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Carnets de campagne: Brest

Publié le 15 février 2014 par Xylophon

Cela fait quelque temps déjà. Plus d'un an exactement que Brest est redevenue mon terrain de jeu.

http://lexilousarko.blog.fr/2008/09/16/brest-ville-du-futur-4737278/
http://lexilousarko.blog.fr/2010/02/19/banlieusarde-8037529/

Loin de mon ancienne banlieue parisienne, je redécouvre une ville en pleine mutation. Mes repères sont bien là, ancrés immuablement dans un territoire urbain qu'on peut désormais officiellement appeler métropole.

Le Quartz, fidèle à lui même, grande scène nationale, offre un champ des possibles qui vous embarque de Saint-Élie-de-Caxton (Fred Pellerin) aux bas-fonds de New-York (West Side Story). Dialogues reste le repère littéraire de tous les amoureux des livres. Rive droite. Rive Gauche. Et puis l'été, le vent chaud dans la rue Jean Jaurès « que l'on délaisse », pour les jeudis du Port, et la plage après le boulot.

Mais Brest change, et se métamorphose. Le tram a restructuré certains quartiers de la ville, offert l'horizon aux terrasses du bas de Siam. La marina du château redonne du cachet à une façade maritime trop longtemps délaissée.

Les forces en présence :

Laurent Prunier, Avocat. 37 ans
Bernadette Malgorn, Haute fonctionnaire. 62 ans.
François Cuillandre, Maire sortant. 59 ans.

Symbole sans doute de ses clivages nationaux, la droite d'opposition gouvernementale présente à Brest deux candidats. L'UMP a refusé de donner un blanc seing à l'un ou l'autre de ses outsiders, préférant instituer le premier tour comme sorte de primaire.

Laurent Prunier, revendique la connaissance du territoire, puisque brestois, mais aussi plus que sa camarade d'opposition son affiliation à l'UMP. Un logo que l'on peut voir sur son site de campagne mais également sur ses prospectus.

Un temps chiraquien, un temps sarkozyste, sa communication de campagne, est sans doute la plus incisive  des trois candidats, avec même du « Brest, We Can ! » et des bulletins de note adressés au maire sortant

Bernadette Malgorn n'est pas brestoise, mais ne se sent pas parachutée puisque l'ancienne Préfète de Région a des origines finistèriennes . Elle fait partie de ces hauts-fontionnaires qui ont délaissé l’administration pour la politique.

Depuis 2010, conseillère régionale d'opposition, elle se lance aujourd'hui dans la course aux municipales. Revendiquant l'aile centriste de l'UMP, proche de Philippe Séguin, « bernie la matraque » comme l'avaient surnommée les étudiants rennais de la rue de la soif lorsqu’elle était préfète, a fait un parcours brillant dans la haute fonction publique. Il lui reste à construire sa légitimité politique.

Pour la communication, contrairement à Laurent Prunier, le logo de l'ump n'est pas présent sur son site, ni sur son programme. Son site web de campagne reste le plus institutionnel des trois candidats, presque trop parfois : on a l'impression d'arriver sur le site d'une préfecture avec un coin la carte de la Bretagne et la tour Tanguy. Son slogan est on ne peut plus consensuel: "je m'engage avec vous pour Brest"

François Cuillandre est le maire sortant de Brest. Né au Conquet, élu député lors de la législative post dissolution de 1997. Il succède à Pierre Maille à la mairie de Brest en 2001 , mais perd sa place de député en 2002. Ancien inspecteur des impôts et spécialiste de la tva communautaire, François Cuillandre est un maire discret mais consciencieux.

La communication sur son site web comme sur son programme revendique avant tout le bilan et son équipe. Il n'est fait nul part mention de son parcours: l'homme passe après le projet. Son slogan: ensemble, pour Brest, tenons le cap, revendique le choix d'un message à la fois solidaire mais ferme.

Pas de suspense pour le futur maire

Si Brest fut longtemps une ville ouvrière, elle compte aujourd'hui autant de cadres que d'employés. La ville vote massivement à gauche à chaque élection: 63% pour François Hollande lors de l'élection présidentielle de 2012.

L'opposition de droite à Brest est moribonde depuis plus de 30 ans ne favorisant pas forcement le débat démocratique. Cette fois-ci, on aurait pu espérer, vu les candidats, et surtout la candidate, une campagne accrochée, intéressante, argumentée. J'étais la première à me réjouir de la candidature de Madame Malgorn, pour la ville de Brest. Une équipe plutôt intéressante avec mon ancien Professeur de Science Politique Jacques Baguenard.

http://lexilousarko.blog.fr/2010/03/04/cette-magistrature-qui-s-interroge-8116414/

Mais ça c'était avant...C'était avant que le débat et les deux candidats avancent leurs projets respectifs.

Monsieur Baguenard,sur tébéo s'étonne que les immeubles soient vides à Brest justifiant ainsi la désertification de la ville. En même temps si les partisans de Madame Malgorn viennent faire du porte à porte le matin ou l'après-midi, en pleine semaine,comme dans mon immeuble, ils risquent de ne pas trouver grand monde.

Le point d’achoppement, la réelle différence entre les candidats de droite porte sur la question du téléphérique, qui permettra de relier la ville haute à la ville basse.

Monsieur Prunier est pour, validant le choix du maire actuel alors que Madame Malgorn est contre. Cette opposition de la conseillère régionale n'est fondée sur le seul argument du coût, mais la candidate centriste ne propose rien pour solutionner la question de la desserte du plateaux des capucins.

Certes, ce projet a un coût, mais il a l'avantage de répondre à un besoin, et de donner à Brest une image différente, une visibilité internationale avec un je ne sais quoi de Barcelone ou de Funchal.

http://lexilousarko.blog.fr/2012/12/28/vivre-a-madere-15362601/

Au delà cette question, les deux programmes de la droite reprennent les thèmes de l'UMP. La question du sentiment d'insécurité est un des thèmes privilégiés par les deux candidats. Propositions de mettre en place une police municipale et la vidéosurveillance. J'ai déjà dit ici tout le mal de ce dispositif, qui rassure peut être, mais qui ne résout pas le problème de fond, et qui reste extrêmement onéreux pour le contribuable.

http://lexilousarko.blog.fr/2008/04/14/sarkozy-is-spying-you-4044149/

Les deux candidats souhaitent également baisser les impôts en diminuant la train de vie de la mairie et de BMO. Là encore promesses électorales simplistes, sans réels arguments concrets pour la mise en oeuvre de ces propositions.

Sur la cuture, c'est parfois même affligeant. Comme un retour aux faiseurs de culture gaulliste, Monsieur Prunier veut construire une maison des artistes

http://lexilousarko.blog.fr/2008/03/15/la-culture-un-objet-flou-3884369/

Mais, le grand oublié de ces deux programmes reste le développement durable. Les deux candidats dans leur programme respectif prônent le tout voiture en augmentant les places de stationnements.

Sur l'économie locale, pas de grande révolution. On reste cantonné à mer+militaires

Une droite divisée, peu ambitieuse, peu réaliste. Une candidate sans doute qualifiée, mais qui n'a pas su se prévaloir d'un vrai projet politique.

Dommage pour le débat démocratique et la Ville de Brest. La droite brestoise n'est pas pas prête de se réveiller. François Cuillandre a un boulevard devant lui.

Circulez, il n'y a rien à voir!

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