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12 millions d’euros jetés à l’eau.

Publié le 23 mars 2014 par Jean-Pierre Jusselme

Un jeune panda prisionnier du béton du barrage des Plats 12 millions deuros jetés à leau.

Suite de notre dossier et enquête multimédia sur le Barrage des Plats avec la proposition par le collectif CLAV d’un Pacte de responsabilité pour la rivière Semène. A lire ci-dessous. 

Avec les 12 millions d’euros que vous avancez dans le pacte de responsabilité, on est loin des chiffres  affichés. Qui a raison ?  Sur quelles sources  ou raisonnements vous appuyez vous pour avancer ce chiffre ?

Un jeune panda prisionnier du béton du barrage des Plats 300x225 12 millions deuros jetés à leau.
Martin Arnould (WWF)  : Il était prévu 6,2 millions au départ dans l’enquête publique avec un tour de table bouclé entre grands financeurs ( voir notre précédent article : il manque un business plan).  Parmi nous, c’est Antoine Lardon de la Fédération de pêche qui a beaucoup travaillé sur ces questions de business plan. Le communiqué Jean Mallet de l’ancien trésorier du syndicat des barrages annonçait un gouffre financier ( c’est ici sur L’IVG du Grenelle ). Il faut en tout état de cause y ajouter la reconfiguration de l’usine de traitement de l’eau de Saint-Just Malmont qui coutera au bas mot 4 millions d’euros.

Alain Bonnard ( FRAPNA) : Ce gaspillage d’argent public est le résultat de querelles de clochers !  Marc Petit, maire de Firminy et Président du syndicat des barrages des Plats, Dino Cinieri, Daniel Mandon et les autres maires, ne veulent pas se rattacher à la conduite du Lignon, car ils ne veulent  pas subir les diktats du gestionnaire. Soit ! Selon nous, ils veulent à leur tour  faire les marchands d’eau. Or, l’eau est un bien commun.Le barrage de la Valette a des capacités énormes. Ce barrage a un intérêt régional. Il devrait couvrir les besoins des communes de la Haute Loire, jusqu »à Balbigny.  Il a déjà été largement payé. C’est une oeuvre commune  dont Saint-Etienne n’est qu’usufruitière.

Visiblement vous soulignez un déficit de gouvernance. Quelles sont vos propositions?

Martin Arnould : C’est un débat qui a à nouveau alimenté le CNE (Comité National de l’Eau). Et c’est un débat qui est inscrit dans la Conférence environnementale et la transition écologique. Nous ne pouvons continuer à confier, sur leur seule bonne mine, à des élus de la République pas toujours très compétent, l’entière prise de décision sur des sujets qui engagement autant d’argent public, et l’avenir de nos territoires. Les élus prennent la décision, c’est leur rôle. Mais elle doit être éclairée, fondée, notamment par la science, qui a beaucoup progressé en matière de fonctionnement des écosystèmes d’eau douce. La Frapna, le WWF, les fédérations de pêche prennent des positions sur des critères scientifiques, en matière de conservation des milieux. Et la science est valable pour tous, y compris pour M. Petit et Cineri.

Alain Bonnard : Les décisions ont été prises sur la base de l’enquête publique de Jean-Paul Matray sans concertations et les ONG et études des solutions alternatives. La FRAPNA vient de faire une  demande écrite  à Madame la Préfète pour une étude complémentaire sur ce barrage et notamment des mesures compensatoires. Il s’agit de le rendre transparent c’est-à-dire rendre possible le passage des sédiments et des amphibiens.  Notre idée est de créer une rivière de contournement.

Quid de la commission de concertation annoncée par Marc Petit ?

La commission de concertation fonctionne comme une simple réunion de chantiers, rassemblée épisodiquement.

Un des arguments est l’économie. Est-ce qu’une rivière peut être aussi un acteur de développement économique ?

Martin Arnould : Pour ce qui touche à la valorisation économique, nous avons contribué, sur le Chéran, en Savoie (parmi d’autres bassins versants pilotes) à la création de deux emplois dans le cadre du projet Rivières sauvages, porté par un Syndicat de Rivières qui fonde sa politique sur des outils classiques (Contrat de Rivières), mais avec une perspective de valoriser le caractère rare, en terme de naturalité », de la partie amont de cette rivière. Nous pouvons faire de même sur la Semène, nous proposons d’ailleurs depuis quelques années qu’elle soit étudiée dans le cadre du dispositif « Rivières sauvages », soutenu par le MEDDE, l’Onema, l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée et Corse. Encore faut-il que l’Etat local considère qu’on va créer de plus en plus de richesses et d’emplois à partir d’écosystèmes préservés, et que le bétonnage des joyaux, c’est fini.

Alain Bonnard : Daniel Mandon s’accroche comme une moule à un rocher à son barrage.  Il a vendu l’idée d’un plan d’eau pour ses administrés, alors qu’il s’agit d’un plan d’eau potable avec des usages restreints. Une rivière saine et sauvage est beaucoup plus porteuse de dynamiques touristiques.


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