, il se met devant ! Regardons la photo parue dans Le Parisien : il est devant elle ! Peut-être s'y voit-il déjà ? (comme dans la chanson)

3)et bien plus, je peux te le certifier !

4)elle ne manque pas d'air de s'exprimer de la sorte, n’est-ce pas elle et ses sbires qui vomissent sur ceux qui ne sont pas d'accord avec eux ? !

5)là est tout ce qui te blesse, la confiance bafouée !

6)souhaitons que se soit réellement sa fin politique, ça n'a que trop duré de jouer à la girouette !

7)ne pousse pas ! Ne retombe pas dans le travers que tu viens de quitter, il continuera comme il l'a toujours fait : essayer de se faufiler entre les gouttes, mais celle-ci laisse des traces indélébiles !

8)ne pousse pas ! Ou alors tu fais une confusion sur le sens du mot !

9)dans ce cas, il y a des génies parmi nous ! Ou plutôt : parmi eux !

10)SI ! C'est faisable à condition de savoir regarder ailleurs et surtout les autres pour ne pas oublier qu'il n'y a pas que son petit monde qui existe !

11)Non seulement les mains, mais la face aussi, le signe de Caïn est gravé dessus !


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