Je suis "bien arrive" à Calzilla , soit même un peu plus loin que je ne l'avais prévu
Mais ce soir, je suis un peu perplexe et ennuyé car je pense que je vais avoir du mal a maintenir la qualité de communication que je souhaite au moins sur les prochains jours de cette Via de la Plata.
En effet, la pluie, très forte c'est vrai mais rien d’invraisemblable non plus, qui s'est abattue sur moi et mon fardeau ce matin a fait rendre l’âme a mon quechua phone, pourtant vendu comme parfaitement etanche, avec lequel je communiquais jusqu’àprésent, notamment après la panne, pour les mêmes raisons, de mon galaxy note le premier jour de ma course. C'est rageant d'autant plus que cet appareil était sensérésisteraisément a ce genre de conditions. Je ne pense pas que ni l'un, ni l'autre de ces appareils puissent retrouver leur fonction d'ici la fin de mon voyage et il ne me reste plus pour communiquer que le blackberry de secours que je tiens dans les mains mais qui ne semble pas fonctionner avec ma carte espagnole et ne reçoit même plus mes mails directement...quand a la mise a jour de mon blog et les belles photos, c'est presque cuit. Je vais essayer de trouver une solution mais avant d'atteindre Merida cela ne me semble pas gagner.
Tout ça pour vous dire qu'outre le fait que je me suis bien trempe aujourd’hui hui je vais sans doute moins pouvoir vous raconter mon aventure ces jours prochains.
Pourtant tout ne va pas si mal pour moi sur cette Via de la Plata. Si la météo pouvait se remettre a un peu plus beau, ça irait même bien. La forme, dont je doutais tout de même un peu après mes mois de janvier et fevrier vraiment fatigues, n'est pas mauvaise du tout. Aujourd’hui j'ai effectue 50 kms assez vallonnes sans fatigue malgre des conditions assez dantesques. C'est donc bon signe et a ce niveau je garde le moral et c'est l'essentiel. Ma route aujourd hui a aussi revêtu des aspects positifs.
Je suis parti relativement tôt, vers 8h30, de mon auberge d'El Real. Le temps de prendre un cafe au lait et une espèce de croissant industriel comme en propose le modeste café du coin, et me voilà parti.
Il pleuviote un peu déjà et le ciel ne dit rien de bon. Après quelques hectomètres en descente, un panneau m indique que je quitte le parc naturel. Je crains donc que le paysage soit moins beau qu'hier. Cependant, je parcours, en marchant d'un très bon pas et en courant de temps a autres, une joli piste bordée de plantations de chênes verts et de pâtures, cernées par de petits murets. Cela reste très bucolique et malgré ce temps de plus en plus maussade, j’apprécie.
Je double quelques pèlerins engonces dans leurs capes de pluie. Pour l'instant, le crachin n'est cependant pas désagréable et la température reste bonne. Je cours en t-shirt. Deux bretons (l'un d'eux porte le drapeau sur son sac, classique) me disent que je ne semble pas craindre trop la pluie. Tant qu'elle reste modeste, c'est vrai. Ces messieurs de Vannes ne sont pas dépayses par la météo, mais aimeraient tout de même quelque chose de plus andalou. Moi aussi, même si ce genre de grands espaces doivent être terribles a marcher par canicule.
Aujourd hui, on en est très loin. Un peu plus loin, alors que le paysage se fait moins plaisant, le chemin jouant a cache-cache avec la route nationale, le crachin se transforme en énorme averse. Je suis vite trempe, malgré ma veste de pluie. Tout, dans mon sac, est dans le même état, comme je le découvrirai a l’étape.
Pour l'heure, je n'ai plus qu'une pensée: avancer. Fini les rêveries, les songes de l'homme presque libre que je me sens parfois être, le plaisir d'itinerer sur le chemin. Je ne suis plus que deux jambes et un sac qui se déplacent comme il peuvent, surtout pour ne pas avoir trop froid.
Je fonce ainsi jusqu a Monasterio ou je m engouffre dans le premier bar pour me rechauffer a l'aide d'un cafe au lait. L’établissementétant exigu et bonde, je file ensuite jusqu a un autre cafe, moins peuple et plus tranquille, pour me restaurer d'un bocadillo au jambon (c'est la specialité locale) et de quelques café au lait supplémentaires. A un euro piece, je me permets d'en prendre trois.
C'est la que mon fameux quechua phone donne ses derniers signaux...
Un peu contrarie par cette deuxième infamie technologique et embêter, aussi, par le coût supplementaire que ces mésaventures vont sans doute me contraindre, je repars a grande foulees a travers une campagne a nouveau agréable.
Je rencontre des troupeaux de moutons, dont certaines brebis sont équipées de grosses cloches sans doute pour ne pas les perdre. Les agneaux sont tous jeunes, tous mignons. La pluie, enfin, a presque cesse.
Je franchis, finalement sans me mouiller davantage les pieds, un gue après lequel on signale mon etape, la ville natale de Zurbaran, a sept kilometres. Cela passe vite en courant bon train, même si mon sac, "courable" mais tout de même un peu lourd, me fait un peu mal au dos.
Une longue ligne droite dans un paysage agricole moins drôle me conduit donc à fuentes. J'y trouve une auberge ouverte mais personne dedans. Le temps de faire le tour de la localité et d'admirer les clochers et leurs nids de cigognes (j'en verrai une belle en plein vol un peu plus loin) et je me decide a continuer plus loin. Deux vieux messieurs m encourage a aller au prochain village, a six kilomètres plus loin. Il ne pleut plus et le vent souffle dans mon dos, alors...
Après ces kilometres dans la plaine, j'atteins donc Calzilla, ou je pense cette fois m' arrêter. Je demande a plusieurs personnes sans trop de succès la direction de l'hotel signalée dans mon guide avant que l’épicier, qui tient le seul commerce ouvert ici, me renseigne.
C'est dans la salle de cette auberge, ou je viens de diner en discutant avec Helmut, un pèlerin allemand, dans la langue de Goethe que je n'ai pas tant oublie que ça, que je termine mon récit, malgré tout, prés du seul poêle de la maison. Il ne fait vraiment pas chaud et la pluie redouble dehors, je crains donc que mon chemin soit encore frais et très arrose demain, mais je verrai bien! Déjà mes vêtements sechent dans la buanderie, je pourrai au moins partir au sec!