a citoyenneté a laissé place à la citoyennitude, pour parodier une de nos politiciennes les plus « vues à la télé » - expression générique désormais, désignant à la fois l'acte et la dynamique politique que cela implique,
« Vu à la télé (+ vidéos, streaming..) » : stade de représentation où plus un élu (se) montre, moins il (s')incarne ; ce, avec l'active complicité des médias qui le font exister sur le mode « infotainement ».
Modalités : parole et postures calibrées selon des normes exopolitiques, fétichisation du discours et des élus.
Action : l'élu défend/attaque un seul domaine, un seul sujet, les duels sont programmés, minutés et sans cesse interrompus par le présentateur ; les propos ne portent que sur un point vague et tout à fait ponctuel de la vie politique.
Scénarisation : alternance gros plan, plan large sur le mode publicité ou retransmission d'événement sportif basé sur un rythme, un mouvement permanent d'une caméra à l'autre, qui implique une sorte de retour à la radio, où revient au premier plan le son de la voix et le physique, l'émotion des uns et des autres, pour composer une chorégraphie déroulant une mini-saga de lutte des egos sur le mode cinématographique.
Stratégie : confrontations dupliquées à l'infini pour définir ontologiquement un espace, un mode, une valeur de la représentation comme image substituable (et en très grande partie sur le Net). Ainsi sont naturalisées les soumissions cognitives et comportementales corrélatives :
-
passer par un media, donc être spectateur ;
-
être sous la conduite d'un présentateur ;
-
avoir une scénographie uniquement composée de politiques et journalistes ;
-
ne jamais voir de citoyens lambdas dans le casting ;
-
accepter une forme de discours où le temps de réponse et d'attention n'excèdenr pas 20s
-
accepter l'exercice de la représentation comme un exercice essentiellement théâtral ;
-
accepter la définition du politique et des politiques comme étant ceux et exclusivement ceux qui occupent l'espace du discours télévisé ;
-
accepter l'absence de changement de la nature et de l'ordre des question en jeu, l'absence d'affrontements réels et/ou d'approfondissement ;
-
accepter d'être toujours l'absent et le sujet jamais désigné de la représentation médiapolitique universelle.
La citoyennitude est le nouveau d'une citoyenneté en train de migrer, d'abandonner le terrain où elle existait et définissait ce même terrain. Elle n'est plus convaincue de sa légitimité à occuper le terrain politique, elle n'est plus capable de voir l'empreinte de sa présence. Elle fonctionne sur le mode de l'habitude et du devoir, ce qui est le propre des univers vieillisants. Elle ne reviendra citoyenneté que quand il y aura du vouloir, du désir d'être.