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L’article 37 or not l'article 37, telle serait la question?

Publié le 25 mars 2014 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Parodier Shakespeare dans "Hamlet" peut sans doute paraitre incongru lorsqu’il s’agit d’évoquer un différent d’ordre constitutionnel au Burkina Faso. C’est pourtant le dilemme auquel sont confrontées tant les autorités que les oppositions et la société civile au "Pays des Hommes Intègres".
Les médias, les leaders politiques et les Burkinabè en général, tout au moins les citadins, sont abreuvés du matin au soir de commentaires sur les supposées velléités des dirigeants actuels, de faire sauter le verrou constitutionnel susceptible d’empêcher le Président du Faso de briguer un autre mandat.

Le Burkina Faso étant unanimement reconnu comme un pays démocratique dans lequel la presse, les partis politiques et les syndicats peuvent s’exprimer librement, il n’y a rien d’étonnant qu’un sujet comme celui de l’article 37 alimente toutes les conversations en cette période préélectorale. Je dirais même que c’est de bonne guerre de la part des opposants, et salutaire pour la démocratie. Cela prouve, s’il en était besoin, que les Burkinabè ont atteint un degré de conscience politique démocratique qui leur fait honneur.

En fait, de quoi s’agit-il? Au plan technique, d’une modification constitutionnelle qui peut être effectuée légalement, comme dans la majeure partie des pays démocratiques, par un vote du Parlement à une majorité qualifiée, soit par referendum. Au plan politique, l’enjeu n’a échappé à personne: du maintien ou de l’abrogation du fameux article, dépendra l’élection du futur locataire du Palais de Kosyam.
Il est indéniable que la polarisation de toutes les énergies et de la plupart des commentaires sur l’avenir de ce texte conduit, qu’on le veuille ou non, les Burkinabè à se diviser en deux camps antagonistes.
Cette ligne de fracture n’est ni ethnique, ni religieuse, ni idéologique. Elle découle tout simplement du jeu démocratique qui se résume bien souvent, il faut bien l’avouer, à une simple question de personnes.

Il serait toutefois préjudiciable au pays, que l’exacerbation des points de vues opposés sur ce sujet, certes important, se fasse au détriment des questions de fond que les Burkinabè sont en droit d’attendre de la part des partis politiques un an avant les élections. Dans leur vaste majorité, les citoyens sont conscients que les progrès accomplis depuis une vingtaine d’années, même s’ils n’ont pas comblé toutes leurs attentes, doivent être préservés et que la stabilité et la paix civile sont des biens trop chèrement acquis pour être mis en péril.

Aujourd’hui, les préoccupations des Burkinabè sont à la fois simples et légitimes. Elles visent à améliorer leur quotidien; qu’il s’agisse de l’accès à l’électricité, à l’eau, aux soins, à l’éducation et à la sécurité, dans une sous région durement affectée par les crises.
Il appartient donc aux forces politiques de faire des propositions en ce sens, dans un climat politique apaisé afin que le peuple puisse, le moment venu, se prononcer de façon souveraine.
Gageons que les uns et les autres joueront leurs partitions respectives avec l’esprit constructif et de concorde qui doit caractériser les responsables politiques de tous bords soucieux de l’avenir du peuple burkinabè.

Marc Aicardi de Saint-Paul
Docteur d’État en Droit – Docteur es Lettres
Chevalier de l’Ordre National


*Dans son titre III la Constitution stipule: "Le Président du Faso est élu pour cinq ans au suffrage universel direct égal et secret. Il est rééligible une fois."

www.burkinafaso-cotedazur.org


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