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Cadaquès, aller et retour

Publié le 15 mai 2008 par Caroline

porte cadaquès

Dans un commentaire d’un article précédent, PAG m’avait conseiller de lire ce petit livre paru à L’Arpenteur. Je l’en remercie. Donc, de retour de Cadaquès, j’ai lu Cadaquès, aller simple de Philippe-Marie Bernadou. Un couple vient régulièrement depuis vingt ans séjourner dans le petit port Catalan. Léa a disparu. Le narrateur explique au lieutenant chargé de la recherche ce qui les unissait, ce qui les séparait. 

Superbe écriture où l’auteur nous emmène dans ce village où plane l’ombre de Dalì, 

Et Marcel Duchamp. Je crains, chaque fois que je prononce son nom de perdre Léa tellement, il la fascine… Léa le le tient pour le plus grand artiste du siècle. Vous lui demanderez pourquoi…

Je suis d’accord avec Léa…

(Il ne parle pas de Breton venu rendre visite à Dalì et de la balade en barque faite au Cap de Creus pour lui montrer l’endroit où il avait tourné avec Bunuel, L’âge d’or.)

Un jour un Indien, péruvien nous dit-il, son profil d’amulette inca perdu dans la ligne de fuite où disparaissent les cargos, dessine aux crayons de couleur sur un carton de boîte à gâteaux les choses qu’il voit sous la mer. et c’est triste comme l’exil, ce monde sans lumière où est abandonné le surplus de nos vies.

Il a étudié aux beaux-arts de Lima et comme tant d’autres il a fui l’Eldorado pour trouver quelque argent sur le Vieux Continent.

“Le rêve à l’envers, dit Léa.

- Ça n’a jamais été un rêve pour les Indiens, tu sais, ni dans un sens, ni dans l’autre.”

… Puis, il sont parlé peinture, de ce que l’on remonte de l’eau, lorsque l’on crée, et de la difficulté de remailler ses files quand un monstre déraisonnable les a déchirés…

Nous l’avons revu le soir, au restaurant où il faisait le service, et plus jamais depuis.

Léa rêve qu’elle reconnaîtra un jour une de ses toiles dans une galerie. Elle lui souhaite cette revanche.

Philippe-Marie Bernadou évoque ces Indiens qui vivent et surtout travaillent à Cadaquès, vision qu’à une autre époque on aurait qualifiée de surréaliste (puisque le lieu en a l’empreinte) mais qui aujourd’hui correspond à une réalité économique et mondialiste. Ils sont nombreux ces exilés à occuper un emploi. J’ai entendu dire qu’ils seraient payés 4€ de l’heure pour certains. L’Espagne a oublié qu’à une autre époque, c’étaient ses enfants qui émigraient, qui étaient exploités (ici chez nous en France, notamment). La mémoire d’un peuple est soluble dans la cupidité.
De mémoire, d’oubli, c’est de ça dont il est question dans Cadaquès, aller simple. Que laisserons-nous derrière nous ? Les éléments, les rochers du Cap de Creus, les vagues qui s’y fracassent sont là pour replacer l’humain à la dimension temporelle qui est la sienne, minuscule, et donner le vertige face à l’infini, comme on peut l’avoir en haut d’une de ces falaises de pierre noire.

Personne ne se souvient de nous.

Ainsi finit ce récit.


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