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Eternel insatisfait

Publié le 01 avril 2014 par Thescientist @singlexperiment

insatisfait jamais satisfaitAmi lecteur, j’ai sondé de mémoire les abysses de ce blog et m’est revenu à l’esprit un témoignage intéressant sur un sujet délicat que je souhaite aborder pour toi aujourd’hui. Souviens-toi de l’article génial vouloir ce que l’on n’a pas, il jetait déjà le premier pavé dans la marre quant à la propension de certains êtres humains à ne pas être en mesure de se satisfaire de leur condition (les relous). Cet article s’adresse à ceux et celles qui se sentent malheureux ou insatisfaits dans leur vie amoureuse ou leur célibat. Et si, finalement, nous n’étions que d’éternels insatisfaits ? Par « nous » je veux dire « toi » ami lecteur en souffrance, moi ça va.

Insatisfait quand on est célibataire

Ami lecteur, tu es célibataire. Tu t’es convaincu que ta situation n’est qu’un « en attendant ». Que « un jour » tu rencontreras « le bon » ou « la bonne », celui ou celle avec qui tu voudras faire vœux de monogamie et produire des tas de petits Kevins.

Par conséquent, pour toi, le célibat n’est qu’une situation transitoire entre deux rencontres sérieuses. Comment peux-tu d’ailleurs être attentif à ton bonheur quand tes conditions de vie ne sont que temporaires ?

Tu n’es pas heureux. Mais finalement, pour tout le monde, y compris pour toi, c’est normal. Parce que c’est normal d’être malheureux quand on est seul, et tu t’es probablement persuadé que ce malheur ne sera plus dès lors que tu te seras trouvé une moitié. Naïf que tu es. Tu apprendras que les gens malheureux seuls ne peuvent générer un couple heureux une fois qu’ils sont à deux. Erreur classique de débutant …

C’est vrai que ça n’est peut-être pas la fête de la saucisse-patate tous les jours. En attendant, tu multiplies les rencontres quitte à être parfois mal accompagné. Tu uses des corps des autres comme des consommables. Tu commets quelques erreurs, tu oublies ta solitude dans les bras d’inconnus et s’enivres de quelques nuits torrides jusqu’à l’anesthésie desquelles tu te réveilles parfois avec une cruelle gueule de bois.

Et si par chance tu es heureux, si finalement ta situation te plait, si, en définitif tu en tires une forme de plaisir, sache que le monde, la société, tes amis, ne se gêneront pas pour te rappeler à ta condition peu enviable grâce à quelques réflexions ou remarques spontanées et bien senties dont voici une rapide sélection :

-« hey, je vais te présenter quelqu’un de super pour toi » est une attention louable et à fort potentiel en vérité. Mais caser ses amis est un art subtil, et encore faut-il que tu sois demandeur.
-« On précise la liste des invité … dis-moi tu seras accompagné ou pas ? » … foutu jour heureux de merde.
-« tu es célibataire par choix toi ! » canon comme tu es, être seul est forcément un choix. Car oui, ami lecteur célibataire insatisfait de ta situation, tout le monde s’attend à ce que tu partages la merveillosité de ton être avec un autre être merveilleux … mais non.
-Etre seul n’est pas un état normal, surtout quand « tu as tout pour plaire ».
-« Mais … tu cherches ou pas ? » parce qu’après tout, c’est peut-être aussi un peu de ta faute …
-« Tu as bien trop d’exigences ! Diminue donc tes critères », je n’ai même pas envie de commenter cette dernière remarque.

Ami lecteur, face à tout cela, je ne peux que compatir à ton pauvre sort. Courage.

Finalement, quand tu es célibataire, si tu ne le vis pas mal, ce sont les autres qui le vivent mal pour toi. Et qui, éventuellement, feront que tu finis par mal le vivre également.

Insatisfait quand on est en couple

Ami lecteur, tu es en couple depuis longtemps. Les années passant, tu te retrouves malheureux dans ta vie à deux.

Parfois, les gens changent, grossissent, vieillissent, se mettent à regarder des émissions de télé réalité et toi et ta moitié n’avez plus grand chose en commun finalement, ce sont des choses qui arrivent. L’habitude remplace l’amour. La cohabitation remplace la passion.  Et abandonne dans son sillage opaque les joies et les découvertes des débuts.

Et puis parfois tout va bien. Tu as tout : un emploi stable et sûr, une moitié formidable, des Kévins adorables, un quadrupède de salon affectueux, un splendide petit pavillon en périphérie verdoyante d’une ville dynamique et culturelle qui propose une rétrospective de Tino Rossi tous les ans. Bref, tu as tout pour être heureux, on te dit d’ailleurs que « tu en as de la chance ! », et pourtant. Ton quotidien est tracé, balisé, calibré d’habitudes plates et ennuyeuses à souhait. Alors que tu as travaillé toute ta vie pour arriver à ce résultat, que tu touches enfin le fruit de ta réussite, que tu vis le rêve que tu visais pour but il y a encore quelques années, te voilà prisonnier de la cage que tu t’es toi-même construit. Ô ironie, je crie ton nom.

Parfois tu feras le choix de te mettre en couple par confort, parce que la vie est déjà assez compliquée sans qu’en plus tu aies à en affronter seul les aléas. Tu resteras alors en couple par confort parce que ça reste une solution pratique optimale pour assurer tes besoins dans leur ensemble qu’ils soient physiques, sociaux, pécuniaires, professionnels (c’est bien plus facile de se concentrer sur sa carrière quand on n’a pas à s’occuper du reste), ton envie de fonder une famille, et j’en passe ! Le couple comme moyen et non comme fin est d’une tristesse sans nom, mais tu te réveilleras, peut-être, un beau matin, malheureux.

Parfois tu as pu te tromper de moitié. C’est une possibilité. Il arrive qu’après tout, on ne soit juste pas faits, l’un pour l’autre. Et si ça n’était pas le cas. Est-ce que l’amour ce ne serait pas un peu comme la bouffe ? A trop manger du même plat tous les jours, aussi succulent-soit-il, ne finit-on pas par s’en lasser ? A-t-on besoin de se sentir en danger pour apprécier ce que l’on a ? A-t-on besoin de moins se voir et de se manquer pour s’apprécier ? Dois-t-on souffrir pour aimer ? Est-on vraiment fait pour vivre la petite vie tranquille bien calée dans les rails qu’on s’est soi-même appliqué à boulonner pendant de longues années ? Est-ce que le modèle d’idéal qu’on s’est imposé est bien celui qui nous correspond ?

Je n’ai, bien entendu, aucune réponse pour toi à ces questions. Je ne suis pas devin. Je crois simplement qu’il est important que chacun se les pose régulièrement dans sa vie.

Ami lecteur, tu es le seul à savoir ce que tu veux, à savoir ce qui est bon pour toi, pour ta santé mentale et ton bonheur au long cours. Parfois, je croise des gens malheureux, et je me demande simplement s’ils se sont posé les bonnes questions.


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