Chronique Clandestino : un road-boat-movie réaliste, intimiste et social…
Scénario et dessin de Aurel,
Public conseillé : pour adultes hommes et femmes,
Style : Reportage fiction
Références : Pierre Daum, journaliste.
Paru chez Glénat, le 5 mars 2014
Histoire
Aurel est journaliste. Hubert Paris l’est aussi, néophyte. Quarante ans, une séparation, une « fuite » dans les Cévennes, une rencontre qui lui donne l’occasion d’un nouveau départ. Dans le cadre d’un grand reportage pour un magazine américain, Struggle, il est envoyé en Algérie enquêter sur ceux d’Afrique qui croient encore à l’eldorado européen et qui sont prêts à tout quitter, à risquer leur vie, pour l’atteindre.
Personnage attachant aux faiblesses avouées (il préfère s’ennuyer en bateau plutôt que de prendre l’avion), Hubert redéfinit sa route au fil des informations glanées, de rendez-vous officieux en hasards fortuits.










Ce que j’en pense
Aurel est donc journaliste, loin d’être néophyte. Collaborant depuis des années au Monde, il cosigne depuis 2007 un grand reportage annuel avec Pierre Daum, familier des sujets portant sur les migrations forcées. Clandestino est de fait une fiction d’un réalisme effrayant : en effet, si les personnages sont issus de l’imaginaire d’Aurel, les informations sont, elles, bien réelles et proviennent d’un travail d’enquête pointu.
Je ne suis pas sorti indemne de cette lecture : elle appelle à réflexion sur des sujets de société actuels comme l’immigration clandestine, bien entendu, mais également l’esclavage sexuel inhérent, la production agricole de masse, la crise économique, les sacrifices consentis par les candidats au départ, etc. Il n’y a aucune prise de position de l’auteur, ni politique ni idéologique, juste une présentation de faits à travers les témoignages recueillis. Un éveil de la conscience.
Cette immersion immédiate dans l’univers d’Hubert Paris est facilitée par le trait qui s’apparente à celui d’un carnet de voyage. Dès les premières pages j’ai accompagné Hubert, avec, comme lui, un sac trop lourd sur l’épaule, plus léger au fur et à mesure du voyage et des rencontres, pour finalement le poser, me poser au soleil d’Espagne en méditant sur cette équipée méditerranéenne.
Le dessin
Un trait et des couleurs dépouillés, un découpage linéaire, les images d’Aurel sont des mots, de ceux que l’on peine parfois à trouver pour décrire un sourire, une lumière, ou la folie dans un regard.
Pour résumer
Clandestino est un ouvrage à double lecture : il y a d’une part le reportage, enquête sociale et sociétale, qui porte les pas d’Hubert d’un point géographique à un autre ; et il y a d’autre part ce «voyage intérieur» qui le mène de l’état de quadra en quête de sens à celui d’homme nouveau commençant à trouver sa place dans un monde en évolution (permanente).