Sur la fertilité féminine, le tabagisme est associé à un allongement du délai de conception -entre 6 mois et 1 an- comparativement à une non-fumeuse. Ceci est d’autant plus marqué que la consommation dépasse 15 cigarettes par jour. Le tabagisme augmente également le risque d’insuffisance ovarienne prématurée (ou ménopause précoce), et il a été montré que les fumeuses sont ménopausées en moyenne 1 à 2 ans plus tôt que les non fumeuses. Le risque de fausse couche spontanée et de grossesse extra-utérine est légèrement augmenté et ce, d’autant plus que la consommation est importante. Au total, se dire que l’on va arrêter de fumer dès que la grossesse aura débuté pour limiter les conséquences du tabac sur le fœtus est une bonne idée, mais pas suffisante. Le sevrage augmente les chances de conception spontanée ou avec aide médicale, et c’est donc dès que le projet de grossesse est envisagé qu’il faut arrêter pour mettre toutes les chances de son côté!
Sur la fertilité masculine, le tabac diminue la qualité du sperme, le nombre de spermatozoïdes de façon significative et allonge le délai de conception. Même si le sperme est normal, le sevrage est bénéfique car un des autres effets démontrés du tabac est une modification des gènes des spermatozoïdes qui altère le développement de l’embryon. Ces perturbations peuvent augmenter le risque de fausse couche, voire même être à l’origine de pathologies à plus long terme pour l’enfant à naitre. Lorsqu'un sevrage tabagique est envisagé, le médecin traitant peut proposer différentes aides. La cigarette électronique est très en vogue et efficace, mais nous ne disposons pas actuellement d'études nous permettant de conclure à son innocuité pendant la grossesse.
Sur la fertilité féminine
Dès le projet d’enfant envisagé, il est aussi essentiel de s’interroger sur sa consommation d’alcool, car celle-ci peut diminuer les chances d’être enceinte. En effet, l’alcool augmente le risque de faire des fausses couches et, à ce jour, les études n’ont pas déterminé quelle quantité d’alcool est sans risque pour l’enfant à naitre. Le principe de précaution est donc au "zéro alcool" pendant la grossesse. Par ailleurs, nous savons que l’alcool passe la barrière du placenta et se retrouve dans le liquide amniotique et le sang du fœtus (à, au moins, même concentration que celle du sang maternel, voire plus). L’alcool présente un danger majeur pour le fœtus.
Sur la fertilité masculine
L’alcool agit de manière négative sur les spermatozoïdes, avec une diminution de leur quantité, de leur mobilité et de leur morphologie. Bien sûr, ces anomalies sont de degré majeur chez les alcooliques chroniques mais peuvent également apparaître pour une consommation modérée. Ces effets sont totalement réversibles dès 3 mois après l’arrêt de la consommation d’alcool. Ainsi, pour les futurs papas, il semble nécessaire de diminuer leur consommation alors que, pour les futures mamans, l’arrêt est fortement conseillé.
L’hypophyse, glande située à la base du cerveau est responsable de la fabrication des hormones qui stimulent les ovaires (ovulations) et les testicules (fabrication des spermatozoïdes). Cette glande est très sensible aux variations pondérales et à l’équilibre nutritionnel. Un poids en excès (surpoids ou obésité), un poids insuffisant (minceur excessive), une variation de poids brutale ainsi qu’un simple déséquilibre alimentaire peuvent avoir des retentissements majeurs sur les chances de procréer. En cas de surpoids
Chez la femme, outre les troubles de l’ovulation, on note un risque accru de fausses couches et de pathologies de la grossesse (hypertension artérielle, diabète) et plus de césariennes.
Chez l’homme, une diminution de la production, de la mobilité, ainsi que des anomalies du matériel génétique des spermatozoïdes ont été décrits. L’augmentation de la chaleur locale testiculaire ainsi qu’une diminution de la fabrication de testostérone sont partiellement en cause.
En cas de minceur excessive, les troubles des cycles, voir une absence de règles (aménorrhée) sont fréquents chez la femme trop mince. En effet, un certain seuil de masse grasse (réserves) est indispensable pour que le corps autorise la survenue d’une grossesse.
L’équilibre alimentaire est capital et les recommandations actuelles sont de privilégier fruits, légumes, poissons, huiles végétales, céréales; éviter graisses animales, viandes grasses, boissons sucrées, alcool (max 1 verre/jour); ne pas prendre des suppléments vitaminiques sans avis médical.
Faire du sport fait du bien: l’activité physique lutte contre le stress, aide à maintenir un poids normal, aide au sevrage tabagique, peut
améliorer la qualité des ovulations et prépare le corps à la grossesse!
Cependant, une activité excessive (sport intensif) non compensée par des apports caloriques adaptés peut nuire clairement aux ovulations chez la femme et à la fabrication de spermatozoïdes chez l’homme. Il faut-aussi souligner le danger que peut comporter l’absorption d’anabolisants et leur effet négatif sur les fonctions de reproduction.
Pour tous les couples désireux de devenir parents une bonne hygiène de vie est capitale pour concevoir rapidement, optimiser leurs chances en cas d’aide médicale à la procréation, avoir une grossesse et un accouchement qui se passent bien et devenir des parents en pleine forme!
Dr Claire Liberatore et Dr Bettina Bstanding, gynécologues