Le PCF faisait partie du front de gauche depuis sa création. Un accord arraché de haute lutte en interne. Depuis, bien des camarades ont tracté, frappé aux portes et collé avec nous. Des dynamiques locales se sont crées, et les sympathies qui vont avec. Même si cela n’était pas à la hauteur de nos ambitions, ce regroupement de différentes sensibilités à gauche du PS nous a permis d’acquérir une certaine visibilité lors des élections, plus grande en tous cas que celle qui aurait été la nôtre en restant chacun dans notre coin. Cela a également permis l’élaboration d’un langage commun, de mots d’ordre et d’action, et d’un programme commun, dans lequel chaque composante a du faire des efforts pour arriver à un consensus, ce qui est le propre de la démocratie : le vivre ensemble. Rappelons nous qu’avant le front de gauche, nous étions collectivement malades. Et cette maladie portait un nom : le jusqu’auboutisme, bien connue par exemple des amis du NPA, puisqu’il l’a fait exploser. C’est un honneur que plusieurs de leurs différentes composantes nous aient rejoint.
Et donc, le résultat de ce beau travail, de longue haleine, qui en effet ne fut pas toujours un long fleuve tranquille, fait de ses joies et de ses peines, mais de notre sueur et de nos investissements personnels, de nos relations humaines de toutes sortes, intenses et riches, devrait avoir pour horizon indépassable la voie sans issue de ces élections municipales dans lesquelles en haut lieu le pcf a choisi une vision à courte vue, pour des places, des postes, et les intérêts financiers qui vont avec ? Une vision qui leur fait s’acoquiner aujourd’hui avec ceux qu’ils conspuaient hier ? Une vision bien myope qui ne leur permet plus de distinguer qui est l’ami, le cousin et l’adversaire politique immuable ? Le même qu’ils avaient pourtant choisi de quitter lors du congrès de Tours en… 1920. N’est-ce pas ce que l’on appelle un recul historique ?
Beaucoup parmi nous vivent mal ce qui est en train de se passer, et certains dans leur chair, comme une traîtrise de plus, après celle – déjà difficile à supporter pour ceux qui ont voté Hollande aux présidentielles – d’un gouvernement qui se dit socialiste mais se montre pour reprendre la formule consacrée " fort avec les faibles, mais faible avec les puissants". C’est cela qui a été sanctionné dimanche dernier. Et que le PCF dans un grand nombre de villes se soit associé dès le premier tour avec le PS me semble être une erreur stratégique majeure que nos amis communistes vont devoir payer au prix fort : celui du manque de visibilité et de démarquage politique, et donc de l’amalgame dans l’esprit des gens moins politisés que nous autres, qui lisons, écrivons, nous informons… Cela participe du dégout de la politique et de l’abstention grandissante. Pour le commun des mortels, cela relève de ce que l’on nomme communément des magouilles politiques. Les sections communistes se dépeuplaient comme les églises, au point d’être condamnées aux usuels – avant le front de gauche – 4 % ? Elles vont connaitre de moins en moins de nouvelles visites, comme les maisons de retraite et les cimetières.
Et on pourra me rétorquer tout ce que l’on veut, me ressortir comme nos adversaires politiques le font si volontiers la figure du grand guignol commode ou le diable facile que peut être Mélenchon si l’on ne le résume qu’à ses outrances, je dis calmement que le message qui consiste à laisser passer que le Hollandisme est infréquentable hier et admissible aujourd’hui est inaudible, et sera sanctionné dans les urnes.
Par contre, la stratégie marquée par la volonté de rester indépendants est indéniablement marquée du sceau sinon de la réussite, du moins d’un renforcement, d’une stabilisation de nos votes, là où celle du PCF est indéniablement et objectivement suicidaire. Grande doit être la rancune et la rancoeur de ceux qui se voient méprisés au second tour et reçus dans un placard à balais… Est-ce le comportement de gens de gauche ?
Sans moi.